dimanche 20 décembre 2009

Esoteria.

Dédié à Sam Degunst, artiste peintre.
Une de ses oeuvres récentes, présentée ici, m'a inspirée ce doux délire... Régalez-vous ! Et toi aussi, Sam ! 


Esoteria.

La navette intertemporelle avait quitté le Taïgorin, avec, à son bord, un équipage disparate, issu de toutes les époques et pays de la Terre. Parmi cet équipage, un quatuor de Néanderthaliens audacieux et farfelus, mais sympathiques, qui décidaient régulièrement de participer à toutes les aventures les plus folles qui se pouvaient trouver. Les autres membres de l’équipage comptaient dans leurs membres Jules César, Alexandre, et tant d’autres illustres guerriers d’autrefois.
Le temps relatif du bord était 20 décembre 3009, 15h57.
C’est à ce moment précis que les alarmes du bord éclatèrent en un tonitruant vacarme. Sur les scopes parut alors une planète inconnue, alors que par les baies de la passerelle, on ne voyait rien d’autre qu’un proche soleil et de lointaines étoiles qui étincelaient, multicolores, sur le velours noir de l’espace. Or, d’après les scopes, le vaisseau était très proche d’une planète inconnue, et d’ailleurs, sa force gravitationnelle l’attirait vers elle ! Les instruments ne pouvaient arriver à dégager l’appareil de cette fatale attraction, et le vaisseau se posa plutôt brutalement sur le sol heureusement plat de la zone planétaire où ils se retrouvaient coincés ! Il n’y avait eu aucun blessé grave, et l’équipage surpris découvrit via les baies vitrées, un monde verdoyant, couvert d’une forêt vierge immense, sous un ciel d’un violet vif de toute beauté.
Les couleurs de ce monde semblaient comme saturées, mais l’atmosphère et la gravité s’avéraient viables pour les êtres humains. Alors ? Comment se faisait-il qu’ils avaient été attirés comme par un aimant par cette planète inconnue et jusque là invisible ?  Y avait-il sur ce monde, des intelligences dotées de moyens techniques ou mentaux très élevés ? Pourtant, rien ne semblait prouver qu’il y eût une quelconque vie intelligente sur ce monde ! Les quatre Néanderthaliens, bâtis à chaux et à sable, capables de se sortir de n’importe quelle situation, tant par leur intelligence que leur puissance physique, furent volontaires pour une expédition exploratrice préliminaire.
Et comme ce monde était inconnu, ils gardèrent quand même sur eux les combinaisons protectrices que portaient tous les membres de l’équipage. Elles les rendaient invulnérables à toutes les armes perforantes, aux venins de toutes sortes et morsures ainsi que piqûres… Elles apportaient aussi une parfaite isolation thermique, ce qui garantissait une salutaire fraîcheur, car, sous ces frondaisons impénétrables et ce ciel violet, il régnait une chaleur épouvantable.
Nantis d’armes de toutes sortes, les préhistoriques s’avançaient dans la masse végétale, et ils découvrirent bientôt un sentier tracé par quelque énorme bête, qui perçait la forêt comme une veine un organe.
Ils découvrirent bientôt une grotte, dans laquelle la piste menait tout droit. Méfiants et intrigués, ils se postèrent dans les buissons alentour, et attendirent. Ils virent bientôt de petits êtres humanoïdes de couleur vert pâle et de petite taille pousser devant eux un troupeau d’oiseaux diversement colorés, qui ressemblaient à d’énormes poules ! Les plumages de ces volailles étaient dotés de coloris superbes, comme les aras terrestres. Et ces « poules » dépassaient les humanoïdes de plusieurs hauteurs ! À l’échelle humaine, elles mesuraient bien trois mètres au garrot ! Étonnés, nos amis se montrèrent, et tentèrent de négocier avec les petits humanoïdes qui leur arrivaient tout juste à hauteur du sternum, pour rencontrer leurs édiles.
Effarés, les petits êtres leur firent signe de les suivre, et les quatre Néanderthaliens, promus ambassadeurs de la Terre, se retrouvèrent introduits dans une superbe cité souterraine où les concrétions naturelles étaient mises en valeur par de savants éclairages fournis par des mousses phosphorescentes différemment colorées, et incroyablement lumineuses. Délian-Ka, Maïn, Anaïak et Wang-Ka regardaient tout autour d’eux, émerveillés. Les plus grosses des concrétions s’ornaient de sculptures délicates, et dans les grottes, certaines salles avaient été transformées en habitations ! Tout le souterrain réseau fourmillait de monde, et ils avançaient prudemment parmi les petits humanoïdes, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent devant une sorte d’estrade, dans la plus vaste salle, sur laquelle se trouvaient deux trônes occupés par deux humanoïdes mâle et femelle, couverts de bijoux fins comme dentelles d’or et de pierreries étincelantes, et ils s’inclinèrent poliment devant ceux qui étaient manifestement les édiles de ce peuple souterrain.
«- Enfin notre appel a été entendu ! Nous avons besoin de votre aide ! transmirent les deux humanoïdes, en des pensées d’une rare puissance.
- Que vous arrive-t-il donc, et où sommes-nous ? s’enquit, par voie télépathique aussi, Anaïak, l’un des quatre Néanderthaliens, étonné.
- Ce monde se nomme Esoteria. Nous avons développé nos psychismes pour le cacher des Silniens et autres ennemis de l’espace. Mais nous avons découvert que vos amis et vous, vous pourriez être nos amis et devenir nos protecteurs et défenseurs ! Alors, nous avons décidé de sortir de l’invisibilité, mais comme nous ne savons pas nous battre et que la violence nous fait horreur, nous demandons votre protection pour ce faire, d’abord ! transmit le psychisme de la reine.
- Mais votre invisibilité est pourtant une excellente protection ! Nos senseurs n’ont découvert votre monde que quand nous avons failli nous écraser ! transmit à son tour la claire et aimable Délian-Ka.
- Oui, mais nous ne sommes plus assez nombreux pour garantir cette invisibilité, c’est pourquoi nous vous avons appelés au secours. Nous savons que les Gardiens des Siècles, dont vous êtes, seront les meilleurs garants de notre paix future. Notre peuple était puissant, jadis, mais il se meurt d’avoir été si longtemps isolé de tout. Nous avons pourtant des choses passionnantes à léguer à l’univers, et nous préférons les léguer à des êtres paisibles et épris de justice tels que vous ! transmit à son tour le roi.
- Eh bien, votre demande nous honore, mais… Mais que voudriez-vous en échange ? demanda à son tour Maïn.
- Juste votre amitié, et la garantie que notre savoir ne disparaîtra jamais, contrairement à nous ! Nous avons tant à vous offrir, et nous risquons de disparaître si vite ! expliqua tristement la reine.
- Mais les Gardiens des Siècles sont là pour préserver ce qu’il y a de mieux et de meilleur dans l’univers ! fit à son tour Wang-Ka.
- Alors, vous allez emmener avec vous ces enfants et ces Shapis : les enfants sont l’avenir qui nous reste, et les Shapis seront un moyen de lutter contre la faim sur différents mondes ! Nous pourrons mourir tranquilles. Et ce monde pourra être une de vos bases désormais ! transmit le roi.
- Mais ces enfants… Ils n’auront plus personne de connu autour d’eux ! dit Anaïak, attristé.
- Ils sont notre ultime espoir, et si, ils ont en eux tout notre savoir. Partez avec eux, avant que nous ne mourrions ! Le compte à rebours a déjà commencé ! Emmenez ces vingt enfants avec vous, et ces vingt Shapis ! Demain, ce monde sera votre, et notre savoir aussi ! expliqua la reine, doucement.
- Mais, il n’y a donc pas une autre issus que mourir, pour vous ? s’enquit à son tour Maïn, apitoyé.
- Nous sommes très vieux, tous, ici. Ces enfants sont les derniers qui ont pu naître. Les derniers et les seuls, pour toute la planète. Notre règne est fini, et nous mourrons paisiblement cette nuit. Allez, les amis, sauvez ce qui peut l’être encore et que les Dieux vous gardent !».
Les quatre amis ne purent émettre aucune protestation… D’une chiquenaude mentale, les habitants d’Esoteria les avaient téléportés à bord de leur navette avec les enfants ! Les Shapis, eux, faisaient un barouf d’enfer dans la cale.
Les Ésotériques, ainsi que les membres de l’équipage nommèrent les habitants de ce monde mystérieux moururent effectivement pendant la nuit, et alors que la navette était dans l’espace, pour rejoindre le Taïgorin, et présenter ce nouveau monde au conseil impérial de Toïnka, la planète apparut soudain, resplendissante émeraude dans l’espace !
Le capitaine de l’expédition stellaire, Jules César lui-même, eh oui, signala donc au Taïgorin, la base intertemporelle mère la découverte de ce nouveau monde et l’arrivée à bord des vingt Ésotériques juvéniles, et des fameux Shapis qui devaient, selon eux, les aider à résoudre la faim sur plusieurs mondes stellaires de la Voie Lactée et ce, sur plusieurs secteurs temporels !
La nouvelle fut transmise à l’empire Toïnkien, et ce monde d’Esoteria devint le quarante et unième de l’empire. Quant aux Shapis, ils furent étudiés avec douceur par les biologistes, et devinrent effectivement la manne pour nombre de mondes. Ils se reproduisaient en effet plusieurs fois par an, et avaient des couvées très nombreuses. Ils pondaient des œufs différemment colorés, et quand on les cassait, on découvrait que les couleurs de leurs plumages se retrouvaient aussi dans le œufs dont le « jaune » l’était rarement !
Ces œufs s’avéraient parfaitement comestibles et nourrissants, aussi. Seulement, ils possédaient des vertus inattendues, dont celle d’accroître d’une façon remarquable les talents psychiques des personnes qui les mangeaient. Or, l’empire toïnkien avait besoin de gens aux psychismes développés pour assurer sa protection ou bien d’autres choses importantes aussi.
Le legs d’Esoteria s’avérait finalement fort précieux, et les omelettes psychédéliques des mets de choix !
Quant aux enfants d’Esoteria, ils furent reçus comme des princes d’une lointaine nation, ce qu’ils étaient, en quelque sorte, et plusieurs familles les adoptèrent parmi elles. Un nouvel avenir s’offrait pour ce peuple mystérieux, et leur monde devint effectivement le nouveau port d’attache du Taïgorin, car les cités souterraines renfermaient des connaissances étonnantes et immenses, que les savants qui vivaient dans la base intertemporelle mettraient des siècles à étudier !
Les Shapis sauvèrent de la famine plusieurs mondes, et, dans leur grande compassion, les membres de l’empire Toïnkien décidèrent d’exporter cette viande saine et nourrissante vers la Confédération Terrienne qui souffrait de pénurie alimentaire depuis des siècles.
Mais ils évitèrent soigneusement d’exporter les œufs miraculeux, les habitants de la Terre et de ses colonies spatiales au trentième siècle ayant trop perdu toute notion d’éthique pour qu’on leur confiât une denrée si précieuse.
Les Terriens du trentième siècle devraient faire leurs preuves avant d’avoir le droit aux omelettes psychédéliques… Ceux qui de toute façon en absorbaient étaient aisément repérables : ils devenaient phosphorescents dans la nuit. Aussi, pas de risques de voir ces œufs providentiels atteindre cette Confédération Terrienne si mal famée.

Les œufs au plat de l'an 3000, issus de poules extraterrestres. © Sam Degunst. 

Mais en attendant, la base intertemporelle Gamma, dite Taïgorin, avait un monde magnifique comme port d’attache, et ce monde magnifique regorgeait de ressources inouïes ! Le legs des Ésotériques devait être protégé envers et contre tous, mais surtout communiqué à toute la Voie Lactée, enfin, aux mondes rattachés à l’empire Toïnkien et à ses alliés.
Une nouvelle ère s’ouvrait pour les Gardiens des Siècles. Quant aux omelettes de l'an 3000, issues de poules extraterrestres, elles allaient accroître l’évolution des intelligences d’une manière époustouflante !         
      
     

3 commentaires:

Sam a dit…

Aaaaaaaaaaaaah jubilatoire !!!! Qu'est-ce que tu écris bien !!
Sam

Tinkyfurax a dit…

Merci ! Je suis contente que ce petit récit t'ait plu ! Tu pourras même l'adjoindre à ton œuvre, si tu veux... Tes admirateurs verront que tes œuvres sont pour le moins inspirantes !

Anonyme a dit…

Hahaha ! Excellent et mignon ! Si ne ne savais pas que tu as été inspirée par les oeuvres de notre Sam je me demanderais ce que tu as fumé !