Dans une semaine exactement, Mimi et moi serons devant la librairie Album à Bercy, affrontant l’hiver approchant – c’est là qu’il fera un superbe soleil ! – pour nous faire dédicacer nos deux tomes du « Breuvage de vie », le second opus de la saga « Néandertal » du formidable dessinateur réaliste et naturaliste Emmanuel Roudier que la plupart des musées et des préhistoriens plébiscitent pour la qualité de son travail et la pertinence avec laquelle il sait mettre en scène et rendre vivantes les dernières découvertes archéologiques et la vie de nos chers ancêtres préhistoriques, notamment ces bons vieux Néanderthaliens qu’il rend tellement vivants et proches qu’on s’étonne de ne pas en croiser dans la rue une fois ses superbes BD refermées avec regret… Pour mieux s’y replonger par la suite avec la même délectation fébrile… Dire que je me sens complètement excitée à la perspective de rencontrer enfin cet artiste qui plus est très sympathique est faible ! – il est proche de ses lecteurs et admirateurs et répond toujours de charmante manière aux commentaires qu’ils lui laissent sur son superbe blog, ici – blog qui nous fait découvrir étape par étape son processus créatif, ou nous donne de bonnes idées de lectures instructives et nous permet de découvrir l’actualité des dernières découvertes archéologiques faites sur nos lointains prédécesseurs et ancêtres. Le tout abondamment illustré de ses œuvres et parfois émaillé de quelques boni du meilleur aloi. Et dire que je n’ai découvert cet artiste qu’il y a deux ans, mais quelle découverte ! Je devrais offrir un magnum de champagne à l’équipe Google qui a permis cette trouvaille inouïe !
Partie en effet à la recherche d’images de reconstitutions de Néanderthaliens sur le fameux moteur de recherches, j’ai découvert plusieurs images très bien dessinées et franchement fabuleuses. Intriguée, je suis allée sur le site d’origine de ces dessins, et j’ai pris la plus belle claque de toute ma vie.
Ils étaient là ! Vivants ! Revenus à travers les poussières des millénaires pour nous faire un signe !
Oh, bien sûr, il y a bien des dermoplasties dont celles d’Élisabeth Daynès, mais malgré leur perfection et leur réalisme, elles n’atteignent pas à ce degré de vie, d’étincelle dans le regard, d’émotion, et pourtant, elles sont déjà très réussies, que les dessins d’Emmanuel… On dirait qu’il a eu des modèles vivants pour créer ses personnages préhistoriques… Pour un peu, on s’attendrait à les voir surgir des vignettes de ses planches et nous parler de vive voix, et non plus à travers des phylactères ! Les bulles éclatent, les limites des dessins disparaissent, on plonge littéralement, happés par ces temps lointains, on y est, et on oublie tout !
Vo'hounâ, l'une des dernières Néanderthaliennes, amoureuse d'un des premiers hommes modernes, Cheval-Cabré. © Emmanuel Roudier.
On vibre de terreur aux menaces des esprits qui tourmentent Vo’hounâ et Cheval Cabré, on frémit à la cruauté inique de Thuriaq Kumtheq, le chaman dévoyé qui les poursuit de sa colère vengeresse, dans la première série plus fantastique mais néanmoins basée sur des découvertes archéologiques que sont les aventures narrées dans sa première série, « Vo’hounâ », qu’il va enfin achever bientôt, pour notre plus grand bonheur…
Mais l’art d’Emmanuel se révèle encore davantage dans les aventures de Laghou, le jeune tailleur de silex boiteux mais sage et courageux, qui pourtant est une sorte de Cendrillon au masculin et néanderthalien…
Le malheureux, malmené par ses grandes gueules de frères, son aîné Kozamh excepté, est considéré comme un sous-homme, un inutile, par les autres chasseurs, puisqu’en raison de sa claudication, il ne peut les suivre et les aider… Et pourtant, le jeune homme s’avère un tailleur de silex très doué, la seule raison pour laquelle on le tolère à peine.
Le pauvre jeune homme, évidemment, souffre de cette situation humiliante et déshonorante, de son manque de prestige, et comme il est fier, ne rêve que de pouvoir enfin se faire sa place parmi ce clan d’ingrats et de discourtois aux mains lourdes et aux langues acérées – Laghou se prend régulièrement des trempes sévères et des quolibets d’une rare méchanceté – et évidemment, il couve en lui une sombre colère, d’autant qu’il découvre que ses lamentables frères, les trois qui se situent entre Kozamh et lui, sont de vrais monstres, menés par le cadet de Kozamh, Feydda le Rusé, le plus cruel de tous.
Feydda le Rusé, l'immonde frère de Laghou, un grand méchant parfaitement détestable et vraiment réussi ! © Emmanuel Roudier.
Car Feydda ne rêve que de succéder à leur père, Mulghar, une grande gueule tyrannique et vieillissante sous l’autorité de qui tout le clan s’incline… Pas pour longtemps.
Bref, un beau jour, Mulghar – atteint de démence sénile ? – décide, au lieu de chasser le bouquetin, comme initialement prévu, de s’en prendre à Olog Hamra, LongueBarbe, un superbe et gigantesque bison noir, chef d’un troupeau innombrable et animal de légende car invaincu à ce jour.
La chasse tourne mal, et il en meurt. Et c’est là que toute l’histoire de Laghou et ses aventures commencent…
Et quelles aventures ! Pour venger son père et Kozamh victime de la traîtrise de Feydda et de ses autres frères, Laghou, avec l’aide du Ghoïbu, le vieux chaman du clan, va se lancer dans une folle quête périlleuse, lui qui ne peut pas chasser comme les autres, et qui est bien plus faiblement bâti que les autres hommes !
Au cours de ses aventures, il va à la rencontre du Clan de la Lune, d’après les recommandations du sage ermite troglodyte, et en chemin, sauve un chasseur blond, qu’il trouve blessé et inanimé, mais porteur d’un bijou étrange, de cette matière transparente et dure, le cristal, cristal qui permet de créer des armes redoutables, dont le fameux « Cristal de chasse » qui lui permettrait, en vainquant Olog Hamra, de gagner enfin sa place d’homme, de venger son frère et dénoncer les crimes de ses autres frères !
Un homme porteur d’un tel bijou ne peut qu’être membre de ce clan mystérieux de Lune, et Laghou, au prix d’efforts périlleux, ramène le blessé et malade – il est couvert de pustules – dans son clan. Il explique honnêtement le but de sa visite mais les gens du Clan de la Lune, s’ils lui sont reconnaissants d’avoir ramené le robuste chasseur, ne sont pas prêts à livrer leurs secrets ou à donner leurs armes fabuleuses comme ça.
Ils demandent à Laghou, en échange, d’accompagner Mana, une somptueuse jeune femme de leur clan, à la rencontre du Clan des Mousses, qui vit loin de là, pour ramener au clan un remède salvateur du nom de Breuvage de vie, que seuls ces Moussus savent concocter. Le trajet est périlleux, ils doivent traverser le territoire des Hommes Sanglants, des avenants qui ont pour principe d’aimer leur prochain… cuit à point !
Et d’ailleurs, Laghou et Mana ont une étrange alliée… La louve que le frère de Mana, le chasseur que Laghou a sauvé, a aidée à se défendre contre des hyènes qui attaquaient sa meute pour voler leur proie, les a suivis tous le long du chemin, au grand désarroi de Mana qui n’a vraiment pas envie que cette bête la saigne à blanc dans la nuit, mais les motivations de la pauvre bête sont tout autres… Elle est pleine, et recherche la protection des humains pour mettre au monde ses petits. Son attitude intrigue Laghou qui la suit jusque dans une crevasse, suivi à son tour par une Mana réticente, qui se demande si ce pauvre boiteux n’est pas aussi percuté que les silex qu’il taille, juste au moment où les Hommes Sanglants rappliquent dans le coin, visiblement partis en expédition pour rechercher un peu de chair fraîche…
Laghou, le jeune tailleur de silex boiteux au grand coeur et au courage indomptable. © Emmanuel Roudier.
Finalement, ils sont sauvés des terribles cannibales par la cachette générée par la tanière de la louve et son odeur, car les bipèdes anthropophages ont aussi le nez fin bien que gros.
Bref, une fois passée la troupe sanguinaire, nos deux héros sortent de leur trou, en poussant un soupir de soulagement, et sur les traces des Hommes Sanglants qui semblent eux aussi se diriger vers la Forêt des Immortels où vivent leurs alliés du Clan des Mousses, reprennent leur périple. Laghou voudrait attendre un peu, pour savoir comment la louve va s’en sortir avec ses petits qui viennent de naître, mais le temps presse… Mana, comme son frère, est frappée par cette mystérieuse maladie qu’il leur faut à tout prix guérir avec la potion miraculeuse de leurs alliés forestiers…
Ainsi finit le « Cristal de Chasse ».Couverture de ce somptueux second tome, pure merveille du 9° Art ! @ Emmanuel Roudier et éditions Delcourt.
Mais dans le second tome, l’aventure continue, encore plus haute en couleurs que dans le premier, et ce, au sens littéral du terme ! Le dessin de Manu s’est encore amélioré, et ses personnages, déjà denses et bien dessinés, tant au physique qu’au moral, prennent en ampleur, tout comme ses paysages.
Laghou et Mana arrivent donc enfin chez les Moussus qui sont au désespoir : les Hommes Sanglants les ont attaqués, et ils ont enlevé plusieurs femmes dont la vieille U-Toh, la sage qui sait confectionner le remède miracle ! Ossaï, leur plus solide chasseur décide donc une expédition punitive pour récupérer la vieille femme et les autres qui ont été enlevées, et ainsi commence une nouvelle aventure palpitante !
Etude pour les personnages du Breuvage de Vie. © Emmanuel Roudier.
Laghou fera ainsi connaissance avec les Hommes Flammes, osera affronter les ennemis redoutables que sont les Hommes Sanglants, et reviendra enfin chez lui, nanti du « Cristal de Chasse », affronter son destin…
Et dire que Mimi et moi, dimanche prochain allons enfin rencontrer pour de vrai l’auteur de ces merveilleuses histoires somptueusement écrites et dessinées, c’est formidable ! Manu est un artiste abouti. Non seulement il écrit des histoires superbes, qui pourraient être publiées telles quelles sous forme de romans, mais en plus, ses dessins habillent ses récits d’habits rutilants et précieux, comme autant de robes de haute couture une superbe femme ! Et autant la superbe femme rehausse les robes magnifiques de sa beauté, autant le récit de Manu rehausse ses dessins à leur tour rehaussés par la splendeur de ce dernier… Bref, ça va être un grand moment !
Encore huit jours ! ! ! !
4 commentaires:
Tu es prolixe ^^ !
Son blog est trés sympa en effet^^
Ah mais les hommes superbes aussi avantagent et rehaussent la beauté des magnifiques robes!
Ton texte est magnifiquement écrit, Tinky. Tu as le sens du rythme et du mot exact.
Là où je me suis bien amusée par contre, c'est la mention d'« hommes », avec et sans majuscule (Hominidés et mâles) :D (terme que tu réserves aux néanderthaliens pas si pires alors que les cannibales et les plus « méchants » sont des bipèdes je ne sais plus quoi...) et la mention des hyènes que toi et Mimi aimez tant.
Amusez-vous bien en compagnie de l'une de vos idoles!
Et puis, Sébastien Chabal EST un néanderthalien. Il se demande comment tu n'as pas déjà reconnu ce fait!
Bonne soirée, Tinkyette qui écrit plus vite que son ombre!
Zed ¦) xoxox
@ Laurent,
Outre être un artiste à l'imagination remarquable et au talent franchement ahurissant, Emmanuel est aussi un remarquable savant, et un humaniste. Un "gentilhomme' tel qu'on le définissait à la Renaissance et au Temps des Lumières, un être épris de savoir, de divulguer ce savoir à travers son art, et ses idées humanistes et idéalistes.
@ Zed,
les "Hommes Sanglants" est le nom qu'Emmanuel Roudier a donné à sa tribu de Néanderthaliens adeptes de l'eucharistie gore. d'où la majuscule. Quant aux hommes avec la minuscule, ce sont les humains... Et d'ailleurs, la femme est un homme femelle, et l'homme une femme mâle, hein... :-D
Pour ce qui est de Sébastien Chabal, il avait été pressenti par Jacques Malaterre pour jouer le rôle du Néanderthalien héros de son dernier film "Aô, le dernier Néandertal", tiré du roman de Marc Klapczynski, "Aô, l'homme ancien", qui conte les aventures tragiques et mouvementées d'un jeune Néanderthalien, dernier de sa tribu, à qui il arrive toutes sortes de mésaventures mais aussi de connaître l'amour en la personne d'une délicate femme de Cro-Magnon,.. Mais notre Sébastien s'est avéré hélas trop grand pour jouer Aô, les Néanderthaliens mesurant en moyenne entre un mètre soixante-cinq et un mètre soixante-dix. On pense que certains ont pu atteindre le mètre quatre-vingt-dix, mais ils devaient être rarissimes. Et comme Sébastien Chabal flirte avec les deux mètres, il était effectivement trop grand.pour être crédible. Dommage, car avec lui, ils n'auraient pas eu de grands frais de maquillage en effet, mais moi, je le trouve vraiment magnifique, notre rugbyman !
A plus tard, les jeunes ! Bises !
Tinky :-)
Eh bien quel enthousiamse ! A côté de ça, mes tirades sur Mika et Sébastien Tellier son DU VEUHLOURS !!!! Zen, mon amie, zen ! Sans quoi, tu n'arriveras pas vivante au jour et à l'heure de ce rendez-vous tant attendu.
Mais il est vrai que les dessins et les histoires d'Emmanuel sont splendides et qu'il est fort sympathique aussi.
Biz et à bientôt.
Mimi
Enregistrer un commentaire