jeudi 27 décembre 2007

X Files in vivo.

Dans le domaine de l'irrationnel et de l'étrange, ma vie se pose un peu là... A croire que, pour me consoler d'un grave problème de vue et d'un quotidien pas vraiment rose, mon esprit a développé des capacités tordues... Une juste compensation ? Un châtiment mérité pour une vie antérieure pourrie ? Une possession bizarroïde (mais pas démoniaque) ? ou tout simplement des ressources encore inexploitées et relativement inconnues de l'esprit humain ?
Je ne le saurai jamais.
Ce que je sais, en tout cas, c'est que je ressens les choses très fortement, que j'ai comme des prémonitions et que je sens des présences autour de moi... Quand j'étais gamine, mes nuits étaient peuplées de fantômes et autres revenants... La maison où j'ai grandi, il faut dire, a plus de trois cents ans d'âge, et est chargée d'histoire. Elle a une âme, et j'ai souvent vu ma chambre traversée par des gens vêtus de costumes du temps jadis, majoritairement des XVII°, XVIII° et XIX° siècles.
D'ailleurs, ces présences curieuses ne m'ont jamais inquiétée, elles faisaient partie du décor de la maison, au même titre que les grands miroirs dorés au murs ou les cheminées de marbre.
Toute gamine, toutefois, je faisais d'horribles cauchemars où un monstre plus noir que la nuit, aux yeux rouges fluorescents tentait de m'emporter avec lui... Dans la chambre, tout bougeait et mon lit tanguait comme un bateau ivre, les objets volaient autour de moi, et comme la maison était immense et que la chambre de mes parents étaient à l'autre bout, ils ne savaient pas quelle terreur je vivais.
Un jour, j'ai imaginé, Dieu sait pourquoi, que j'avais comme une grande flamme qui jaillissait de ma main, qui éclairait tout d'un feu éblouissant, et plusieurs fois, j'ai chassé cette horrible chose loin de moi.
Pendant plusieurs années, j'ai réussi enfin à dormir convenablement, ou presque.
Mais je n'en avais pas fini avec les bizarreries. Outre mes visiteurs nocturnes en costumes d'époques plutôt gentils, je me suis mise à me promener dans le temps, fascinée que j'étais à l'époque par le livre d'histoire que j'avais, le Lavisse, qu'on utilisait encore à l'école primaire où j'allais et où chaque chapitre traitait un moment de l'histoire de France.
Ça me plaisait beaucoup, ça, l'histoire de France, et j'étais très fière de faire partie d'un si grand pays (on est un peu con, quand on est gosse). Il est vrai que le Lavisse était un livre d'histoire extrêmement chauvin, et je me demande encore ce qu'on foutait, dans les années 60, avec des bouquins de classe aussi préhistoriques que ceux-là !
D'autant que c'était dans ce livre-là qu'on lisait "Nos ancêtres les Gaulois", les personnes originaires des DOM-TOM et des anciennes colonies apprécieront...
Mais pour moi, ce discutable ouvrage d'histoire a été l'ouverture vers le merveilleux et une évasion extraordinaire !
Dans ce livre, on voyait Charlemagne visiter les écoles, Clovis se disputer pour le vase de Soissons, ou se faire baptiser, on voyait Saint Louis et les croisés...
Et ces gravures simplistes qui étaient souvent des résumés cruels ou des illustrations de pures inventions chauvines (voir l'histoire de Jeanne d'Arc...), la nuit, devenaient autant de portes ouvertes vers d'autres lieux, d'autres temps...
Je rentrais dans les images, et je me retrouvais en situation !
Ça, c'étaient mes rêves colorés, palpitants, exaltants... Il y en avait d'autres, par contre, qui me faisaient vraiment très peur, et ceux-là, j'ai mis des années à comprendre d'où ils pouvaient bien sortir !
Notamment, un rêve épouvantable lors duquel je me voyais saisie par les griffes d'un ours énorme et terrifiant, contre lequel je luttais de toutes mes forces, pour lui échapper... Je me voyais frapper le monstre à la veine passant dans son cou, tentant avec moult difficultés de transpercer sa peau couverte d'une épaisse fourrure à l'aide d'un instrument franchement ahurissant, puisqu'il s'agissait d'une pierre bien tranchante !!! Généralement, cet épouvantable cauchemar se terminait par la vision horrible d'un corps presque nu, à peine vêtu d'un pagne en peau, couvert de sang, à-demi enterré par l'ours agonisant, et d'où dépassaient les jambes, la main armée de la redoutable pointe de pierre, et de longs cheveux roux désordonnés de ce qui me tenait lieu de corps dans cet affreux cauchemar ! Mon esprit s'envolait alors au-dessus d'un paysage battu par les vents, au sol glacé, où s'attardaient quelques plaques de glace et de neige, aux arbres rabougris, et où erraient d'immenses troupeaux de bêtes énormes qui galopaient dans le lointain, soulevant des nuages de poussières gelées et étincelantes dans la lumière comme de la poudre adamantine.
J'ai fait cet épouvantable cauchemar systématiquement toutes les nuits, pendant quasiment toute mon enfance.
Et un jour, j'arrivai en sixième. Et là, j'ai eu le choc de ma vie.
En sixième, ma passion de l'histoire était toujours aussi forte. Celle de la géographie aussi. Et cette année-là, on étudiait, dans le Mallet-Isaac, la préhistoire et l'antiquité, période qui me fascinait littéralement, l'antiquité !
L'année commença par nous raconter la préhistoire, et les grandes étapes de l'évolution humaine. Je suis alors tombée sous le charme des illustrations qui montraient les peintures rupestres de Lascaux et d'Altamira, de Gargas et Fond de Gaume, ou d'autres lieux tout aussi prestigieux.
A l'époque, on nous a parlé en long, large et travers des artistes qui avaient peint ces œuvres, les hommes de Cro-Magnon, et je tombais littéralement amoureuse de cette époque où on pouvait voir des bêtes aussi extraordinaires que celles que ces gens avaient peint sur les parois rocheuses des grottes, ou qu'ils avaient sculptées sur l'ivoire, l'os, les bois de rennes.
Je pensais que le cauchemar que je faisais toutes les nuits était un souvenir récurrent d'un très lointain passé, venant d'une de mes lointaines ancêtres. et là, je commençai à écrire l'histoire d'une fille de Cro-Magnon, Nara, qui était une artiste des cavernes, jalousée par un vieux chaman...
Et puis, toujours en sixième, on me parla un jour de l'homme de Néanderthal... On le décrivait en termes fort peu élogieux à l'époque, or, ce que je voyais dans ce foutu cauchemar, eh bien, ça ressemblait bien davantage au petit Néanderthal qu'au grand et élégant Cro-Magnon !
J'eus un doute affreux, tout d'un coup, me demandant si...
Et une nuit, à ma grande horreur, le cauchemar a continué ! J'ai vu des bipèdes plutôt hirsutes dégager le corps de l'ours, et me retirer d'en-dessous. Quand j'ai vu la tronche que j'avais, je me suis réveillée en sursaut, horrifiée, le coeur battant la chamade... Les êtres que je voyais avaient franchement des sales gueules, que sur le coup je trouvais VRAIMENT hideuses !
En proie à une épouvante sans nom, je les voyais embarquer ce corps sanglant que je savais avoir été le mien, me demandant bien quel sort m'attendait...
On me transporta à l'aide d'une civière de fortune réalisée à l'aide de deux grands épieux à la pointe durcie au feu et de plusieurs peaux de bêtes, jusqu'à un campement érigé au pied d'une grande falaise, sous un surplomb qui dominait une rivière écumeuse.
Et quand je me suis rendormie, le cauchemar a repris... Je me suis retrouvée à flotter à l'intérieur d'une cabane arrondie, couverte de peaux épaisses, calée à l'aide de grosses pierres, dans laquelle brûlait un petit foyer qui donnait un éclairage succinct, éclairant à peine une litière sur laquelle je gisais, inanimée, couverte de chaudes fourrures, le torse bandé de lanières de peau souples qui recouvraient des emplâtres visiblement faits à base de plantes. Je m'attardai au-dessus de cette gisante que je savais être moi, chose que je ne voulais pas admettre... Parce que, vraiment, JE NE POUVAIS PAS, je ne VOULAIS PAS AVOIR ÉTÉ ÇA !
Je refusais obstinément avoir pu être ou avoir hérité des souvenirs d'une créature hideuse, simiesque et bestiale, puisque tout le monde à l'époque pensait pis que pendre de ces êtres qu'on appelait des Néanderthaliens ! Et ce cauchemar, ça a duré pendant des années !!! Qu'est-ce qui me liait à des êtres pareils ? Pourquoi moi ? Je me suis posée des questions de toutes sortes, mais j'avoue que je n'ai toujours pas trouvé la clé du mystère...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu es sûre que c'est une bonne idée, de raconter tout ça ?

Au fait, c'est quoi ce commentaire que tu as laissé sur mon propre blog ??? Je ne vois même pas le rapport avec mon article. Cela dit... J'aimerais bien !

D'ailleurs, plus ou moins à ce sujet... J'aurai un p'tit truc marrant à te raconter !

Emmanuel a dit…

A mon avis, c'est une très bonne idée. En tous cas, ça m'intrigue passablement, tout ça. Une connexion ultra lointaine avec la grande Memoria Mundi ?
amitiés et bonnes fêtes !