vendredi 21 décembre 2007

Néandertal et Cie


Le beau portrait de Vo'hounâ qui orne l'en-tête de cet article est soumis à copyright : (c) emmanuel roudier.

JE LES AI ENFIN ! Les beaux albums d'Emmanuel Roudier font ENFIN partie de ma bibliothèque ! Que dire sinon que je kiffe grave sévère, là, pour parler comme les djeuns ?
Plus sérieusement, sa première série inachevée mais en cours d'achèvement nommée Vo'hounâ, l'histoire d'une jeune chamane Néanderthalienne qui est amoureuse d'un jeune Cro-Magnon tout aussi chaman qu'elle d'ailleurs, et tout aussi amoureux d'elle qu'elle de lui, est très jolie, nimbée de la métaphysique fantastique de la plus vieille religion du monde qu'est le chamanisme. Nos deux héros se trouvent en butte à un chaman dévoyé, devenu allié de mauvais esprits, dont celui du Lion des Cavernes Scilax, sorcier voulant à tout prix engendrer une descendance avec Vo'hounâ, car, éternel grâce à son esprit tutélaire mais dernier de sa race, il ne pourra avoir de descendance qu'avec l'élue d'Aô, la Grande Déesse Mère, qui n'est autre que la pauvre Vo'hounâ qui, évidemment, fait tout pour fuir et échapper au malfaisant personnage...
C'est enlevé, dynamique, sensationnel car Emmanuel Roudier, l'auteur, a réussi à nous faire entrer dans l'univers de ces lointains ancêtres dont le quotidien était d'un côté la nature vierge et toute puissante, et d'un autre, les esprits qui régissent cette nature et les hommes.
Un seul truc un peu critique cependant, avoir imaginé des personnages parlant d'eux-mêmes à la troisième personne.
En dehors de ça, les dessins sont sublimes, les paysages grandioses, les visions chamaniques hallucinantes et hallucinées (mais qu'as-tu fumé, Manu ? Elle était bonne, la soupe de psylos ? :-))), et, franchement, moi qui ne voulais au départ que Néandertal, la dernière oeuvre du jeune homme, j'ai aussi été séduite par cette série, et ses personnages qui sont tous des êtres courageux, beaux dans leurs genre, dotés de grandes âmes, généreux, obstinés, volontaires, bref, des gens qui, malgré tout, et malgré l'époque à laquelle est censé se passer l'histoire (il y a 35 000 ans), réussissent à nous émouvoir, à nous passionner, à nous faire vibrer. On y est, on aimerait les rencontrer, et pour tout dire les aider dans leur quête ! Quel talent ! Quel génie !
Quant à Néandertal, la dernière oeuvre de notre ami, c'est sublime !
Là aussi, il s'agit d'une histoire de quête, et de conquête. Pas de l'amour pour le moment, bien qu'il lui arrivera sûrement de rencontrer une charmante jeune fille, au héros de la saga, mais déjà, la conquête de l'estime de soi, de celle des autres, du dépassement de soi, et de bien d'autres choses aussi.
En effet, Laghou, le héros, est boiteux, et est le dernier de cinq frères qui apprécient ou supportent plus ou moins le pauvre jeune homme diminué qui ne peut pas chasser. Malheureusement pour lui et eux, il est très doué pour tailler la pierre, et ses armes étant les meilleures qui soient, les autres ne peuvent finalement se passer du jeune handicapé.
A la mort de leur père, qui demande à tous les cinq de le venger du bison Longuebarbe qui l'a encorné, les quatre frères disent à Laghou de rester à l'abri, qu'en raison de sa claudication, il les embarrasserait plus qu'autre chose.
Las, le jeune homme n'entend pas être traître à la parole donnée au mourant, et il suit ses frères en cachette. Là, il assiste à une lutte pour le pouvoir déguisée en accident de chasse qui entraîne la mort d'un chasseur et celle de son frère aîné, qui le protégeait, Kozamh.
Le jeune homme, horrifié par ces loups aux dents longues qui lui servent de frères sait qu'il doit fuir à tout prix et venger son père et son frère aîné. Quand il rentre, ses frères, se doutant qu'il les avait vus lui filent une tannée homérique pour le faire rentrer dans le rang, et surtout, pour le terrifier, car ils ont besoin de son talent de tailleur de pierres pour leurs armes. Le lendemain, avec l'aide du Ghoibu, le vieux sage de la tribu, il apprend qu'il doit rencontrer un clan éloigné pour acquérir une arme terrible, le "cristal de chasse". La quête du jeune homme commence, et sa leçon de courage, aussi.
Outre le fait que les BD d'Emmanuel Roudier exaltent ce qu'il y a de meilleur en l'être humain au-delà des différences, elles sont aussi un bel éloge et une belle ode à l'acceptation de ces différences. Dire que j'adore ce qu'il fait est un faible mot, et j'avoue que j'attends la suite de ses sagas avec intérêt et impatience.
Emmanuel Roudier, est, je l'ai déjà dit, un artiste de génie, mais aussi, au départ, un graphiste hors pair qui a eu une formation d'archéologue et de préhistorien. Il sait donc de quoi il parle, et il nous présente une image de la Préhistoire autrement intéressante que celle de ces docu-fictions qui ont de temps en temps pollué nos écrans, tant ceux de la BBC (immondes en ce qui concerne les Néanderthaliens), ou les œuvres de Jacques Malaterre, qui, lui, les habille au "Décrochez-moi ça", et a l'air de penser que les préhistoriques étaient allergiques à l'eau, car ils ont l'air franchement cradingues dans ses œuvres !!!
Or, pour chasser, quoi de mieux que d'atténuer ses miasmes personnels par un bon décrassage au départ ? Et de camoufler son odeur par des ruses diverses, genre peaux de congénères des bêtes qu'on chasse, quelque bon onguent odoriférant aussi, histoire de tromper le gibier par une fausse odeur ? Ça se voit que ceux qui ont fait ces films n'ont pas eu de chasseurs dans leurs familles, ils le sauraient, sinon !
Bref, c'est GRANDIOSE et je ne saurai trop conseiller la découverte du talent et des œuvres d'Emmanuel Roudier à tout le monde !!!
Comme vous pouvez le constater, je n'ai pas du tout aimé !!! :-)))

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hé, hé ! Quel enthousiasme ! Si jamais Emmanuel Roudier a besoin d'un attaché de presse ou d'un conseiller en communication, je me charge de lui dire à qui il doit s'adresser ! :o)

Mimi