Ah, je ne vous l'ai pas dit ? Eh bien oui, j'aime beaucoup le rap, aussi, digne enfant du blues et du funk, des scansions des griots Africains ou de celles, hypnotiques, de James Brown, maître es Soul Music !!!
bref, ça fait 20 ans que nos rappeurs Marseillais font vibrer le français au soleil du Midi, pour dénoncer, avec truculence et brio, les injustices et la bêtise, mêlant parfois à la langue ensoleillée de Marseille quelques vocables issus d'outre Méditerranée.
Hier soir, tard, sur Canal+, j'ai vécu réellement un grand moment télévisuel, car on rendait hommage à ces six génies merveilleusement grandis sur le ferment des quartiers Nord de Marseille pour donner au monde leur éblouissant brio !
Ces six hommes, qui ont toujours admiré l'Égypte Ancienne et sa brillante civilisation mère de la nôtre et des empires Africains cruellement occultés par la colonisation, ont choisi, pour nom de scène, des noms de Pharaons ou d'architectes mythiques plus tard déifiés... Et là, ils ont réalisé un de leurs rêves les plus chers, aller en Égypte, pour voir les monuments dressés par les Anciens égyptiens, mieux, chanter à leur pied !
Associés à des musiciens locaux, à Khaled et à l'orchestre de l'opéra du Caire, ils ont hier soir présenté une prestation magnifique au pied des quarante siècles d'histoire nous contemplant, chers à Napoléon !!!
Le rap était revenu à sa terre d'origine, l'Afrique. Pourquoi les prêtres d'Amon ou d'Aton n'auraient-ils pas prié leurs dieux en scansions rythmées et psalmodies incantatoires proches de notre rap actuel par leur expression ?
Un poème comme l'Hymne au Soleil d’Akhenaton, mis sur une rythmique de percussions ferait sûrement un très bon rap... Si ça se trouve, c'est bien comme ça qu'on le récitait, ou du moins, que le pharaon hérétique, créateur du monothéisme, le récitait...
Bref, c'était un saisissant raccourci de l'histoire, baigné d'émotion et d'images sublimes, que nous ont offert ces kaïras marseillais qui, pour être kaïras, n'en sont pas moins intelligents, humains et sensibles ainsi que dotés de beaucoup d'humour et d'amour pour leur public qui le leur rend bien !
Car ils ne font pas que danser le mia, nos Marseillais ! Ils parlent aussi de la rue, de l'inspiration qu'elle donne au monde, ils dénoncent les fanatismes de toutes sortes, ou ils dédient à leurs mères une ode à une femme seule, extrait de l'album double "Ombre est lumière", qui est un rap sublime, en hommage à la mère courage de l'un d'eux, un poème, plus qu'un rap, qui m'a tiré des larmes, eh oui !
Comme quoi le rap n'est pas une musique de haine, de rancœur, mais peut aussi exalter les plus nobles sentiments humains au travers d'un moyen d'expression moderne et en même temps intemporel. Le rap n'est pas uniquement une musique revendicative, il est aussi notre poésie actuelle, et il en recouvre tous les aspects, de l'ode à l'éloge au pamphlet !
"L'Ode à une femme seule", je l'ai faite écouter à ma mère, avant sa mort, évidemment, qui a été très surprise de voir que ces grandes gueules de rappeurs avaient aussi des cœurs ! Elle a même écouté tout l'album avec moi, très intéressée par les textes riches et très bien fichus des gars d'I Am. Comme quoi, même les octogénaires peuvent avoir un petit fond de rébellion en eux.
Elle a été très surprise par la richesse du vocabulaire et les métaphores des Marseillais, et très émue, parfois, aussi.
Comme quoi, le rap peut être consensuel dans le sens positif du terme.
J'aime ces gars, ils ont mon âge, et ils sont géniaux !!!
1 commentaire:
Ah ben zut, j'ai loupé ça, tiens ! Moi aussi, je les aime bien, les gars d'I Am. Et ma propre mère, qui n'est pas très rap, m'a dit hier qu'Akhénaton était un garçon intelligent et cultivé ! Ce spectacle devait être aussi joli que celui réalisé par Led Zeppelin avec ces musiciens arabes. J'espère une rediffusion ! Vingt ans, tout de même ! Mais où sont-ils passés ?
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