vendredi 25 avril 2008

P'tite Tinky !

Je viens de découvrir ton message et je préfère y répondre par écrit plutôt que te téléphoner pour te réconforter car nous savons trop bien, toutes les deux, comment finirait notre conversation. Et comme tu le dis si bien, pleurer, ça fait du bien, mais ça ne fait pas avancer le schmilblick
Que tu aies été troublée et sincère en écrivant cet article ne fait aucun doute car, pour une rare fois, il est truffé de coquilles et de fautes de syntaxe mais on ne t'en voudra pas pour ça ! Laisse-le tel qu'il est, d'ailleurs ! Au naturel, que l'on perçoive ce que tu ressens !
Je sais ce que tu éprouves pour porter une croix semblable depuis onze ans et demi. Je sais aussi que je me retrouverai un jour dans ta situation et je ne peux envisager l'avenir qu'avec terreur.
Ta mère me manque à moi aussi. Moi qui n’ai jamais eu d’affinité particulière avec mes tantes et qui n’ai plus de grand-mère, je me l’étais un peu appropriée comme une proche parente. Moi aussi, j’ai eu l’impression de la percevoir quelques mois après son Départ, ce matin où je dormais chez toi et où j’ai entendu la porte de ta chambre s’ouvrir et sa voix qui t’appelait pour nous réveiller comme elle avait coutume de le faire lors de toutes nos vacances ensemble dans ta maison des Pyrénées.
Entendu ou cru entendre, peu importe. Cette maison était tellement imprégnée de sa présence, nous avions tant l’habitude d’y entendre sa voix et son pas. Lorsque, après sa mort, je me trouvais dans le séjour et tout aussi incapable que toi d’accepter sa mort, je m’imaginais qu’elle allait descendre d’un étage, souriante, comme à son habitude, un panier de linge sous un bras ou en train de tirer un caddy débordant de légumes du marché.
Et le matin, lorsque nous tardions à nous préparer, je n’aurais pas davantage été étonnée de la voir pousser la porte de notre chambre mitoyenne en nous lançant d’un ton léger : « Où en êtes-vous, mesdames ? ».
Si une chose pareille avait dû arriver, je n’en aurais même pas été effrayée tant nous avions l’habitude de sa présence. Cette maison des Pyrénées sans elle n’est plus la maison où j’aimais aller. Elle en était l'âme. Sans elle, ce n’est plus qu’une coquille vide !
Mais pas toi ! Toi, tu es une personne pleine de ressources, passionnée, instruite, souvent drôle, parfois pilable mais qui ne l’est pas ? Je le suis sûrement à ma façon !
Après le départ de ta mère, je me suis inquiétée pour toi. Je croyais effectivement que tu allais t’effondrer bien plus vite et bien plus lamentablement que ça ! Tu as suscité à cette époque bien plus que de l’admiration, chez moi : de la fierté ! Tu dis souvent – et je me demande encore pourquoi ! – que j’ai été un exemple pour toi. J’espère bien qu’à cet égard tu en seras un pour moi et que je saurai avoir ton cran quand viendra l'heure fatidique à laquelle je ne veux pas penser.
Maintenant, tu as le droit de lâcher prise et de pleurer. Tu vis seule : tu n’as pas à t’inquiéter de faire de la peine à tes proches. En plus, tu as affronté depuis ce drame bien d’autres tempêtes aussi terribles et aussi soudaines comme l’opération de tes yeux. Il est légitime que tu en ressentes aujourd’hui le contrecoup !
Laisse tes sentiments s’exprimer mais garde le cap tout de même ! Cesse de te détruire en somatisant et retourne voir quelqu’un cela doit t’y aider mais dis-toi bien que tu n’es pas plus mauvaise qu’une autre parce que le cimetière te rebute : moi aussi, je déteste y aller voir une simple pierre tombale ! Moi non plus, je ne peux pas me figurer mon père tel qu’il doit être, à présent, sous ce marbre. Je rends hommage à Papa autrement : en employant ses expressions inénarrables, en me le remémorant, en racontant à mes collègues des anecdotes à son sujet. C’est ainsi qu’il survit. Peut-être perdure-t-il d’une autre manière aussi mais de ça, nous n’avons aucune preuve. Qu’importe, si le simple fait d’y croire peut nous aider !
Bon, à propos d’aide, je ne sais pas si j’ai pu être d’un secours bien précieux. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que ma réponse est bien trop longue pour ne rester qu’un commentaire alors voilà : en tant que contributrice à ce blog, je rajoute un article dont j’espère qu’il t’aidera à retrouver un semblant de moral !
Et que les internautes qui me liront veuillent bien pardonner l’impudeur de mes propos.

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