Un des premiers pensionnaires préhistoriques de la base inter temporelle Alpha IV.
Ce jeune Mohar timide et aimable, calme, dissimulait derrière son aspect hirsute et sa longue et épaisse chevelure auburn raide et hérissée une personnalité complexe et tourmentée, une sensibilité extrême et une intelligence extraordinaire.
Les savants ne s’aperçurent pas tout de suite quel étonnant jeune homme était ce Néanderthalien paisible aux yeux gris pâles et à la voix douce et un peu éraillée, mais il était singulièrement épris de Délian-Ka, une autre des premières pensionnaires de la base inter temporelle, une très jolie Néanderthalienne aux longs cheveux de lune cendrée et au teint d’albâtre, dotée de grands yeux de féline vert pâle et obliques.
Tous deux étaient les meilleurs amis de Wang-Ka, la première des Néanderthaliens que les explorateurs du temps du trentième siècle avaient récupérée, et ils allaient, avec elle, poser les fondations de ce qui allait devenir la plus folle opération de sauvetage à travers l’espace et le temps.
Au départ, les savants avaient considéré les pauvres Néanderthaliens comme de simples singes un peu plus futés que les autres, et ils furent bien marris quand lesdits singes commencèrent par vouloir tenter de se suicider à plusieurs reprises, pire, à manifester des préoccupations autrement élevées que celles qu’on attribuait d’ordinaire à des êtres sauvages et primitifs à la limite de l’animalité qu’on croyait qu’ils étaient !
Il faut dire qu’au trentième siècle, on avait perdu nombre de connaissances qu’avaient acquises les hommes des vingt et vingt-et-unième siècles.
Et que les pauvres préhistoriques étaient la manne pour les oligarques qui dirigeaient d’une main de fer ce monde futuriste et impitoyable. Ils n’allaient pas lâcher de sitôt les esclaves, animaux de laboratoire, conquérants spatiaux et soldats d’élite ou banques d’organes, mères porteuses et autres réserves de protéines qu’étaient à leurs yeux les malheureux ! D’ailleurs, à la supplique de Wang-Ka, Matthieu avait demandé au Général Lemercier de lui permettre de récupérer ses meilleurs amis, Enah-Ohar, et Délian-Ka.
Ils avaient fui les casernes où on tentait de les transformer en cyborgs de combat, et c’étaient les Mutants des Bas Niveaux qui les protégeaient quand Matthieu et son équipe les récupérèrent… Enah-Ohar était toutefois transformé en vrai robot de chair, et il fallut toute l’expérience des chirurgiens militaires de Lemercier pour le débarrasser des connexions et processeurs qui l’asservissaient… Il revenait de loin, de très loin, et il n’avait pas fini de souffrir des exactions et manipulations de ces maudits militaires !
Et pourtant, la vie du pauvre Enah-Ohar avait été très loin d’être un fleuve tranquille avant son arrivée dans le futur !
Enfant maltraité par une femme à-demi folle depuis que son mari et ses autres enfants avaient disparu mystérieusement, le pauvre Enah-Ohar avait été pris en charge par le clan des Win-Gaha kor Moharn, qui récupérait tous les éclopés et orphelins de la tribu, leur offrant une vie moins rude que dans les autres clans des Moharn.
Le petit Enah-Ohar devint donc l’un des protégés de Ghâr-Dala, la veille Aka-Eha de ce clan, et carrément la doyenne de toute la tribu.
Il grandit aux côtés de Délian-Ka, la petite orpheline si étrange et si pâle, de Wang-Ka, la sauvageonne aux cheveux rouges, et de sa sœur Gwentha, la linotte qui finirait un beau jour par oublier sa tête !
Le jeune Wenn-Daha, le plus âgé de tous ces petits perdus, secondait Ghâr-Dala pour s’occuper de ces enfants qu’il considérait un peu comme ses petits frères et sœurs.
Tant bien que mal, Enah-Ohar grandit, devint un beau et aimable jeune homme, un bon chasseur, et il deviendrait surement un Wahk-Lawharn, plus tard, un Chef des Chasseurs, parce qu’il était sage, avisé, rusé, et qu’il était extrêmement adroit et courageux. Il était aussi très doué pour tailler les silex, le vieil Enah-Neh, l’époux de Ghâr-Dala, un expert en la matière, lui ayant appris son art, et il était devenu un maitre es fabrication d’armes et d’outils.
Nul doute qu’un beau jour, charment, beau et intelligent comme il l’était, il deviendrait surement l’époux d’une séduisante Aka-Eha, voire même celui de la future Séritha !
Effectivement, un beau jour, Délian-Ka, son amie de toujours, finit par ne plus voir en lui un simple camarade de jeux, mais bien l’homme qu’elle aimait par-dessus tout.
Seulement, à l’époque, Enah-Ohar était complètement amoureux de Wang-Ka, la rousse et volcanique fille de la Séritha Winrah.
Mais Winrah était exigeante qui ne voulait pas que sa fille, appelée à lui succéder un jour, se trouvât appariée avec un vaurien selon ses critères. Elle fixa donc comme prix pour la main de la future mariée les peaux d’un lion et d’un ours des cavernes !
Plusieurs jeunes chasseurs partirent donc à la conquête des proies et de leurs peaux, pour les beaux yeux vert émeraude de Wang-Ka… Et celui qui revint avec les trophées n’était pas Enah-Ohar, que Wang-Ka aimait aussi, mais une espèce de grande brute taciturne et noiraude. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, et pour échapper à sa terrible mère, Wang-Ka l’épousa donc, ignorant tout de la forfaiture dont Enah-Ohar et elle étaient les victimes. Délian-Ka le savait mais n’en dit rien, terrifiée par l’ambitieux qui était maintenant l’époux de sa meilleure amie, le sombre Dohar !
Enah-Ohar et elle s’unirent donc, gardant leur terrible secret, et scellant ainsi le destin de leur tribu d’une manière bien cruelle.
Plusieurs saisons passèrent ainsi. Personne ne savait que Dohar, éperdu d’ambition et fou, battait la pauvre Wang-Ka, pourtant devenue la Séritha à son tour, enfin.
Mais dans l’ombre, Winrah veillait. Elle trouvait que sa fille ne répondait pas à ses attentes, et ne rêvait qu’une chose, lui reprendre la tête de la tribu, au prix des plus immondes manipulations et traitrises !
Ce qu’elle fit. Wang-Ka, condamnée à mort pour avoir violé un interdit fut récupérée par les savants du futur. Et elle se vengea de sa tribu de lâches en les livrant aux militaires du monde cruel où elle avait atterri ! Plus exactement, ceux-ci exploitèrent son désespoir, et la convainquirent que les siens l’avaient bel et bien abandonnée et oubliée…
Mais il n’en était rien. Et c’est parce qu’ils étaient partis pour sauver Wang-Ka, envers et contre tous, qu’Enah-Ohar, Wenn-Daha, Dohar, Délian-Ka, Tona et Gwentha furent capturés…
Et emmenés par les militaires fous !
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