samedi 31 octobre 2009

Sweet Pea- Greg Pattillo, Eric Stephenson, Peter Seymour(PROJECT Trio)


Le même flûtiste fou et génial avec deux potes aussi déjantés et talentueux ! Que du bonheur !

Beatboxing Flute "Peter and the Wolf"


Il s'appelle Greg Patillo, et c'est un flûtiste beatboxer, qui joue dans de nombreuses formations de jazz ou en solo. Un vrai phénomène et un remarquable musicien, en plus... Là, Pierre et le Loup de Prokofiev, revue façon jazz et même free jazz ! Etonnant, non ?

Une découverte musicale sympa.




Merci On s'en bat les oreilles pour cette découverte musicale étonnante. Pour d'autres découvertes tout ausi chouettes et de styles divers, allez voir ce blog étonnant réalisé par un jeune homme qui ne craint pas de sortir des sentiers battus à la découvertes d'artistes souvent peu connus et très talentueux, ce dans toutes sortes de styles !
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jeudi 29 octobre 2009

Emmanuel Roudier : « Je voulais aller à l'encontre des idées reçues et rendre justice à nos ancêtres ! » - Actua BD




Faudraug face à un bison, dessin réalisé pour les jeux de rôle Würm et les Héritiers de Ragmar, basés sur l'univers de la saga de BD Vo'hounâ. © Emmanuel Roudier.

En lien ci-dessus, une somptueuse interview de ce talentueux et merveilleux dessinateur que j'ai vraiment hâte de rencontrer à la librairie Album de Bercy le 22 novembre prochain pour une séance de dédicace ! Que du bonheur, et pour les amateurs de beaux dessins, et pour les amateurs de préhistoire, Emmanuel réussissant, en une somptueuse alchimie, l'exact mélange des deux pour des histoires extraordinaires et tout à fait scientifiquement plausibles malgré tout ! Chapeau bas ! Cet homme, je ne le répéterai jamais assez, est un grand maître du 9° art doublé d'un respectable scientifique !
Dessin d'étude pour Laghou, le courageux héros de la série Néandertal, jeune homme boiteux, mais très intelligent et un peu téméraire qui veut venger l'honneur de son clan de la félonie de ses frères dont le détestable Feydda. © Emmanuel Roudier.

Feydda, le méchant le plus réussi qui soit ! © Emmanuel Roudier.

mercredi 28 octobre 2009

Pandémie... Pour les coffres forts et le capital ???



UNE PANDEMIE DE PROFIT
Quels sont les intérêts économiques derrière cette grippe porcine dont on nous rabat les oreilles ?
1 million de personnes par an meurent dans le monde de la MALARIA, qui pourrait être prévenue avec un simple moustiquaire. Les journaux n'en parlent pas!
2 millions d'enfants par an meurent dans le monde de la DIARRHÉE, alors que l'on pourrait l'éviter avec un banal sérum pour 0€25 la dose. Les journaux n'en parlent pas!
10 millions de personnes par an meurent de la ROUGEOLE, PNEUMONIES et INFIRMITÉS, que l'on pourrait guérir avec de simples vaccins. Les journaux n'en parlent pas!
Mais il y a de cela 10 ans, quand la fameuse grippe aviaire est apparue, les journaux mondiaux nous on inondés d'informations à ce sujet... :
Une épidémie, la plus dangereuse de toutes... Une PANDEMIE ! On ne nous parlait que de la terrifiante maladie des volatiles. Et pourtant, la grippe aviaire a causé la mort de quelques 250 personnes en 10 ans... 25 morts par an.
La grippe commune tue un demi-million de personnes par an, dans le monde. Un demi-million contre 25 !
Un moment... Un moment s'il vous plaît !
Alors, pourquoi un tel remue-ménage - un scandale- autour de la grippe Aviaire? Parce que derrière les poulets il y avait un "coq", un coq à grande crête. L'entreprise pharmaceutique internationale ROCHE avec son fameux TAMIFLU vendu à des millions de doses aux pays asiatiques. Bien que l'efficacité du Tamiflu soit douteuse, le gouvernement britannique en a acheté pour 14 millions de doses pour protéger sa population.

Grâce à la grippe aviaire, ROCHE et RELENZA, les deux des plus grosses entreprises pharmaceutiques qui vendent les antiviraux, ont obtenu des millions de dollars de bénéfice ! Alors, en avant les oiseaux et maintenant les porcs ! Eh oui ! Maintenant commence la psychose avec la grippe porcine. Et tous les médias du monde ne parlent que de ça. Et je me demande... Si derrière les poulets il y avait un "Coq"... N'y aurait t'il pas derrière les cochons un "Gros Porc"? L'entreprise nord-américaine Gilead Sciences détient le brevet du Tamiflu. Le principal actionnaire de cette entreprise n'est autre que le sinistre Donald Rumsfeld, secrétaire d'état à la défense de Georges Bush, l'artisan de la guerre contre l'Irak... Les actionnaires des entreprises pharmaceutiques ROCHE et RELENZA doivent se frotter les mains, ils doivent être heureux avec les millions de nouvelles ventes du Tamiflu.
La véritable pandémie est celle de l'argent, les énormes bénéfices de ces mercenaires de la santé !
Je ne nie pas les précautions nécessaires qui sont en train d'être prises par tous les Pays du globe. Mais si la grippe porcine est une pandémie aussi terrible que l'annoncent les médias, si l'OMS se préoccupe tant de cette maladie, pourquoi ne la déclare-t-on pas cette pandémie comme un problème mondial de santé publique ?
Pourquoi ne pas autoriser la fabrication de médicaments génériques pour la combattre ? Se passer momentanément des brevets des entreprises ROCHE et RELENZA, et distribuer les médicaments génériques gratuitement à tous les pays, et plus particulièrement aux pays les plus pauvres. Ne serait-ce pas la meilleure solution ?
Ou alors c'est une farce et aucune menace réelle ne pèse sur le genre humain !!!

Avez-vous remarqué que malgré le très grand risque lié à la prolifération de cette maladie, aucune précaution n'est prise à l'égard des destinations à risques?
Aucun média ne se fait le relais de la prévention ni ne met sérieusement les gens en garde comme le voudrait le bon sens. Demande-t-on aux gens d'éviter de se rendre aux États-Unis? Non !
Que fait-on concrètement pour enrayer le risque de s'engager dans une pandémie? Rien !
Pourquoi? On est inscrit dans un contexte de crise financière ayant entraîné une crise économique. Une des plus grave que l'on ait connu.
Pour détourner l'attention du peuple et sa méfiance, relancer l'économie "florissante" et ultralibérale avec les mêmes personnes qu'avant, il faut une situation de crise visant les personnes dans leur intégrité physique.
On sait tous qu'en temps de crise, les gens se jettent sur les magasins pour faire des stocks de tout et de rien. La preuve, certains font déjà des listes de survie pour affronter la pandémie. On a vu ça avec les différentes guerres au 20ème siècle, les gens vont naturellement acheter plus et font des réserves. Une guerre mondiale ne pouvant être déclarée (logique) rien de tel qu'une bonne pandémie!
N.B: Faites passer se message afin que cette réalité sur cette pandémie soit dévoilée au plus grand nombre.

En conclusion, la seule précaution réellement efficace, si ceci n'est pas un hoax, serait celle présentée en en-tête de cet article ! On ne nous dit pas tout, et on nous prend vraiment pour des cons ! Moralité cette histoire aura quand même du bon : obliger les gens à être plus propres, à ne plus nous cracher leurs miasmes putrides dans le gueule, et à se laver les mains ! Ça déjà, c'est une bonne chose ! Rien que pour ça, continuez à faire peur aux gens, quoique, à force de cirer "Au loup !", plus personne ne risque de vous croire un beau jour en face d'un réel danger... Alors, wait and see. C'est encore la chose la plus sage à faire !

Tu es Mon Autre - GospelMusicBelgium


J'ai toujours trouvé cette chanson très belle, mais ai toujours regretté qu'elle soit chantée (?) par Lara Fabian, grande gueularde devant l'Eternel ! J'ai trouvé une version où elle ne sévissait pas, pour mon plus grand bonheur ! Je la dédie à tous ceux que j'aime, et qui, quelque part, son mes autres !

Dave Brubeck - Take Five - 1966

Mon morceau de jazz préféré !

Beatboxing flute inspector gadget remix

J'adore ça !!! Trop fou, faire du rythme en jouant de la flûte !!!


Toute ma folle jeunesse retrouvée grâce à Mimi ! Téléchat était le triomphe de l'humour absurde mais c'était génial ! Merci Mimi !!! La chose était l'oeuvre de Roland Topor, dessinateur émérite, déjà connu pour son dessin animé magnifique "La Planète Sauvage".

mardi 27 octobre 2009

Du très chouette hard rock mélodique et rythmé !



J'adore, c'est très joli ! De belles guitares, du bon rythme, de la mélodie, des passages doux et d'autres énergiques, que du bonheur et en plus, c'est très recherché, musicalement ! Merci, Fairtilizer !

lundi 26 octobre 2009

YouTube - paf le sarko

YouTube - paf le sarko
Découvert sur Twitter grâce à Aude Baron reporter géniale du site Le Post.fr... Trop drôle !
Pauvre Président de la Raie Publique... Qu'est-ce qû'il prend !!!

Soule (sport) - Wikipédia

Soule (sport) - Wikipédia
Violà un article qui va réjouir les gens du Sud-Ouest et Sébastien Chabal, tiens... L'ancêtre du rugby et du foot, carrément... Ceci en complément d'un article d'Internaaze...

Ça me fait vraiment *****: Apple - Geek Mode

Ça me fait vraiment *****: Apple - Geek Mode
Vous êtes vraiment sûrs de vouloir acheter un Mac et vous hésitez encore à prendre un PC ? Lisez ça avant toute chose, c'est édifiant !
Tinky, qui a décidé d'instruire sont petit monde.
Merci, les gars de Geek Mode, vous êtes super !

dimanche 25 octobre 2009

Rhâ, c'est tout moi, ça !!!

Vous croyez que j'aurais profité du passage à l'heure d'hiver pour faire une belle grande nuit ? Que nenni ! J'ai passé une nuit blanche à relire des vieux articles sur le blog de Mimi ou autres, et à relooker un peu son blog de façon à ce que les couleurs soient plus en adéquation avec l'en-tête qui l'orne.
Il faut dire qu'il y avait de quoi gâcher ma nuit ! Internaaze qui s'est permis à mon endroit des propos fort désobligeants selon moi à propos de ma vidéo et de ma nouvelle apparence, et ensuite, les ennuis de santé de Mimi, qui sont franchement craignos et qu'elle relate ici !
Ben oui, je suis une hypersensible et une susceptible, en sus que d'avoir une très grosse tendance à l'insomnie, et là, le coup de colère que j'avais eu hier soir plus la consternation apportée par l'état de santé de la pauvre Mimi n'ont pas arrangé les choses...
Résultat, j'ai vraiment passé une NUIT BLANCHE à lire, à écouter de la musique au casque, et à ne pas arriver à avoir seulement l'envie de dormir... Je suis une calme, moi, ça fait peur...

samedi 24 octobre 2009

Fractales du soir, espoir 2.

Je continue mes explorations de fractales avec Sterling 2... Et voilà ce que je trouve !

Cristal

Fractvasarelli

Lucky

Mandala

pure

Purplesinusoid

J'adore ce que ça donne. En fait, on obtient des choses totalement inattendues... Et c'est un vrai plaisir renouvelé. En plus, ce qui ne gâche rien, c'est beau !

Tihnky at la webcam.

Bon. comme je sors de chez le coiffeur, je me suis dit que c'était ce soir où jamais que je signais pour Hollywood...

La suite de troisième mitan ?



Où on voit que Sébastien Chabal a l'air d'avoir une superbe migraine, le pauvre ! Il a publié cette photo sur son Twitter... Il a vraiment l'air d'avoir mal !

vendredi 23 octobre 2009

Scottish Fold

Rhô ! Je voulais le publier chez Mimi qui est totalement fondue de chats, et ça a atterri chez moi... Mais que font-ils, chez Blogger ? En tout cas, merci, Aude Baron, pour nous avoir fait découvrir ça sur Twitter !!!

Dur dur, d'être la femme de Polanski...

Pétage de plombs, paraît-il de plus en plus censuré... Alors, profitez-en tant que je peux encore l'avoir sur mon site... Ca ne va pas arranger la carrière de l'un ni de l'autre, ça...


jeudi 22 octobre 2009

Fractales du soir, espoir.

Voici de doux délires géométriques et mathématiques créés avec un logiciel d'exploration de fractales nommé Sterling 2 (Sterlingwar 2) qui est un logiciel libre et donc gratuit. Je me suis bien amusée à créer des trucs avec, et à les retraiter pour les couleurs avec Picture It ! 99 et The Gimp. Régalez-vous. J'en ai déjà twitté quelques-unes, mais ceux qui n'ont pas de Twitter ont bien le droit de rêver aussi et d'en profiter. Vous pouvez les télécharger, y'a pas de Hadopi dessus !!!!

Ailleurs2

Ailleurs

Antra1

fractangelli

ufo1

ufo2

Ultimate Vocal Trance (2009) - RaveLinks

Ultimate Vocal Trance (2009) - RaveLinks

Vive l'electro, la trance et la techno ainsi que la dance !!!! J'adore ! Merci Twitter !!!

mercredi 21 octobre 2009

Quelques vieux textes de mon cru.

Vous trouverez grâce à ce lien quelques textes de mon cru que vous pourrez éditer si ça vous chante. Bonne lecture ! Certains ont été inspirés par le dessin animé dont je suis fan absolue Code Lyoko, auquel se mêle l'univers de notre saga à Mimi et moi, et Feydda le Rusé est un hommage respectueux à Emmanuel Roudier et à l'univers qu'il a créé à travers sa saga de BD Néandertal.
Régalez-vous !

Avec l'aimable autorisation d'Emmanuel Roudier, suite.

Voici donc la suite des avatars du méchant de la saga Néandertal d'Emmanuel Roudier qui reçoit là la leçon de sa vie...

Celle-Qui-Sait (suite et fin).

Résumé de l'épisode précédent : Feydda le Rusé, devenu par la terreur et forfaiture le chef du clan de l'Ours de la tribu des Torses Rouges a rencontré le premier être qui ose lui tenir tête sans peur, une cannibale repentie de la tribu des Hommes Sanglants, Haraka la chamane, Celle-Qui-Sait.

Drôle d’alliance !



La fille pressa un point sensible, et la douleur cessa comme par enchantement :
«- D’être cannibale, on apprend des choses passionnantes… Notamment où se situent les points faibles et ceux qui font bien mal ! Alors ? Tu as compris qu’il fallait me fiche la paix, ou je recommence ? susurra-t-elle, aussi engageante qu’une tigresse enragée.
- Bon sang… Même le Grand Ours lui-même ne se bat pas comme ça ! Mais enfin… tenta le pauvre Feydda, se relevant en vacillant, pas vraiment frais et plutôt épouvanté, il faut bien le dire. Pour la première fois de sa vie, il avait été défait, et par une femme, en plus !
- Ce que tu as en force, je l’ai en souplesse et rapidité ! Et c’est la souplesse et la rapidité qui font toute la différence ! Tes frères et toi êtes très forts, en effet, mais vous manquez de la souplesse et de la rapidité qui font les vrais guerriers et les bons chasseurs ! Je suis sûre que vous n’êtes pas des chasseurs bien doués, en prime ! fit-elle, dédaigneuse. Moi, je sais chasser depuis que je sais marcher, ou presque ! Tous les Hommes et les Femmes Sanglants sont des chasseurs terribles, et des pisteurs émérites ! déclara-t-elle, fièrement.
- Eh bien, tu n’as qu’à retourner parmi eux ! feula Feydda qui n’avait pas digéré cette humiliation sans pareille.
- Retourner parmi eux ? Certainement pas ! Leur menu ne me plaît décidément plus, et puis, j’ai le sentiment qu’il va falloir que j’apprenne quelques choses utiles à vos femmes, moi ! En plus, c’est vrai, j’ai besoin de m’établir quelque part… Je vous donnerai un peu de mon savoir en échange… Mais attention, le brun, ne crois pas que c’est arrivé ! Rien ne dit que je resterai longtemps chez toi ! Enfin, on verra bien ! Si tes amis et toi décidez d’être un peu plus courtois et respectueux envers les femmes et de ne plus leur taper dessus, ça ira… Mais si jamais vous persistez, alors là, je crois que j’apprendrais quelques nouvelles recette de cuisine très amusantes à vos compagnes, les gars !».
Feydda était soufflé. Cette fille était une belle insolente, certes, mais surtout, un adversaire redoutable ! Personne dans le Clan de l’Ours ou les autres clans des Torses Rouges ne l’avait vaincu lors des joutes amicales qu’ils faisaient aux rassemblements des clans à chaque main de printemps, et cette fille qui ne faisait même pas sa moitié l’avait rossé encore plus énergiquement que Mulghar quand il avait tenté d’éliminer cet idiot de Gohour !
Il fallait qu’elle leur apprenne son art, ainsi les Torses Rouges ne craindraient plus jamais personne ni aucune bête ! Réfrénant l’envie qu’il avait malgré tout de lui refiler une bonne raclée pour lui apprendre quelle était la place des femmes dans son clan, il fit contre mauvaise fortune bon cœur, et les Torses Rouges regagnèrent leur camp, accompagnés de cette étrange fille aux fort peu rassurants ornements et à la peinture de sang et de nuit…

Une leçon bien méritée !



Quand ils arrivèrent au camp, le vieil Alghar, le Ghoïbu et l’oncle de Feydda les attendait.
«- Ma vision était vraie ! Cette jeune cannibale qui ne veut plus l’être va être celle qui va t’apprendre à être enfin un véritable être humain, et non plus une brute tyrannique, à toi ! apostropha-t-il Feydda, sans aucune crainte.
- Toi, vieux fou, ferme ta grande gueule, sinon, je m’en vais te la faire fermer définitivement ! se fâcha Feydda.
- Certainement pas ! Les Anciens, c’est comme les femmes, ça se respecte, espèce d’insolent ! Ce vieil homme est le sage et la mémoire de ta tribu, tu devrais avoir honte de le traiter ainsi ! dit Haraka, sans crainte, arrêtant de son bras l’intempestive teigne noirâtre.
- Non mais ho, c’est qui, le chef des Torses Rouges ? ? ? se fâcha-t-il, effaré, bousculant Haraka qui en chut, mais qui, dans l’élan, le gratifia d’un coup de pied au plexus qui le plia en deux, lui coupant le souffle, avant de lui en asséner un second sous son menton absent qui l’étendit, inanimé, sur le sol.
- Eh bien, il semblerait que je sois devenue votre chef, là… Me voilà nantie d’un nouveau clan qu’il va falloir que je dégrossisse un peu, semble-t-il ! déclara-t-elle, amusée, avant d’aligner deux claques sur la face camuse de Feydda, histoire de le ranimer.
- Mais… Mais où suis-je ? fit-il, éberlué. Ah non ! Pas toi ! Laisse-moi tranquille, Mauvais Esprit ! fit-il, reconnaissant cette fille redoutable.
- Ah, mais il faudrait savoir ce que tu veux, mon petit Feydda ! Tu m’as toi-même dit, tantôt : « Mon clan manque de femmes, tu seras celle de Feydda du Clan de L’ours des Torses Rouges », s’il m’en souvient ! Je veux bien tenter le coup… Mais attention ! À la moindre parole désagréable et irrespectueuse, au moindre geste déplacé ou à la moindre colère injustifiée à mon égard ou à celui des autres membres de ton clan, je saurai te rappeler les bonnes manières, mon grand ! Tu sais que quand tu ne gueules pas comme un putois et que quand tu ne te comportes pas comme un rhinocéros laineux, tu pourrais presque être plutôt beau gosse ? Finalement, je crois que je vais bien me plaire, par ici, moi ! déclara-t-elle, amusée, dénudant des dents redoutables et éclatantes en un ricanement féroce.
- Mais enfin, c’est le Châtiment des Esprits ! fit Feydda, penaud.
- Ah, mais plus haut tu grimpes dans un arbre, mieux on voit tes fesses et plus dure sera la chute, mon vieux ! déclara-t-elle, ironique. Surtout quand on sait comment tu y es arrivé ! Veux-tu que tout le clan découvre que la mort de ton cher père n’est pas vraiment accidentelle et que celle de ton frère aîné l’est encore moins ? Comment je le sais ? Les Esprits me parlent, jeune sot, tout comme à ce pauvre vieil homme que tu voulais molester ! déclara-t-elle, froidement.
- Mais enfin… Comment le sais-tu ? Tu connais Laghou, cette vermine boiteuse, n’est-ce pas ?
- Le petit boiteux à tué deux des miens sans aucune crainte ! Il est même d’une folle témérité, ce petit gars-là, et les Esprits le protègent… Je le sais, je l’ai vu ! Je me demandais bien de quel clan il pouvait sortir, celui-là… Et oui… Il te ressemble, même s’il n’a pas ta fourberie ni ta cruauté ! Ce gars est un adversaire respectable, sur lequel il va falloir que tu apprennes à compter, Feydda… Car il deviendra un jour le digne successeur de ton père, et un grand chef ! Bien des clans deviendront ses amis, et bien des tribus aussi. Car il est aussi sage que ton oncle, et il a le cœur pur et généreux, il est courageux, aussi, pour ne pas dire exemplaire ! Quant à toi et tes méprisables frères, vous serez bannis, car il arrivera enfin à faire que justice soit rendue ! Même les clans de loups le suivront ! Et tes frères et toi devrez errer, misérables, sur la face de la Terre, en châtiment de vos méfaits passés ! Le destin pend au-dessus de ta tête retorse, Feydda, comme le contrepoids d’un piège ! Et ce piège est tendu, il n’attend que ta chute pour se refermer sur toi !», déclara la jeune femme, en état second, à la grande terreur de Feydda, de ses frères et de tout le clan éberlué !

Des nouvelles inattendues…



«- Mais ce n’est pas possible ! Il m’empêchera donc toujours de respirer, ce maudit boiteux ? Je l’ai tué, pourtant ! craqua Feydda, pleurant presque !
- Comment ça, tu l’as tué ? hurla une veille femme aux mêmes yeux de glacier que lui, la pauvre Maabh qui n’attendait plus qu’une chose, que la mort vînt enfin la chercher…
- Il revenait… Il y a une lune, à peu près… Il avait le Cristal de Chasse avec lui… Je ne l’ai pas trouvé mort… Ce sont mes frères et moi qui avons tenté de le tuer… Et qui l’avons tué, d’ailleurs ! dit Feydda, de bien mauvaise grâce, mais le destin contraire qui venait de s’opposer à lui lui déliait la langue, parce que, pour la première fois de sa vie, il était glacé par la peur, une peur terrible, insidieuse, redoutable… Cette fille peinte aux bijoux d’os humains et au regard implacable, cette louve enragée faite femme était la messagère des Esprits, c’était sûr, et le fait de n’avoir pas cru en ces Esprits, il allait le cher payer, il en était sûr, à présent !
- Il n’est pas mort… Le Clan de la Lune l’a sauvé… Et ton oncle aussi ! Cet homme sera la gloire des Torses Rouges, quoi que tu en dises et fasses… Il vengera les siens et l’honneur du clan que tu as bien mis à mal par ta forfaiture, Feydda ! Au prochain rassemblement des clans des Torses Rouges, dans quatre doigts de printemps, tu pourrais avoir de très graves problèmes, toi, et tes frères aussi, si ce n’est plus tôt… Alors, en attendant, il ne tient qu’à toi de changer d’attitude et de comprendre le poids de tes actes ! De réfléchir à leurs conséquences ! Si tu avais agi sagement, si tu avais tenté de convaincre les gens en étant simplement gentil et serviable comme l’a été ton pauvre boiteux de frère, tu aurais gagné l’affection des tiens, et même leur respect, sans avoir besoin de tuer pour cela ! Tu aurais gagné ta place légitime. Cela aurait été peut-être plus long, mais ton prestige et ta place auraient été incontestables ! Or, tu as grandi dans la haine et tu as vécu par la haine… Regarde où ça t’a mené ! Tous les tiens jusqu’à présent ne tournaient vers toi que des faces emplies de peur et des regards alarmés ! Mais enfin, Feydda, où as-tu vu qu’on agissait ainsi ? Ce que tu as fait était franchement déloyal et bas ! Monstrueux, même ! Eh bien, puisque les Esprits m’ont mise sur ta route, les Esprits m’aideront à faire en sorte que ton sort soit quand même bien moins pénible que ce qu’il devrait être… Mais tu devras y mettre du tien, aussi, et pas plus tard qu’aujourd’hui ! Regarde-toi ! Tu es fier de toi ? Ta pauvre mère ne vit que dans la peur depuis que tu existes, ou presque, tellement tu as été mauvais avec elle et avec tous, ici ! Mais enfin, Feydda, peut-on savoir au juste ce qui t’est passé par la tête ? Les Esprits t’observent et te jugent… Ils pourront avoir pitié de toi si tu te rachètes ! Alors, explique-nous un peu ce qui t’a pris !».
Et, sur ces propos de Haraka, toujours en transe, Feydda, vraiment terrifié, à présent, osa enfin livrer ses lourds secrets, les mots se heurtant sur ses lèvres, comme pressés de sortir enfin, comme ivres d’une soudaine liberté, comme si ces secrets, finalement, étaient trop lourds à porter…

Les aveux.



«- Je n’aurais jamais cru que les Esprits savaient ce qui était arrivé… Je ne croyais même pas en eux, moi… Et voilà ce qui arrive ! Cette fille qui a mangé de l’homme qui ose me jeter dans la face mes fautes ! Et qui en plus m’a défié et battu tout comme mes frères ! Je dois vraiment être maudit, en effet ! Mais je ne voulais qu’une chose, moi… Avoir ma place parmi vous et qu’on m’aime ! Mulghar m’avait rejeté, tout comme Maabh ! Ils m’avaient confié à un couple qui avait perdu son bébé. Eux, ils m’ont aimé, et je les aimais… Et puis, il y a eu cette chasse au mammouth où mon père adoptif est mort, écrasé. Et peu après, ma mère est morte de chagrin, enfin, elle s’est suicidée de chagrin ! Du coup, il a fallu que j’aille dans le foyer de Mulghar, mon vrai père, et de Maabh, ma vraie mère. Mais ils ne m’aimaient pas. Jamais ils n’ont eu un mot ou un geste de tendresse pour moi, et je n’avais pas ma place parmi eux ! Entre-temps, Maabh, ma mère, avait eu d’autres petits, mais comme elle vieillissait et que ce foutu Gohour la séchait sur pieds, et que moi, j’avais besoin de ma mère aussi, j’ai décidé de prendre sa place… Et je l’ai livré au léopard qui l’a si bien massacré… Je voulais juste qu’on me remarque, juste exister ! Seulement, si j’avais été une simple pierre, on m’aurait sûrement davantage remarqué ! C’était insupportable ! Je passais toutes mes nuits à pleurer, mais personne n’est jamais venu voir ce qui m’arrivait, personne ne voulait écouter ma souffrance ! Et j’avais mal, mal à en mourir ! Je voulais mourir, mais j’ai décidé de voler ce qu’on ne voulait pas me donner, ma place dans le clan, et c’est pour ça que Gohour est défiguré… Après ça, bien évidemment, Mulghar m’a battu et chassé… J’étais assez grand pour savoir tirer ma subsistance des plantes, de la rivière et des bêtes… Du petit gibier, en effet, mais de temps en temps, j’espionnais les chasseurs du clan, et il m’est arrivé de voler des peaux et des réserves, aussi… J’ai alors vu qu’en vieillissant Mulghar n’était plus le bon chef de chasse d’autrefois, et que le clan connaissait de plus en plus souvent la famine. Ça me faisait plaisir, de les voir souffrir de la faim, mais d’un autre côté, s’ils mouraient tous, ça ne m’arrangeait pas… J’avais réussi à creuser des fosses au bout de longues lunes et d’un travail presque incessant, et j’avais capturé des grosses proies… Alors, je suis revenu, et c’est comme ça que j’ai pu avoir enfin ma place, grâce à la nourriture que je ramenais ! Seulement Mulghar, même si j’étais un très bon chasseur, ne m’estimait toujours pas… Alors, j’ai décidé de prendre sa place, histoire de lui apprendre qu’on ne négligeait personne sans en payer le prix un beau jour… J’ai fait exprès de lui monter la tête avec l’histoire du légendaire Olog Hamra, et j’ai, pendant cette terrible chasse, fait exprès pour que mon déplorable orgueilleux et imbécile de père périsse enfin et débarrasse le clan de sa néfaste présence et de son incapacité à chasser sagement ! J’ai poussé Olog Hamra à le piétiner ! Mais il restait un obstacle. Même si j’étais le meilleur chasseur de tout le clan, Mulghar avait décidé que ce serait son aîné, ce cœur de biche de Kozamh qui lui succèderait… Alors oui, peu après la mort de Mulghar, mes frères et moi nous sommes débarrassés de Kozamh et d’Urawq, l’ancien bras droit de mon père… Seulement, seulement, cet abruti de Laghou, cet avorton, avait tout vu ! Il n’a pas su garder sa langue, et nous avons été très vite au courant, mes frères et moi de ce qu’il allait faire… Et quand après presque une lune il est revenu avec cette arme magique, j’ai cru que ma fin était arrivée, alors, nous avons sévi mes frères et moi… Nous avons rossé Laghou, et je lui a pris son Cristal de Chasse… Je suis revenu en racontant qu’on l’avait retrouvé mort et qu’il fallait que le Ghoïbu l’enterre, mais seulement… Seulement, quand nous sommes revenus à l’endroit où il était tombé, il y avait son sang, mais plus de Laghou… Et voilà qu’une lune plus tard, on tombe sur toi,
Femme Sanglante, et que tu révèles à tous ce que j’ai fait, pire, que tu prétends que les Esprits te l’ont dit ! Mais… Mais qu’il soit encore en vie, après ce que nous lui avons mis, ça m’étonnerait ! acheva Feydda, tout le désespoir du monde répandu sur ses traits camards.
- Les Esprits ont pourtant effectivement parlé à cette jeune fille à qui Ikaméki et moi apprendrons notre art ! Je vous ai vus agir, tes frères et toi, Feydda… Et c’est moi qui ai caché Laghou dans un abri proche de l’endroit où il était tombé. Les loups sont ensuite partis, sur mon ordre, prévenir les gens du Clan de la Lune, où il s’était fait des amis… Et ils sont venus le rechercher, avec un Moussu et un gigantesque type peint d’ocre de la tête aux pieds… Il est là-bas, avec eux, et il est en train de guérir ! Et je sais même qu’il va acquérir un savoir immense, car son esprit est vaste et son cœur pur, son âme courageuse, et que c’est un homme doux, paisible et bon, juste aussi ! Et les Esprits aiment les êtres comme lui. C’est pour cela, que tous les Esprits se sont penchés sur lui, malgré sa claudication, depuis qu’il est tout petit. Laghou est un jeune homme remarquable, et parce qu’il est quelqu’un de remarquable, les Esprits le récompenseront. De plus, je sais que les Moussus qui sont restés avec le Clan de la Lune vont tout faire pour sa jambe boiteuse, et il pourra enfin mener la mission qu’il s’est fixée… Laghou abattra Olog Hamra, il sera enfin un grand chasseur, et à même de dénoncer tes méfaits auprès des Anciens de la tribu, mon pauvre Feydda… Tu es finalement plus à plaindre qu’à blâmer, et j’espère bien que le poids de ta conscience te suffira, comme châtiment. Les Esprits en décideront !».
Eh bien ! Après ce sermon du Ghoïbu, pourtant dit d’un ton paisible et doux, Feydda sentit ses yeux lui piquer comme quand il était petit, comme quand il voulait pleurer ! Le Ghoïbu et Haraka l’avaient percé à jour, et effectivement, il y avait comme une grosse pierre en lui, comme une liane qui nouait en permanence son estomac, et ses nuits n’étaient guère paisibles… Sans arrêt il revivait sa terrible enfance, et il revoyait Mulghar et Kozamh, Urawq et tant d’autres qui venaient lui reprocher ses méfaits, sa cruauté, sa bêtise ! Il était arrivé là où il le voulait, certes, mais à quel prix !

Désespoir.



Tout le clan dardait à présent sur Feydda, qui s’était assis brutalement sur une pierre, les coudes sur les genoux et la tête dans les mains, et ses frères à présent tremblants de peur puisqu’ils avaient osé suivre le monstre, un regard rempli de colère, de haine, de rancœur et d’effroi, voire même de dégoût ! Feydda releva une tête congestionnée aux yeux singulièrement brillants, et reprit, d’une voix étranglée :
«- Si je n’avais pas été l’Inattendu, celui qui est toujours de trop, le pou tombé dans la part d’aurochs et le cheveu dans l’infusion, je n’en serais jamais arrivé là ! À chaque fois que je rendais un service, on ne m’a jamais remercié, quand je réussissais à faire quelque chose de bien, on ne m’a jamais félicité, et je le répète, jamais personne ne m’a tendu la main, si ce n’est pour me filer des taloches et des gnons ! Toute cette haine et cette indifférence que vous m’aviez données, je vous les ai rendues ! Et vous êtes étonnés, surpris, épouvantés ? Mais vous l’avez bien mérité ! Ce que j’ai fait est épouvantable, je suis d’accord ! Mais je ne l’aurais jamais fait si, une fois, une seule fois on m’avait dit qu’on était fier de moi, que j’étais quelqu’un d’intéressant et de valable ! Quand on taille mal un silex, il ne faut pas s’étonner s’il vous entaille les doigts par la suite !
Vous croyez que j’ai fait ça par gaîté de cœur ? Bien sûr que non ! Seulement, je n’en pouvais plus, moi, de vous voir ramper devant un homme qui n’était plus capable d’être un chef convenable et qui faisait trembler tout le monde ! J’en avais assez aussi de n’être que le second ! Si on m’avait aimé, jamais, jamais je ne serais devenu comme ça ! Seulement, vous n’avez jamais été bons avec moi ! Vous m’avez toujours rejeté ! Si mes malheureux parents adoptifs avaient survécu, je serais peut-être devenu aussi bon que ce qu’était ce pauvre Kozamh ou le petit Laghou… Mais vous ne m’avez donné que la haine et l’indifférence… Je vous ai rendu ce que vous m’aviez donné, et ne venez pas pleurer, à présent, car quand on laisse des traces de sang, pas étonnant si les fauves vous suivent et finissent par se jeter sur vous pour vous dévorer… Seulement, j’en ai assez ! Je n’en peux plus ! En effet, je mérite la mort pour ce que j’ai fait, et je ne veux plus vivre après ça ! Ça fait des lunes et des lunes que je ne dors pas paisiblement ! Depuis que Mulghar m’a rejeté hors du clan, en fait ! J’aurais dû m’arrêter après avoir défiguré le pauvre Gohour… Oui, j’aurais dû… Seulement, j’avais en moi une colère terrible, parce que ce que vous m’aviez fait avant était vraiment injuste ! Je n’ai pas fait exprès de naître si tôt après Kozamh ! Je ne suis qu’un misérable, c’est vrai… Mais je le suis devenu à cause de vous ! Je n’étais ni meilleur, ni pire que vous, moi, au départ ! Alors, pourquoi ? POURQUOI ?».
Et le malheureux de se dresser d’un bond et de s’enfuir en poussant un rugissement de fauve blessé !
Il courut à perdre haleine pendant presque toute la journée, et quand la nuit tomba, il s’écroula, agité de violents sanglots, loin de tous, dans un bosquet misérable, non loin de la rivière.
Le jeune homme l’ignorait, mais les esprits de Haraka, Ikaméki et Alghar l’avaient suivi dans sa course folle, et ils assistaient, apitoyés, à la chute du colosse, à son désarroi profond, et tant Alghar que Ikaméki reconnaissaient en effet qu’ils auraient dû suppléer à l’absence des parents du pauvre être qui, là, vautré face contre terre, criait tout son désespoir et sa colère face à l’injustice qu’on lui avait faite. Ah, il s’était certes vengé, et quelque part, c’était légitime, mais la vengeance n’assouvissait pas ses remords, et ces derniers l’emportaient… Enfin ! Le cœur de silex du jeune homme s’était brisé, son âme était encore plus meurtrie et lacérée par la peine que la tête de Gohour, et là, il ne voulait vraiment plus vivre.
Or, le Clan de l’Ours des Torses Rouges avait besoin de pourvoyeurs, et tant Feydda que ses idiots de frères en étaient d’excellents !
Seulement, dans son bosquet en pleine nuit, sans un feu, Feydda était une proie rêvée pour un quelconque fauve en goguette… Il était presque nu, et sans armes, et là, allongé sur le sol, il voulait mourir… Peu lui importait, à présent ! Il avait été si mauvais qu’il ne méritait ni l’amour, ni une descendance… Et pourtant, il éprouvait une étrange fascination pour cette drôle de sauvage de Haraka, Haraka qu’il aurait voulu étreindre et caresser, et non pas battre et chasser loin de lui en lui criant après comme cela avait été le cas avec toutes les femmes de son clan, et même sa propre mère !
Dans le refuge élevé du Ghoïbu, les trois chamans qui s’y trouvaient voyaient dans leur esprit ce qui arrivait au désespéré, et Haraka n’y tint plus qui prit des armes et des provisions, deux couvertures, et descendit dans la nuit, vers le bosquet où se trouvait l’imprudent jeune homme bouleversé.
Finalement, le pauvre type n’était pas si redoutable que ça ! Avec quelle facilité sa carapace s’était-elle brisée ! Et qu’avait-elle révélé, une fois brisée ? Un être fragile, vulnérable, qui avait désespérément cherché à être reconnu et apprécié des siens ! C’était terrible, et pitoyable. Et même si elle avait grandi parmi de beaux monstres, Haraka avait tout de même un cœur, et elle n’aimait pas voir souffrir les êtres inutilement ! Elle gagna donc le bosquet où se trouvait Feydda, et arriva juste à temps !
Le jeune homme, le visage ruisselant des larmes qu’il avait voulu verser depuis toutes ces années atroces s’était agenouillé dans une petite clairière éclairée par une lune descendante et ténue, et tenant son couteau de pierre à deux mains, était prêt à se l’enfoncer dans le cœur !
Haraka bondit sur le jeune homme, et d’un coup de pied redoutable, lui fit lâcher son arme !

La femme est l’avenir de l’homme. (Aragon).


«- Feydda ! Arrête ça tout de suite ! Les Esprits n’aiment pas qu’on se donne ou qu’on donne la mort ! Écoute-moi, tu vaux mieux que ça, quoi que tu en dises ! Tu n’es pas un idiot, tu es adroit, tu es un remarquable chasseur, et je le sais à présent, tu n’es pas entièrement mauvais, loin de là, même ! Feydda, il est encore temps pour toi de devenir quelqu’un de bien et de bon ! Je t’y aiderai s’il le faut, ça ne sera pas forcément facile, mais ce bon qui est en toi, je vais t’aider à le trouver et à le montrer, enfin ! Moi, j’ai renoncé à dévorer des gens, ou du moins, à boire leur sang… J’avoue que je le faisais parce que c’étaient les usages des miens, jusqu’à cette atroce vision que j’ai eue il y a une lune… Je ne ferai plus jamais ça, Feydda, parce que ça n’a jamais été moi, ça, je le sais à présent ! Mais toi, tu n’es pas un monstre, tu es juste un homme fragile, qui a énormément souffert, et qui est horriblement malheureux ! Tu l’as toi-même dit, tu n’as connu que haine et indifférence… Et si moi, je t’apprenais à connaître enfin l’amour, et que des mains, c’est aussi fait pour se tendre vers l’autre, le secourir et le caresser, et pas forcément pour tenir des armes et donner des coups ? dit-elle, gentiment, tenant fermement dans ses mains, celles, énormes et velues, de Feydda qui levait vers elle un visage encore trempé de ses larmes.
- Et j’ai l’air de quoi, là, à présent ? À pleurer comme un gamin ou une femme ! fit-il, d’une voix tremblante.
- D’un pauvre type qui a mal, tout simplement. Et c’est normal, que tu souffres ! Personne n’a rien fait jusqu’à présent pour te faire connaître autre chose que la souffrance et le malheur ! Feydda, il est très tard, l’aube n’est pas loin, et cette forêt grouille certainement de fauves prêts à nous dévorer… Trouvons un abri, et après, on verra ! dit la jeune femme.
- Oui… Quel fou je fais ! Je suis parti sans armes et j’aurais bien pu me faire tuer ! Bah, ça n’aurait pas été une grande perte, finalement… Quel gâchis, toute ma vie n’aura été qu’un immense gâchis ! Et je suis un lâche, en plus ! Je m’en suis pris aux faibles au lieu d’affronter directement les obstacles sur ma route, et ceux-là, je les ai eus par traîtrise ! Je me dégoûte, là, si tu veux le savoir ! Haraka, mais pourquoi es-tu venue ? Je n’en vaux vraiment pas la peine, et en plus, tu t’es mise en danger pour moi ! fit-il, consterné, se relevant, et posant ses puissantes mains sur les robustes épaules de la jeune fille.
- J’ai amené des armes, Feydda ! Allez, viens, cherchons un endroit où nous reposer en sécurité avant de revenir dans ton clan !».

Idylle.


Ils marchèrent un peu dans le bosquet, et découvrirent une cabane encore debout, une halte de chasse que Feydda et ses frères avaient dressée quelques jours plus tôt. Le jeune homme, souriant, se mit en devoir de faire un feu à l’aide de deux bouts de bois et d’herbe sèche, ainsi que de broussailles et feuilles mortes qui étaient stockées près d’une des parois de l’abri de branchages.
Quand le feu prit enfin au bout de longues minutes, les deux jeunes gens s’installèrent dans l’abri, prenant des feuilles mortes en guise de matelas. Haraka, avant son départ, avait pris quelques provisions et deux couvertures en peau de renne souples et chaudes. Les deux jeunes gens étendirent l’une des peaux sur le matelas de feuilles, et après s’être allongés, avaient posé la seconde sur eux. Là, trop fatigués par ce qu’ils avaient vécu lors de cette journée bouleversante, ils s’endormirent paisiblement.
Depuis qu’elle avait pris la résolution de ne plus manger de l’humain, Haraka était paisible, apaisée… Feydda, de son côté, se posait bien des questions, et il était vraiment inquiet quant à son devenir… Il avait franchi un terrible pas, mais finalement, il se sentait soulagé. Comme lavé de l’intérieur de toutes ces horreurs qui avaient entaché ces derniers printemps… Yeux grands ouverts dans l’obscurité de leur petit abri où on pouvait entr’apercevoir le ciel entre certains branchages, un ciel qui pâlissait à l’orient, d’ailleurs, il réfléchissait.
Toute la tribu allait sûrement le rejeter pour ce qu’il avait fait. Peut-être même le tuerait-on. Mais qu’importait, à présent ! Il les avait fait payer, et il leur avait dit leur fait. Et il avait à ses côtés un être tendre et aimant, même si au départ cette jeune fille était sortie d’une tribu rien moins que recommandable !
Finalement, tout bien réfléchi, il n’était pas plus recommandable qu’elle, et si elle n’avait pas choisi de vivre et naître parmi des cannibales, elle avait pourtant fini par suivre une autre piste, plus juste, alors que lui, il avait vraiment choisi une piste mauvaise et néfaste, alors que son clan, au départ, était plutôt un clan paisible.
Mais elle était arrivée, et elle lui avait dit qu’il était encore temps qu’il change de route, qu’il pouvait toujours racheter ses fautes et ses erreurs, même si ce n’était que pour un temps très bref. Et parce que pour une fois quelqu’un lui faisait confiance et lui apportait l’espoir, enfin, il s’y raccrocha, comme quelqu’un emporté par un torrent furieux se raccroche à un tronc d’arbre pour ne pas se noyer !
Et cet être étonnant et finalement merveilleux était étendu à ses côtés, endormi, son souffle léger et presque imperceptible glissait, comme une douce brise printanière sur son propre visage, et il tendit la main pour effleurer, doucement, son visage peint qui, dans la nuit, était presque invisible.
Sous le léger effleurement, elle eut un petit grognement, et se lova contre lui, avec un soupir heureux. Le jeune homme était tout ému, bouleversé, même. Il avait bien de temps en temps eu des partenaires lors des rassemblements de la tribu, mais jamais il n’avait trouvé celle avec qui il voulait passer de nombreux printemps, et Haraka semblait être, enfin, celle-là ! Souriant dans la nuit, il se demandait, amusé, quelles devaient être les vraies couleurs de la jeune fille, et il noua ses bras musculeux autour d’elle, lui composant un nid de chaleur rassurant et doux.
Il s’endormit enfin, étonné, et paisible. Pour la première fois depuis des lunes, il dormit, serein et apaisé. Aux côtés de Haraka, il se sentait invulnérable, invincible, et finalement, peu inquiet pour son avenir ! Le feu qui brûlait dans le foyer leur garantirait quelques heures de sommeil paisible et sûr, et ils s’éveillèrent quand il fut presque mort, alors que le soleil était bien haut dans le ciel.
Là, ils partagèrent les provisions que Haraka avait amenées, et ensuite, ils se rafraîchirent dans la rivière, se baignant en riant sous le ciel d’un bleu pur, alors que soufflait un vent assez froid, qui annonçait l’hiver qui avançait à grands pas glacés.
Mais comme tous les hommes de l’époque, ils étaient endurcis depuis leur plus jeune âge, et ils étaient bien moins sensibles au froid que les hommes qui leur succèderaient dans des générations de là. Et là, dans l’eau claire de cette rivière profonde, Haraka perdit sa peinture, et révéla dans le soleil très lumineux de cette fin d’automne, une peau ivoirine, de longs cheveux d’un roux ardent, et des yeux d’un vert intense, malicieux, qui, jusque là ressortaient, étincelants et hypnotiques, sur la peinture de manganèse qui ombrait ses grandes orbites circulaires. Et là, Feydda la voyait, magnifique et robuste, souple et gracieuse, et il était complètement séduit. Il en était figé d’admiration, et il détaillait, enflammé, les seins jeunes et fermes, ronds et hauts perchés, les taches de rousseur qui parsemaient sa peau si claire, sa taille fine et ses belles hanches rondes. Elle était bâtie comme toutes les femmes de sa sorte, en puissance et en robustesse, et sous sa peau claire couraient des muscles redoutables, mais elle était, comme le monde qui l’avait vue naître, magnifique et sauvage.
Au bout d’un moment, elle remarqua la mine éberluée et ravie du jeune homme, et elle se tourna vers lui, amusée :
«- Hé ! Reviens-en ! Ma parole, on dirait que tu n’as jamais vu de femme à ce jour ! rit-elle.
- Des comme toi, ça, jamais, en effet ! Tes peintures gâchaient tout, parce que tu es vraiment superbe. J’avais bien vu que tu étais bien faite et que tu avais des yeux magnifiques mais tes vraies couleurs sont très jolies aussi, et des femmes avec des cheveux de ta couleur, il n’y en a pas beaucoup parmi les Torses Rouges, même s’il y a des blonds parmi nous.
On dirait que l’eau de la rivière, les braises du foyer et la blancheur de la neige se sont unies pour te faire, à toi ! Haraka, je ne sais pas comment te dire ça, mais… fit-il, ému.
- Feydda, j’ai hérité des savoirs des mères de mes mères et de leurs souvenirs lors de mon initiation… Je sais comment une femme et un homme s’unissent… Mais ça ne m’est jamais encore arrivé ! Et j’avoue que j’ai un peu peur ! dit-elle, timidement, rougissant sous le regard fiévreux de Feydda.
- Euh, eh bien… C’est un grand honneur que tu me ferais si tu voulais bien que ce soit moi qui te fasse découvrir cela. Et en plus, j’ai vraiment envie de te le faire découvrir, parce que tu me plais vraiment beaucoup et que je crois bien que tu seras réellement ma compagne ! Mais une jeune fille, ça se traite avec douceur et délicatesse, et jusqu’à présent, j’ai toujours été tout ce que tu voudras sauf doux et délicat ! Et pourtant, j’ai vraiment envie de toi, Haraka, mais j’ai peur de ne pas être à la hauteur de tes espérances et de m’y prendre comme un butor ! Or, je ne veux plus être un butor, une brute, parce que tu ne le mérites pas, loin de là ! Haraka, je… ».
Il n’eut pas le temps de dire grand chose de plus que les lèvres pulpeuses de la jeunes femme se pressaient contre les siennes, et que ses bras musclés se nouaient autour de son cou puissant… Il la saisit doucement par les hanches, et là, il la prit, debout dans la rivière qui n’était pourtant pas chaude, et le temps cessa d’exister pour eux !
Il y allait avec émotion et douceur, et pour la première fois de sa vie il ressentit un plaisir inégalé… Quant à Haraka, de son côté, eh bien, elle avait l’air de bien aimer ce qui lui arrivait, parce qu’elle ne le lâchait pas non plus, se raccrochant à lui avec une énergie renouvelée, et s’appuyant sur ses hanches de ses pieds et de ses jambes, nouée autour de lui comme un lierre autour d’un chêne !
Il remonta sur la berge, avec, toujours nouée autour de lui la jeune femme, et là, ils tombèrent, en riant, dans l’herbe encore blanche de gelée, pour une nouvelle étreinte plus passionnée, plus tendre et douce encore !
Au bout d’un long moment, ils se séparèrent enfin, épuisés et anéantis d’un bonheur inattendu et inégalable.
Feydda était littéralement transfiguré par ce qu’il vivait, et la jeune femme à ses côtés, si pâle et si belle, devint la chose la plus précieuse de toute sa vie. Et même sa vie, tout simplement.
Ils se relevèrent enfin, rentrèrent dans l’abri de branchages, remirent leurs succincts vêtements, et Haraka sortit de sa besace deux crayons épais de pigment… L’un d’ocre rouge et l’autre de manganèse. Elle allait refaire ses peintures, mais Feydda la retint doucement ;
«- Tu as suivi une nouvelle piste. Et sous le sang et les ténèbres de ces couleurs se cachait une lumière de toute beauté ! Alors, montre cette lumière de toute beauté au monde, Haraka, parce que le monde doit voir combien tu es belle et extraordinaire ! Et que tes vraies couleurs soient la lumière qui éclaire cette nouvelle piste que tu as choisie ! dit-il, souriant tendrement, ce qui le rendait très beau.
- Et si tu suivais la même piste que moi, Feydda ? proposa-t-elle, souriante, ce qui la rendait très jolie.
- Tu es d’accord pour devenir ma compagne ? fit-il, étonné et ravi.
- Eh bien oui !».
Alors, tous deux, main dans la main, revinrent au camp du Clan de l’Ours des Torses Rouges. Les fétiches des cannibales dormiraient à jamais au fond de la besace de Haraka, car s’ils étaient puissants et sacrés, ils n’en étaient pas moins terrifiants, et Haraka ne voulait plus faire peur ou faire du mal à quiconque.
Ils rentrèrent au crépuscule, alors que tout le monde les croyait morts, et chacun nota, étonné, que Feydda était littéralement transformé ! Et tous avaient de la peine à reconnaître, en la belle jeune créature qui l’accompagnait l’horrible cannibale de la veille. Le jeune homme ne houspilla personne en rentrant, et même, le soir, à la veillée, il prit la parole, lui qui était si sombre et taciturne d’ordinaire.

Les bonnes résolutions de Feydda.


«- Vous tous, je tiens à vous présenter mes excuses, surtout vous, Mère et Kushti, et vous, mes pauvres frères, surtout toi, Gohour ! Je réalise à présent que si je pouvais donner mon âme pour que tu récupères enfin figure humaine, je le ferais ! J’ai gâché toute ta vie, pauvre de toi, et je suis vraiment désolé ! Quant à toi, Mère, j’ai enfin compris que ta vie n’avait pas été facile non plus, et que tu n’avais pas probablement eu d’autre choix que m’abandonner plus ou moins ! Je t’en ai voulu pour de mauvaises raisons, et j’ai causé ton désespoir ! Je suis vraiment désolé de ce que j’ai fait, et je le regrette sincèrement ! Je tenterai d’être un bon chef de chasse, désormais, et surtout, d’être un bon fils ! Et c’est grâce à Haraka, si j’ai enfin compris tout cela ! Haraka, que je veux pour compagne !
- Mais, fils, elle a tué des gens pour boire leur sang et manger leur chair ! dit Maabh, horrifiée, craignant, avec une telle bru, de finir transformée en victuailles quelconques…
- Oui, et moi j’ai tué ton époux et ton aîné, mon père et mon frère… C’est bien plus horrible encore ! Et je suis prêt enfin à subir le sort que les anciens de la tribu décideront pour moi ! Mais en attendant, c’est avec elle que je veux vivre, dit-il, en entourant doucement les épaules blanches et douces de Haraka de son bras énorme, devenu là tendre et affectueux, en baissant sur celle qui était devenue sa compagne, un regard aimable en souriant.
- Mais enfin, par les Esprits, tu as bien changé, toi, en une nuit ! fit Huor, éberlué, de sa voix rauque et rugissante, et tout ça, à cause de cette femelle !
- Ma femme, Huor, n’est pas une femelle, c’est la compagne avec qui j’aurai des enfants et avec qui je veux passer le reste de ma vie ! Et tu apprendras qu’elle mérite le respect ! Comme toutes les autres femmes, d’ailleurs, et c’est pour ça que j’ai présenté des excuses au clan ! dit Feydda, fermement.
- Mais tu es envoûté, ma parole ! fit le grand Huor, effaré.
- Non, Huor. J’ai découvert enfin qu’il ne fallait pas agir avec haine mais avec amour et que si la haine détruit, l’amour construit ! Même si je risque de mourir bientôt, je n’ai plus peur à présent, car je sais qu’avec elle à mes côtés, eh bien, j’apprends enfin à être un homme digne de ce nom et non pas une brute épaisse ! Nous resterons ensemble le temps que durera notre amour, et s’il dure longtemps, tant mieux, mais surtout, Haraka m’a révélé à moi-même, et elle m’a guéri de mes démons… Oui, elle m’a guéri, et je ne suis plus le Feydda d’autrefois ! J’accepterai le châtiment que les Anciens décideront pour moi, et mes frères sans peur. Parce qu’avant, j’aurai connu quelque chose de merveilleux, et c’est elle qui me l’a apporté ! Elle m’a offert ce que je n’avais jamais eu, l’amour, la vie ! Alors, à présent, il peut bien arriver n’importe quoi, je n’ai pas peur, je n’ai plus peur !».
Ils restèrent ensemble durant tout l’hiver, un hiver pourtant long et rude, mais pour elle et lui, il passa comme un souffle, et au printemps, Haraka dit, gentiment, à Feydda :
«- Mon aimé, il va falloir que tu fasses face à ton destin. Si les tiens te tuent, j’en serai très malheureuse. S’ils te bannissent simplement, sache que je t’attendrai et que je serai là pour toi ! Moi, je dois continuer ma route pour expier tous les crimes des miens, le Ghoïbu et Ikaméki ont respecté ma décision et ils m’ont offert des fétiches protecteurs pour cela, après avoir enterré pieusement ceux qui venaient de mon peuple, les restes de mes ancêtres dont les âmes sont à présent en paix, je le sais. À bientôt, Feydda, sache que je t’aime, et que je t’aimerai toujours !».
Le brun jeune homme la regarda partir, souriant et songeur. Il n’avait pas le droit de la retenir, il le savait, les Esprits guidaient ses pas, et un mortel ne peut s’opposer aux Esprits, mais il savait qu’il la retrouverait un jour, dans ce monde ou dans l’autre.
Et là, il allait devoir affronter son destin et expier ses crimes. Mais il était serein, malgré tout.

mardi 20 octobre 2009

Avec l'aimable autorisation d'Emmanuel Roudier.

Espèce de préface - si je puis me permettre !- explicative.

Voici une fanfic inspirée par le méchant de la saga de BD remarquable d'Emmanuel Roudier, Néandertal, Feydda le Rusé. Une autre fanfic, qui ne sort pas du cadre de l'histoire a déjà été publiée sur son site, mais celle-là dérive un peu trop de l'évolution qu'il voulait donner à son personnage, alors il m'a permis de la publier ici. Voici d'ailleurs ce qu'il m'en a dit et ma réponse :
Waouh ! qu'est-ce qu'il prend, Feydda ! Tu lui fais faire les montagnes russes ! blague à part j'ai trouvé ton histoire bien tournée, une fois encore, et on se dit que ça pourrait faire une prémice à une histoire plus complète. Il y a un truc qui est bizarre dans ta façon d'écrire, c'est que tes passage narratifs sont très bien écrits, parfois âpres, parfois poétiques, toujours bien rythmés, mais tes dialogues sont toujours à la limite du burlesque... Des fois ça fait un peu comme si les bronzés jouaient dans la Guerre du Feu, c'est étrange. En tous cas ta femme sanglante qui fait du kung fu est un personnage sympathique et il y a dans ton texte de très jolis passages. Pour le coup, je ne vais pas le publier sur le blog parce que la direction que prend ton récit est vraiment très éloignée de celle que je vais prendre moi-même, et je ne voudrais pas que ta nouvelle influe, d'une certaine manière, sur la perception qu'auront les lecteurs de Feydda dans le tome 3 ! Mais je te remercie de m'avoir envoyé ce texte et si tu souhaites le publier sur ton blog, bi maille guaiste, chère Tinky !
Amicalement
Et j'apprécie ce courrier, car il me permettra d'améliorer mon style au niveau des dialogues... En effet, j'ai un peu trop tendance à écrire les conversations comme je parle moi-même et mon franc-parler de personne du Sud-Ouest donne aux dialogues effectivement un côté assez peu en adéquation avec un récit sérieux. Mais voici ma réponse :
Salut, Manu !
D'accord ! Merci pour ton appréciation ! En fait, mes dialogues, j'avoue, pèchent un peu, parce qu'en fait, je trouvais assez fou que ce pauvre type mal barré de Feydda se retrouve retourné comme ça !
Et j'ai voulu un peu dédramatiser la chose, aussi ! Mais il est vrai que le pauvre gars, je ne l'arrange pas vraiment... Mais je n'arrive pas à le trouver complètement mauvais non plus. Aurais-je loupé une vocation de psy, d'avocate ou d'assistante sociale ?
Pour moi, il me semble que ces gens avaient tout comme nous des personnalités complexes, et que certains d'entre-eux, dont le pauvre Feydda, pouvaient être de grands tourmentés ! Nos propres Néanderthaliens, à Mimi et moi ont souvent de grandes tempêtes sour leurs crânes épais et fuyants ! Et nous les avons imaginés aussi largement allumés que leurs successeurs ! Mais dotés aussi d'un solide sens de l'humour, pensant que l'humour sauvait des pires situations, et qu'avec de la bonne humeur, on pouvait faire face à bien des choses !
Pourrais-je publier la chose en incluant ta lettre et ma réponse en introduction ? A mon avis, ça va en amuser plus d'un ! Disons que c'est une fanfiction déjantée. Mais je crois sincèrement qu'on peut sauver les pires situations avec de la compréhension et de l'amour, c'est un peu ce que je voulais exprimer à travers cette histoire.
Ravie qu'ele t'ait plu, et à bientôt !
Alors, voici le début de l'histoire où Feydda le Rusé connaît la rédemption grâce à l'amour !

Celle-Qui-Sait.



Vision.


La vieille femme se tenait, bien droite et digne, et la regardait de ses yeux étincelants, elle, Haraka du Clan de l’Aigle des Hommes Sanglants… La vieille Moussue qui détenait les secrets des médications les plus remarquables et un pouvoir énorme de guérison était morte dévorée par tout son clan, mais les malades n’étaient pas guéris pour autant, quant aux secrets de la vieille femme, rien n’avait transparu dans son esprit depuis que tous l’avaient mangée… Et là, elle revenait, ricanante, se gausser à grand bruit d’elle et de son peuple… Et on ne pouvait rien faire contre ça, elle était morte, et on ne pouvait tuer quelqu’un de déjà mort ! ! !
Mais les visions horribles continuèrent… La vieille femme avait attrapé sa main avec une force redoutable, d’une patte griffue inamovible, et l’entraînait dans le Territoire des Esprits ! Les Esprits en bas, du Monde Inférieur, toujours plus bas ! ! !
Et là, elle découvrit l’horreur… Tous les Hommes Sanglants, morts pour s’être sacrifiés volontairement à la survie des autres qui les avaient mangés pour acquérir leur puissance et leurs qualités, étaient là, soumis à des tortures abominables, dépecés sans cesse, car leurs corps se recomposaient sans arrêt et se recollaient, ce qui faisait que cette destruction recommençait encore et encore… Le pire, dans tout ceci, ce fut le message qu’ils lui transmirent :
«- Nous nous sommes trompés ! Cela fait des lunes et des lunes, des printemps et des printemps que nous nous trompons ! Les vertus de ceux que nous dévorons ne nous rendent pas plus forts ou plus intelligents… Ils n’accroissent pas notre prestige non plus… Vois, les Mauvais Esprits nous condamnent à vivre et revivre dans notre chair leurs supplices pour toujours ! Jamais nous n’irons dans les Territoires de Chasse des Grands Ancêtres sous l’égide du Grand Ours, de la Lune et de la Terre Mère ! Nous sommes coincés ici à tout jamais, et nous ne renaîtrons jamais, nous n’aurons jamais de seconde chance ! Réveille-toi, et va dire aux tiens qu’ils se trompent, que nous nous sommes affreusement trompés depuis des saisons et des saisons ! Allez, va !».
Haraka, horrifiée, échappa de la serre qu’était la main de la vieille chamane qui l’avait entraînée si bas… Et qui d’ailleurs s’était transformée en chouette et s’envolait à présent, bien loin au-dessus de ce monde infernal et horrible !
Il fallait qu’elle s’échappe de là ! Vite !
Et la proie d’une terreur sans nom, Haraka donna un grand coup de pied sur le sol, comme quand on veut remonter à la surface d’un lac ou d’une rivière profonde… Et elle s’envola loin de ce monde des Esprits Inférieurs, et revint sur le plan des simples mortels !
Son propre hurlement de terreur pure la réveilla… L’œil lumineux de la pleine lune l’accueillit, éblouissant, via le trou de fumée de la tente minable qu’elle habitait, à quelque distance de la tente des hommes et de celle des femmes.
Elle était la seule des Hommes Sanglants à être peinte de rouge et de noir, au couleurs du sang et de la nuit. Et elle était la seule aussi, à cause de ses dons de chaman, à n’avoir pas le droit de manger de la chair humaine, même si elle pouvait boire le sang des sacrifiés…
Le sang qui était censé contenir tous leurs pouvoirs et leur savoir… Oui, eh bien, elle était bien avancée, maintenant ! La vieille chamane de la tribu des Mousses savait le secret de la potion qui pourrait les guérir de la maladie qui avait déjà emporté la moitié du clan… Oui, mais ils l’avaient tuée avant de le lui demander, de toute façon, elle ne l’aurait sûrement pas donné, et malgré l’ingestion de sa chair et de son sang, son savoir secret n’était en rien entré dans les gens de la tribu, et encore moins en elle ! Et ce cauchemar horrible qu’elle avait fait, cette nuit ? Elle en frissonnait encore, dans ses fourrures, en attendant l’aube qui semblait ne jamais devoir arriver. Elle avait trop peur de se rendormir… Depuis que le Moussu était venu les attaquer pour délivrer les femmes de son peuple avec cet homme peint du sang de la terre comme elle, et une femme de nuit, tout comme un individu d’origine indéterminée et boiteux… Elle avait vu l’attaque de son refuge, mais avait préféré ne pas s’en mêler, elle pensait que les hommes du clan étaient suffisamment forts et nombreux pour les massacrer…Et les étrangers en avaient tué plusieurs ! Ainsi que trois femmes !

Aube.


Sitôt le jour levé, elle se lava hâtivement, refit sa peinture corporelle, remit ses bijoux et son pagne, et alla voir le chef du clan, son père. Elle lui expliqua sa vision de la nuit, et son père se fâcha, la menaçant de mort si elle osait à nouveau proférer de telles insanités, professer une telle hérésie… Oui, mais avec ce qu’elle avait appris cette nuit, elle ne pouvait plus rester dans ce clan… Si elle parlait, elle risquait sa vie, désormais, elle le savait, alors, elle prétexta la nécessité de ramasser quelques simples pour ses potions et une retraite méditative afin de pouvoir s’éloigner du clan sans attirer l’attention et en emportant quelques affaires et une bonne couverture.

Rencontre.



Elle s’éloigna vers le Sud. et marcha de longues journées sans voir quiconque. Et alors qu’elle voyait une maigre forêt à l’horizon, elle se retrouva encerclée par des chasseurs fort peu avenants, dont trois grandes brutes ricanantes à l’air mauvais. Celui qui les menait avait les cheveux en queue au sommet de son crâne long et bas, et des yeux pâles comme la glace hivernale et tout aussi froids.
Le second avait une crinière de lion, dotée de la couleur fauve du félin, et il rugissait au lieu de parler, quant au troisième, il était épouvantable ! Toute la moitié de sa tête était couturée d’abominables cicatrices, et il n’avait pas de cheveux sur cette moitié-là pour cacher un tant soit peu le désastre… Un peu en arrière venaient un autre chasseur, aussi brun que le meneur, et avec, comme lui, les cheveux attachés, ainsi qu’un tout jeune homme qui n’avait presque pas de barbe.
Mais le chef du groupe s’exclama à sa vue :
«- Tiens donc ! Qu’est-ce que c’est que ça, encore ? Tu as des bijoux d’un goût bien contestable, la Rouge ! d’un ton doucereux mais indiciblement féroce.
- Je suis Haraka, Celle-Qui-Sait ! Je suis du Clan de L’Aigle des Hommes Sanglants ! dit-elle, fièrement, fixant sans ciller l’homme.
- Les Hommes Sanglants ? Qu’est-ce que cela, encore ? Vous êtes la tribu qui fabrique les Cristaux de Chasse ? demanda l’homme, se penchant vers elle, fort peu rassurant.
- Mon Clan n’est pas celui-là. Celui des Cristaux de Chasse, c’est le Clan de la Lune, et ils sont nos plus terribles ennemis. Les Hommes Sanglants vivent sur le territoire voisin du leur, et à côté aussi de celui des Hommes Moussus, vers le Pays Sans Soleil ! dit-elle, désignant le Nord.
- Les Hommes Sanglants… À voir tes bijoux, je comprends pourquoi… Vous mangez les hommes, chez toi ? Eh bien, réponds ! fit-il, la saisissant entre ses grandes mains et la secouant rudement.
- Oui. Mais j’ai eu une vision… Mes Ancêtres m’ont dit que ce n’était pas bien de manger de la chair humaine… J’ai bien tenté de l’expliquer à mon père, le chef du Clan de l’Aigle, mais il m’a menacée de mort si j’osais dire une telle chose ! Alors, je me suis enfuie. Je ne peux plus vivre avec des gens qui font des choses horribles… Choses horribles que j’ai faites, moi aussi… Je veux juste traverser ce territoire en paix, je ne veux rien de plus ! fit-elle, tentant d’échapper à la poigne de l’inconnu.
- Ah mais non ! Mon clan manque de femmes. Tu tombes à pic, toi ! Tu n’es pas mal faite, tu n’as pas l’air bien vieux, et il me faut une compagne ! Tu appartiendras au Clan de l’Ours des Torses Rouges ! Je suis Feydda, fils de Mulghar et de Maabh, et je suis le chef de mon clan ! Alors ? Est-ce que tu veux bien devenir ma compagne ? insista Feydda.
- Mais… Mais enfin, non ! Je ne te connais pas ! fit-elle, soudain épouvantée.
- Eh bien, tu apprendras à me connaître, mais d’abord, tu vas me faire le plaisir d’enlever ces horreurs de bijoux et cette peinture affreuse ! Tu ferais presque peur, ma parole ! J’ai faille te passer ma lance en travers du corps ! dit Feydda, ironique.
- Ce sont les os des mères de mes mères, les chamanes qui m’ont précédée, et ils ont des pouvoirs ! Et en plus, je ne peux pas les rejeter comme ça… Ils sont sacrés ! protesta Haraka, se dégageant de la poigne rude de l’homme.
- Si les miens te voient arriver avec ça, ce sont tes os qui rejoindront ceux que tu portes, après que les hyènes et les vautours t’auront dévorée, femme ! Chez moi, on ne mange pas l’autre, non mais des fois, même si nous ne sommes pas forcément des tendres par ailleurs ! Non mais regarde-toi ! Je me demande bien quelles sont tes vraies couleurs, au départ, à toi ! Cette peinture ne t’arrange pas non plus ! Allez, va te décrasser dans cette rivière, là, et enlève-moi ça, tu pues pire que charogne, ma fille ! Une hyène te prendrait pour compagne, avec l’odeur que tu dégages ! déclara Feydda, méprisant mais néanmoins intéressé par cette étrange fille.
- Ce sont les couleurs sacrées du sang de la terre et de la nuit ! protesta Haraka.
- Certes. Et alors ? Tu peux néanmoins ne les porter que lors de certains moments, ou cérémonies, pas en permanence ! Ça gâche ! déclara Feydda.
- Mais qui te dis que je te trouve à mon goût, d’abord ? Et que je veuille te suivre avec tes hommes dont ce monstre hideux ? fit-elle, digne, désignant le gaillard à la tête lacérée.
- « Ce monstre hideux », c’est mon frère… Ce pauvre Gohour a bien plu à un léopard des neiges, il y a quelques années… Il faut dire qu’il m’embarrassait et que je le lui avais un peu offert, mais les Esprits n’en ont hélas pas voulu, et mon père a failli me tuer pour ça, alors que je voulais juste alléger la tâche de Mère ! Mais bon. C’est du passé, et Gohour n’ose pas m’en vouloir, des fois que je finirais ce que le léopard a commencé… déclara Feydda, cynique.
- Ah ben bravo ! Je viens peut-être d’une tribu de cannibales, mais nous ne nous assassinions pas sciemment entre nous pour gagner du prestige ou les Esprits savent quoi d’autre ! Mais tu es aussi affreux que ton âme, toi ! Oui, parce qu’en plus, contrairement à ce que tu crois, tu es très laid, et qu’il faudrait avoir les moyens de ses prétentions, non mais des fois ! déclara la jeune fille, sincèrement horrifiée !
- Femme, personne n’a jamais osé insulter ainsi Feydda fils de Mulghar et de Maabh du clan de l’Ours des Torses Rouges ! se fâcha soudain le jeune homme, blanc de rage.
- Et avec un caractère d’aurochs enragé, en plus, ça nous manquait ! Et tu crois que tu me fais peur, grand vantard ? ironisa-t-elle. Est-ce que par hasard, tu ferais partie de ces lâches qui frappent les femmes en croyant que c’est ainsi qu’on peut les mener ? Eh bien, avec moi, tu es tombé sur un os, parce que, toute cannibale que je suis à la base, dans mon peuple, on respectait les femmes, eh oui, et je vais t’apprendre, moi, qu’une femme, ça ne se mène pas du tout comme ce que toi, tu crois !».
Et alors que Feydda s’apprêtait à aligner l’insolente comme ses frères et lui alignaient régulièrement la vieille Maabh ou cette sotte sentimentale de Kushti, voire les autres femelles de son clan, il reçut une volée de coups de pied et de poing rapides assénés sur des points sensibles qui le laissèrent paralysé de douleur et parfaitement hébété, ainsi qu’écroulé plié en six, sur le sol ! Les deux frères tentèrent bien de s’interposer, mais elle les cueillit avec des coups de pied redoutables sous leurs mentons absents qui les étendirent pour le compte les bras en croix sur l’herbe rase ! Les deux autres chasseurs tentèrent bien de l’embrocher avec leurs armes, mais en des bonds prodigieux elle évita la pointe de silex de l’une et la pointe durcie au feu de l’autre, tandis que ses pieds et mains nus, eux, faisaient sauter les armes des mains des deux intrépides qui ne le restèrent pas longtemps eu égard qu’ils s’enfuirent à toute vitesse, comme si tous les Mauvais Esprits les poursuivaient !
Cependant, Gohour revint à lui, stupéfait, et ne se souvenant plus de rien, ou presque, quant à Huor, il était encore chez les Esprits à tenter de récupérer les siens, d’esprits…
Feydda, lui, toujours paralysé et gémissant, n’arrivait pas à se relever…

La suite demain !


lundi 19 octobre 2009

Des affres de la création.

delianka

Délian-Ka, l'une des héroïnes principales de notre saga à qui il arrive des déboires dont nombre causés par sa meilleure amie Wang-Ka (ci-dessous) à cause de son foutu caractère d'aurochs enragé et de ses idées proportionnellement courtes par rapport à ce que sa tignasse est touffue et longue... Et comme elle a les cheveux TRES longs, autant augurer de la petitesse de ses idées... Oui, ce n'est pas vraiment un personnage idéal ! (les deux dessins sont mes oeuvres.)

WangKa6
Il y a très longtemps, Mimi m’a dit sagement que notre univers science-fictionnel ne devrait pas devenir une aliénation. Dont acte.
Seulement, voilà, nous mettons en scène deux personnages tirés plus que de notre imagination, parce qu’ils semblent, de plus en plus, être les réminiscences de vies passées. Oui, je sais, c’est dingue, mais de multiples découvertes récentes faites par les scientifiques corroborent de plus en plus ce que nous avons en tête depuis presque vingt-cinq ans, Mimi et moi, à propos tant de l’aspect physique que des capacités mentales des Néanderthaliens.
Certes, pour rendre notre récit crédible, nous en avons fait de la science-fiction, les livres d’occultisme étant du tout et du n’importe quoi, surtout la porte grande ouverte à des charlatans et des sectes sans scrupules, aussi avons-nous décidé de raconter une histoire basée au départ sur les personnages qui hantaient nos inconscients depuis bien longtemps.
Seulement, voilà. À leur imaginer des aventures terribles, à nos alter ego primitifs, il s’avère que parfois, cette écriture à quatre mains bafouille, hésite, et que nous-mêmes en pâtissions ici-bas. Les conflits opposant nos personnages par ailleurs, au départ, les meilleures amies du monde, rejaillissent sur notre quotidien, et tant l’une que l’autre hésite bien souvent à les mentionner de peur de froisser l’autre, et réciproquement.
Or, je suis enfin parvenue, après de fort longues années, à faire la part des choses, et à me dire que si le personnage de Wang-Ka était quelque part mon moi profond, je n’en étais pas moins autre, avec un autre vécu et une éducation toute différente, et j’ai fini par la reléguer au grenier, tandis que moi, je vis au rez-de-chaussée, même si durant mes inspirations nocturnes, je monte souvent l’escalier pour la rejoindre dans ses aventures échevelées.
Ça ne s’est pas fait tout seul ni sans douleur. Il m’est arrivé pendant de longs mois de laisser moisir Wang-Ka au grenier, tant elle avait des côtés qui m’étaient insupportables ! Eh oui, le Côté Obscur de la Force, ce n’est pas toujours joli-joli…
Mimi a fait de même avec Délian-Ka dont les (més)aventures lui pesaient aussi.
Mais comme je suis dotée d’un esprit singulièrement obstiné et que ma vie a toujours été une lutte de tous les instants contre ce Côté Obscur, je suis arrivée à le maîtriser, au fur et à mesure, petit à petit.
Mimi, de son côté, fait la même chose.
À présent, depuis l’été 2008 nous nous sommes nous-mêmes, telles que nous sommes ici-bas, mises en scène dans notre propre saga, et nous nous retrouvons au sens littéral du terme, les grains de raison dans toute cette folle équipée spatio-temporelle…
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Mimi...

Et nous imaginons parfois des explications au sommet entre nos anciens nous-mêmes et nos nous-mêmes actuels, ce qui ne manque pas de saveur, bien souvent.
Comment et pourquoi les raisons des affres créatives qui nous font parfois hésiter à écrire et dire ce que nous ressentons profondément sur nos disques durs respectifs ? Par peur de nous fâcher réellement ici-bas. Idiot, certes, mais réel et profond malaise.
Et quand ici-bas, un conflit nous oppose, nous tentons, sagement, de le résoudre à travers nos écrits, donc, il est logique que l’inverse arrive aussi.
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... et moi !

Si je n’hésite pas à laisser s’exprimer mes délires, Mimi craint d’aller trop loin. Il est vrai que moi-même, quand j’écris un passage où je sens que ça dérape, je préfère la prévenir, mais malgré toutes les précautions que je peux prendre, ça lui fait mal, bien malgré moi !
Alors, je le dis et le répète, ce qui se passe dans le grenier, se passe dans le grenier, point final ! Évidemment, quand il y a des gouttières dans le grenier qui finissent par inonder toute la maison, ce n’est pas joyeux, d’où l’intérêt que nous avons eu à nous mettre en scène nous-mêmes dans cette histoire, car nous sommes, tant Mimi que moi, deux rationalistes forcenées malgré tout, et nous avons à cœur de faire la part des choses. Elle imagine souvent, tout comme moi, que les interventions de nos ego actuels parviennent à remettre de l’ordre devant les errements et les questionnements de nos moi anciens !
Compliqué et tordu, certes, mais très clair quand on comprend que nous avons imaginé que les Explorateurs du Temps, lassés des errements de certains de leurs membres rétros aux caractères un peu trop bien trempés, ont décidé de ramener du vingt-et-unième siècle les incarnations futures des deux principales héroïnes, afin de les aider à réguler les tensions pouvant se faire jour.
Curieusement, cela marche plutôt bien, car étonnamment, entre les personnages préhistoriques entiers et pas franchement commodes parfois, et les réincarnations, les explications se font quasiment sans heurts, et les premières se rendent souvent à la raison grâce aux secondes.
Pourquoi cette longue explication tordue ? Parce qu’actuellement, Mimi doit relater ce qui se produit lors de l’été 3008 de notre saga, moment où Wang-Ka a pété le silex et a foutu un bordel monstre en virant Délian-Ka et Maïn son mari, ou plutôt en les éloignant de leurs refuges habituels, sous la pression de basses manipulations dont elle était la victime, ces basses manipulations exacerbant ses mauvaises tendances à la paranoïa et à la mégalomanie.
En effet, j’ai écrit la chose vue du côté de Wang-Ka et de mon moi actuel mêlé de façon tordue à cette saga, mais je crois que le récit, sincèrement, gagnera en profondeur et intensité avec l’apport des points de vue et des ressentis de Délian-Ka et de Mimi. Je comprends les atermoiements et hésitations de Mimi qui a peur, en écrivant ce qu’elle a sincèrement ressenti et éprouvé lors de ce passage difficile, de se fâcher vraiment contre moi, ce qui serait effectivement mérité, mais je la sais suffisamment intelligente pour faire comme moi la part des choses et la faire faire à ses personnages aussi, même si ce fut, pour eux, un passage difficile.
Bah, c’est à charge de revanche, je pense bien qu’un jour ou l’autre, elle aussi écrira des moments où Wang-Ka en prendra plein sa gueule poudrée d’éphélides ! On l’a déjà fait, on peut le refaire.
Et notre amitié n’en a pas souffert pour autant. De toute façon, une vraie amitié n’existe pas sans conflits ni divergences d’opinion, et si nous étions toujours du même avis sur tout, nous finirions par ne plus nous supporter non plus ! Il est donc normal que nous ayons des divergences, elles sont le sel de l’amitié et de la vie.
Mais c’est vrai que sensible et délicate comme elle l’est, Mimi a peur d’oser dire les choses, ce en quoi elle a tort, car rien n’est pire que les non-dits. Et si dire des horreurs sur Wang-Ka lui fait peur, qu’elle se rassure, je comprends très bien que cette peste rouge paléolithique le mérite bien, tout de même !
Et que cela n’interfèrera en rien avec mon quotidien, car cette histoire n’est en rien une aliénation pour moi, plutôt un défouloir, et un moyen idéal pour positionner mon questionnement sur la vie en général et les leçons qu’elle nous apporte. Une psychanalyse par l’écriture, en quelque sorte. Comme je ne suis pas parfaite, loin de là, même, cela me permet de mieux voir mes nombreux défauts et de mieux apprendre à juguler ces mauvaises tendances de ma personnalité quelque peu bordélique et tourmentée, c’est le moins que je puisse dire.
Je ne suis pas toujours fière de ce que j’écris, et les agissements de mes personnages m’échappent bien souvent. Mais il paraît que c’est justement quand on lâche la bride à son imaginaire et ses sentiments qu’on crée le mieux. Je le crois volontiers, même si ce passage que j’ai écrit sur cet été 3008 ne me rend pas vraiment fière de moi, c’est le moins qu’on puisse dire, d’ailleurs, je déteste relire ce passage, c’est dire si je me fais horreur, parfois !
Seulement, ce que j’ai écrit fait partie de ces mauvaises tendances de ma personnalité, et je reconnais malgré tout, que ces mauvaises tendances s’estompent avec l’âge, la maturité, le cheminement personnel que je fais depuis bien longtemps à présent. J’avoue même avoir atteint une certaine sérénité à ce niveau-là, que j’espère Mimi atteindra bientôt. Donc, Mimi, n’aie crainte à faire dire à Délian-Ka et ton doppelganger littéraire tout ce qui t’es passé par la tête à la lecture de ce que moi j’ai pu écrire et ressentir pour ce passage-là !
C’est vrai que les pauvres Maïn et Délian-Ka en ont quand même pris plus que plein la poire, là. Ce qui est arrivé ensuite à Wang-Ka était le juste châtiment de ses méfaits et de sa néfaste personnalité !