Ça fait trop mal, d'avoir perdu celle qui pour vous est le centre du monde depuis trois ans !
Ca fait trop mal d'avoir refoulé sa douleur, sa peine pour que les autres, tout aussi en déliquescence que vous ne sombrent pas !
Je n'en peux plus ! J'en ai assez ! J'ai trop mal !
Depuis qu'elle est morte, je ne vis qu'un enfer qui est de plus en plus sombre, de plus en plus terrible ! Je tente bien de surnager, de m'intéresser à un tas de choses pour ne pas couler dans le puits sans fond de la dépression, mais elle me manque, elle me manque terriblement !
Du coup, je me mets a avoir encore plus d'allergie qu'avant au grand dam de mon entourage et de moi-même, j'ai toujours mal quelque part, c'est un grand cri que je voudrais pousser, mais je n'y arrive pas !!!
Alors je réagis à tort parfois, m'en prenant à des choses qui n'y sont pour rien, n'osant pas mettre le doigt sur la plaie encore à vif...
J'ai beau me dire qu'elle est en train de chanter avec les anges, là-haut, j'ai beau me dire qu'elle est souvent avec nous pour nous protéger, elle me manque, elle me manque terriblement, et j'ai l'impression d'être une fleur coupée, un arbre abattu qui n'attendent que de faner et de pourrir !
Quand elle est morte, j'ai juré de ne pas me laisser tomber, mais ça demande trop d'efforts ! Je suis plus épuisée que si j'avais fait la guerre du Viet-Nam ou celle du Golfe à moi toute seule, comme si je m'étais battue en Irak ou que les Twin-Towers m'étaient tombées sur la tête !
J'ai l'impression que le monde est mort avec elle, et j'avoue que si je n'avais pas eu mes amis et mes passions, je serais sûrement morte aussi !
Mais j'ai quand même trop mal ! Bien sûr, on ne peut pas vivre éternellement, sinon, on finirait sûrement par s'emmerder fermement, mais elle méritait de vivre un peu plus longtemps, afin de goûter davantage ce bonheur et cette paix qu'elle connaissait enfin après de longues années de souffrances, de vain labeur et de culpabilité...
Elle disait toujours qu'elle voulait mourir sans souffrance, avant de perdre la tête ou être une charge pour quiconque... Elle a été exaucée... Elle est morte en riant, entourée par les gens qui l'aimaient... Elle ne s'est pas vue partir, et elle est allée directement Ailleurs...
Vers Quoi ? Vers Qui ? Est-elle au sein de cette Grande Lumière qui est le début et la fin de tout ? Je n'en sais rien, et, parfois, je la sens autour de moi, j'ai son parfum qui flotte dans l'air de la pièce où je me trouve, j'entends encore sa voix qui m'appelle gentiment...
Elle est là sans y être, et c'est insupportable !
Le seul poème que j'aie jamais écrit, et qu'on lui ait jamais dit, ça a été pour son enterrement...
Ça n'empêche pas que je suis malade quand je vois sa tombe, que je n'arrive pas à me la figurer là-dedans, bouffée par les vers !
Elle était trop bonne pour finir aussi mal ! J'espère que, comme les mystiques ou les sages tibétains, elle ne sera pas altérée, jamais, et que son âme, si tant est que ce truc-là existe, connaît enfin la paix et le bonheur qu'elle méritait, que dans cet Ailleurs, elle a pu réaliser ses rêves, et qu'elle peut enfin porter les couleurs qui lui plaisent, chanter de l'opéra ou des opérettes, sans susciter la jalousie et le qu'en-dira-t-on qui lui ont empoisonné toute sa pauvre vie !
Et parce que sa vie n'a pas été heureuse, nous, ses enfants, nous avons craché à la face du destin, de la fatalité, brisant le cercle infernal, ou du moins, tentant de le faire...
A cause de son absence, je ne peux plus écouter de l'opéra, ça me la rappelle trop, elle avait une voix magnifique, même à quatre-vingts ans passés...
Mais elle nous manque, elle me manque, et ça fait trop mal... Maman !!!
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