QUAND L’HOMO-SAPIENS ET L’HOMME DE NEANDERTAL COUCHAIENT ENSEMBLE…
Rencontre Néandertal/Cro-Magnon.
Image extraite du documentaire Neandertal Code © Wall to Wall, National Geographic et Tim Lambert.
De façon ponctuelle, Abstrait ≠ Concret se pose modestement en observatoire de la connerie et la crasse intrinsèques à la race humaine. Pour résumer la chose, l’humain est une charogne qui bousille tout ce qui l’entoure sans raison, s’imprègne de croyances débiles au gré des modes et des saisons, et accessoirement baise avec des poupées en silicone, non seulement parce que ça coûte moins cher à entretenir en cadeaux que son alter égo organique et aussi parce que ça débite moins d’insanités à la minute. Si on ajoute à cela que son esprit pervers mais hautement commercial l’incite à faire coucher des playmates avec des poneys parce qu’il existe un public friand de zoophilie – qui se convertit donc automatiquement en une cible marketo-commerciale – on est en droit de se demander si le fait que l’Homo sapiens ait eu des relations sexuelles avec l’Homo neanderthalensis est bien surprenant. Pour ceux qui galéreraient avec le latin et auraient eu un léger doute à la lecture de la phrase précédente, le postulat est clair : l’espèce humaine moderne et l’homme de Neandertal partouzaient ensemble.
Un être pas aussi horrible qu’on le voudrait
Qu’on se le dise, les hypothèses à ce sujet ne sont pas nouvelles. Depuis des dizaines d’années, les projections les plus folles concernant l’homme de Neandertal sont légions. Après une difficile reconnaissance suite aux premières découvertes d’ossements au dix-huitième siècle, l’homme de Neandertal a longtemps eu très mauvaise presse, globalement victime d’un jugement extrêmement négatif en comparaison à nous les Homo sapiens, cet être moderne tellement évolué. Tour à tour considéré comme un être simiesque, aliéné, vilain et parfaitement teubé, l’Homo neanderthalensis n’était certes peut-être pas très glamour, mais semble avoir fait preuve d’une certaine forme de raffinement qui tranche largement avec l’imagerie populaire. Par conséquent, en alléguant récemment lors d’une conférence organisée au laboratoire Cold Springs de New-York que l’homme moderne aurait forniqué avec son cousin néandertalien, le professeur Svante Paabo, éminent spécialiste génétique de la prestigieuse Max Planck Institution for Evolutionary Anthropology de Leipzig balance une nouvelle pierre dans cette mare trouble avec une question primordiale en toile de fond : ces relations contre-nature ont-elles entrainé la naissance d’enfants?
Pour ceux qui n’auraient rien branlé en cours d’histoire en CM1, l’homme de Néandertal est un représentant fossile du genre Homo qui a vécu en Europe et en Asie occidentale durant la période du Paléolithique moyen, à savoir une période s’étalant environ entre 250 000 et 28 000 ans avant l’ère actuelle. Pendant longtemps – principalement par manque de connaissances mais aussi par mauvaise foi – les Néandertaliens ont été considérés comme une simple sous-espèce au sein de notre espèce Homo sapiens. Depuis, les études menées entre les premières découvertes aux alentours de la période 1830-1860 et aujourd’hui ont conduit la grande majorité des auteurs et scientifiques à s’accorder sur le fait que l’homme de Neandertal constituait bien une espèce indépendante, communément dénommée Homo neanderthalensis. Loin de l’être frustre et peu précautionneux décrit par les premiers observateurs, il est aujourd’hui établi que cette bête à poil est à l’origine d’une abondante culture matérielle. Par ailleurs, il incarne sans doute le premier être terrestre ayant fait preuve de véritables préoccupations d’ordre esthétiques et spirituelles, manifestant cette approche notamment dans le soin apporté aux sépultures de ces congénères, ce qui en fait de facto l’ancêtre attesté de nombre de réalisateurs arty et torturés que vous chérissez tant.
Des hypothèses pipées pour expliquer son extinction
Malgré tous ses bons côtés, l’homme de Neandertal a misérablement disparu, rayé de la carte de l’évolution, il y a environ 25 000 ans*. Selon des tonnes de données archéologiques supposément fiables, notre cousin à poil n’aurait pas subi une extinction massive comme on peut l’entendre parfois mais aurait plutôt expérimenté une disparition progressive, tel un vieux fantasme de science-fiction. Evidemment nombre de théories ont fleuri et ont été démontées au court des cent quatre-vingt dernières années. Celles concernant la disparition de leurs gibiers de prédilection, les modifications climatiques ou encore les problèmes d’ordre génétique dus à une forte consanguinité ont par exemple été jugées peu réalistes à l’échelle d’une population continentale, et peu pertinentes quand on sait que les Néandertaliens ont vécu près de 200 000 années, démontrant très largement leur capacité d’adaptation à des conditions climatiques et environnementales très fluctuantes.
D’autres théories sont néanmoins encore en cours d’examen. La possibilité d’une épidémie virale ou bactérienne, voire parasitaire, a pu être favorisé par les 12 000 années – en gros entre 40 000 ans et 28 000 ans avant notre ère – durant lesquelles l’homme moderne et l’homme de Neandertal ont cohabité. L’homme moderne issu du continent africain aurait ainsi pu apporter des maladies épidémiques d’origine tropicale. Pour autant, le laps de temps de 12 000 années semble bien trop long pour une simple épidémie. Des scientifiques de l’université de Newcastle, en se basant sur une série d’analyses poussées de l’ADN de plusieurs spécimens de Néandertaliens ont récemment relancé la théorie du réchauffement de la Terre il y a environ 25 000 ans. Selon eux, ces pauvres Néandertaliens auraient subi un déréglage génétique, les rendant incapable de produire l’énergie nécessaire pour éviter une surchauffe de leur corps conduisant à la mort. Si celle-ci est probablement la plus récente, l’autre hypothèse selon laquelle la disparition des Néandertaliens serait liée à l’arrivée des hommes modernes et la compétition qui s’en serait suivie pour l’exploitation des territoires et des ressources apparaît un poil crédible quand on sait le potentiel destructeur dont notre espèce fait preuve. L’hypothèse s’appuie notamment sur la concordance des périodes d’expansion d’Homo sapiens avec cette disparition, l’homme moderne ayant quitté le Proche-Orient pour l’Europe, il y a environ 40 000 ans. Mais encore une fois, cette théorie reste partiellement contestée aussi bien en raison de l’absence de traces de morts violentes ou de traces de cohabitation prolongée sur un même territoire que de la meilleure connaissance du territoire qu’avaient les Néandertaliens en raison de leur installation plus ancienne.
Fils de pute néandertalienne?
S’il est donc difficile de conclure de manière catégorique que les humains modernes et les Néandertaliens se sont fait la guerre, le professeur Paabo est convaincu qu’ils ont fait l’amour. Le phénomène d’accouplement entre deux espèces est une réalité déjà connue. Ainsi, on sait qu’il arrive à des animaux comme les chevaux et les zèbres ou les lions et les tigres de s’accoupler ensemble. La véritable question que le professeur Paabo se pose désormais consiste plutôt à savoir si l’union de ces deux espèces humanoïdes a pu entrainer la naissance d’enfants, et auquel cas savoir si ces enfants ont pu contribuer à la constitution de notre génome actuel. L’hypothèse d’un héritage génétique transmis en partie à l’Homo sapiens n’est pas nouvelle, et à vrai dire, la dissolution de la population néandertalienne consécutive à un accouplement fécond constitue toujours une des hypothèses à ce jour non écartées pour expliquer sa disparation. Au cours des dernières années, des fossiles présentant à la fois des caractéristiques néandertaliennes et humainement modernes ont été découvertes, suggérant ce croisement. Un squelette d’enfant découvert en 1998 à Lagar Vehlo au Portugal a ainsi été présenté comme un hybride. Pour autant, cette hypothèse, comme les autres, reste fortement sujette à discussion dans la mesure où il demeure extrêmement compliqué de démontrer la véracité de l’hybridation chez un individu néandertalien juvénile, alors que la variabilité de la population concernée est mal connue.
Concrètement, les scientifiques peinent à s’entendre sur ce sujet et les études génétiques qui y sont consacrées drainent régulièrement leur lot de résultats contradictoires. Là où certains auteurs ne voient aucun indice de contribution des Néandertaliens à l’ADN mitochondrial des premiers hommes modernes, d’autres soutiennent mordicus que les gènes d’Homo sapiens ne seraient pas exclusivement d’origine africaine et que le génome néandertalien pourrait représenter 5 % de celui des humains modernes, entretenant en résumé un sacré bordel sans que personne ne soit en mesure d’apporter la preuve qui fasse définitivement fermer sa gueule à l’autre. Avec l’idée fixe d’aller au bout de ses convictions, le professeur Paabo compte donc continuer à étudier les fossiles et autres carcasses de Néandertaliens à la recherche de traces d’ADN d’humains modernes. Grand spécialiste de la question, Svante Paabo pourrait bien arriver à ses fins. Il annonçait ainsi, dès février dernier, avoir déjà décodé plus de 60% de l’ADN néandertalien et être quasiment en mesure de mettre en place des comparatifs à fort potentiel avec les ADN d’humains et de chimpanzés. En décodant les 40% restant, Paabo et son équipe allemande pourraient théoriquement – au delà de toute question de morale et de viabilité – mener à bien le clonage d’un Néandertalien et rendre vie à cette espèce disparue depuis une plombe. Les producteurs pornos n’auraient alors plus qu’à emboiter le pas pour donner vie à la très attendue trilogie des « Homo-sapiens Bitches ».
* 25 000 ans est un chiffre approximatif, certains scientifiques parlant de 28 000 ans là ou d’autres considèrent plutôt 24 000 ans. Ca vous donne un ordre d’idées, et je m’attache à faire un boulot documenté, mais globalement on s’en branle.
Loïc H. Rechi
J'ai trouvé cet article génial grâce aux alertes Google sur Neandertal auxquelles je suis abonnée, et comme le style de l'auteur est particulièrement enlevé et drôle, je me suis dit qu'un peu de science en s'amusant ne faisait de mal à personne... Régalez-vous !
2 commentaires:
Personnellement, je n'aime pas du tout le ton de cet article Par contre, je suis ravie de constater que Paabo semble aussi disposé à revoir sa copie. Cela prouve qu'il s'agit d'un scientifique honnête. A quand la même remise en question chez Hublin ? En espérant que l'expérience du clonage ne sera jamais tentée.
Exactement ce que j'allais dire, Mimi, e-xac-te-ment. Sexiste et violent envers les femmes, de plus.
« Contre-nature », ça veut dire quoi?
Aucune trace de mort violente? Et les restes (des dents, des mâchoires? J'ai oublié) de Néanderthaliens qui semblent avoir été dévorés par Homo Sapiens, alors, qu'en est-il? Je trouve les coins tournés très ronds comme autour d'une bière dont on aurait peut-être déjà pris quelques gorgées.
Non. Désolée.
Mais je suis quand même reconnaissante pour toutes ces infos que tu nous donnes, chère Tinky!!!
Zédounette ¦) xox
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