mardi 15 février 2011

Doux délire inspiré par celui de Mimi.#1

Comme promis deux articles plus tôt, voilà la suite de la mésaventure de préhistorien désobligeant qu'Anaïak et Maïn, deux des Néanderthaliens faisant partie du personnel de la base inter-temporelle Gamma ont expédié dans leur propre époque natale pour le punir de son attitude désobligeante à leur endroit, et surtout, à celui de leurs douces mies respectives... Se reporter ici pour le début de l'histoire...

Un préhistorien en pré-hystérie.
Dans l’enfer de glace.
Sitôt que ces deux types de Néanderthal le relâchèrent, il se retrouva précipité dans un vrai cauchemar !
Il se retourna vers ses tourmenteurs, baste, la base intertemporelle et ces deux escogriffes chevelus et bas du front avaient disparu ! Et il faisait un froid terrible, sur la vaste plaine enneigée où il se trouvait… Une plaine ? Une toundra, plutôt, dont l’âpre monotonie était rompue, ça et là par de maigres bouquets d’arbres, et, dans le lointain, une chétive forêt-galerie faite de saules et de bouleaux étiques, tordus à tous les vents de la Création ! Au-dessus de lui, le ciel dégagé, d’un bleu intense et cruel révélait tous les détails de cet éblouissant paysage morne et glacial avec une netteté redoutable.
Il s’avança vers la forêt-galerie, comme un somnambule, se demandant bien dans quel Enfer il pouvait bien se trouver… Soudain, une odeur franchement insultante et indescriptible lui parvint… Il sentit un violent coup à la tête, puis ce fut le black-out !
La fosse aux ours.
Quand il revint à lui, avec une abominable migraine et l’impression que son crâne allait exploser, il rouvrit les yeux sur l’impensable ! Il était au fond d’un grand trou, une espèce de doline bien abrupte, autour de laquelle une méchante palissade faite d’épieux bien solides et pointus servait de garde-fou, à moins que ce ne fût un rempart visant à empêcher la fuite de ceux qui étaient dans la doline… Et d’ailleurs, il n’était pas seul ! Il y avait là cinq hommes, et trois trucs camouflés sous des espèces de masques qui semblaient être des femmes, et les bonshommes semblaient de la même tribu que les deux excités qui l’avaient expédié dans cet univers glacial… Il se dressa sur son séant, et s’avança vers eux, pas content. Mais oui, ce type brun, avec ce collier de dents, c’était le même imbécile que celui qui l’avait jeté ici, avec son acolyte blond ! Et d’ailleurs, où était-il, ce grand imbécile blond ? Il ne lui avait pas épargné ses sarcasmes et il avait deux mots à lui dire !
Donc, sans plus réfléchir que ça, Monsieur Limbu se précipita vers le Néanderthalien brun au collier de dents, et lui cria après :
«- Non mais dis donc, espèce de pauvre crétin ! Et tu crois que c’est comme ça que je vais vous considérer comme des êtres humains qui seraient mes égaux intellectuellement ? Eh bien, tu t’es joliment trompé, pauvre rabougri du bulbe ! Et ces trois femelles masquées, là, je parie que deux d’entre-elles sont cette furie blonde obsédée et cette rouquine enragée qui m’ont si bien ennuyé tout à l’heure ? Par ici, vous autres, que je vous voie d’un peu plus près ! ! !».
Ce disant, il était passé au ras du Néanderthalien brun qui ressemblait en effet à Anaïak, et il se dirigeait vers les trois femmes tassées les unes contre les autres au pied de la paroi rocheuse assez abrupte de la doline, dans le but de découvrir parmi elles ses tourmenteuses de tantôt.
Il tenta donc d’arracher le masque de l’une des filles, mais une poigne robuste le retint in extremis et un poing énorme s’abattit sur lui, lui réveillant d’un coup sa sévère migraine plus que jamais ! Mais il n’était pas assommé, même s’il était un peu vacillant, l’autre avait été stoppé net dans son élan vindicatif par un parti de types dépenaillés, crasseux et puants plus que dix charognes bien faisandées réunies, qui s’abattirent sur lui, pieds et poings, ainsi que vociférations terrifiantes après avoir bondi par-dessus la barrière d’épieux de la fosse et atterri six mètres plus bas, en de souples bonds de fauves !
Du coup, les autres Néanderthaliens qui étaient dans la fosse avec lui, oui, même ces filles qui semblaient prisonnières, volèrent à la rescousse du premier gars, mais les Néanderthaliens crasseux et dépenaillés, bien plus répugnants que ceux avec qui il était au départ dans la fosse, s’en prirent aux autres bonshommes, après avoir lancé avec une vigueur effrayante les trois filles contre la paroi de la doline où elles se cognèrent, calmées pour le compte ! Mais là, les cinq premiers Néanderthaliens avaient fort à faire avec ces brutes crasseuses, tout aussi néanderthaliennes, d’ailleurs ! Et il eut in vivo la démonstration de la force terrible de ces êtres, de leur incroyable agilité aussi, ainsi que d’une violence qu’il leur avait toujours imaginé, mais il se tint prudemment à l’écart de la rixe, observant avec le froid détachement du scientifique qu’il était !
Qu’est-ce qu’ils se mettaient ! Un combat de catch, c’était presque un ballet classique et lent, à côté de ça ! Même les acteurs de film de karaté n’avaient pas cette agilité surpuissante, cette force de prédateur, cet élan assassin de fauve enragé ! Ces êtres étaient de vrais Berserkers, ils étaient franchement redoutables !
Et ce furent les Néanderthaliens crasseux qui eurent raison des Néanderthaliens moins sales et tatoués avec art de spirales noires et rouges.
D’ailleurs, il n’aurait jamais pensé qu’il pouvait y avoir des tribus si tranchées dans leurs différences, à l’époque… Et ces types-là n’étaient en rien des acteurs déguisés, ils avaient une manière de se mouvoir, une force telles qu’ils étaient réellement ce qu’ils semblaient être, ce qui était franchement hallucinant. Il devenait fou, ou quoi ? Depuis vingt ans qu’il travaillait avec Svante Pääbo à Leipzig, on avait découvert des choses surprenantes sur les Néanderthaliens, notamment, qu’ils s’étaient mêlés, quelle horreur, avec Sapiens, mais ça, c’était trop fort… Il devait être surmené, car de jour en jour, les découvertes s’accumulaient, mettant bien à mal toutes ses convictions et notamment les préjugés qu’il avait à l’encontre de la gent paléanthropienne…
Pourtant, les brutes épaisses et cradingues correspondaient tout à fait à l’idée qu’il s’était toujours faite des Néanderthaliens ! Il râlait de voir qu’on les présentait à présent comme des humains à part entière, et relativement fréquentables, en plus ! Il trouvait que c’était un romantisme de colonialiste qui culpabilisait et regrettait d’avoir si mal traité ceux qui ne lui ressemblaient pas !
Bref, les types crasseux repartirent, laissant sur le carreau les cinq Néanderthaliens bel et bien out ! Mais étaient-ce réellement des Néanderthaliens ? Ils étaient certes râblés et costauds, mais ils étaient vêtus plutôt avec recherche, ceux-là, ils avaient des tatouages, et des bijoux relativement sophistiqués, même s’il y entrait peu de matières animales.
Fasciné, il s’approcha du brun au collier de dents, et l’examina soigneusement, profitant de ce qu’il était évanoui.
Là, allongé de dos sur le sol, sa figure était bien dégagée de sa chevelure épaisse, longue et hérissée, et quelle figure ! Elle avançait un peu comme un museau, il avait un grand nez large et conséquent, sa bouche bien dessinée, là entr’ouverte, dénudait des dents larges et robustes, bien plantées, et parfaitement blanches, contrairement à ce qu’il imaginait aussi, tout comme nombre de ses contemporains.
Mais le plus stupéfiant était le front du gars, là bien dégagé des longs cheveux noirs. Il était bas, fuyant, orné d’une spirale tatouée, les cheveux étaient implantés en pointe sur ce petit front, mais le plus stupéfiant était bien la double arcade osseuse du torus-sus-orbitaire, là bien visible ! Fasciné, il toucha délicatement ce visage incroyable, et ne put que constater qu’en effet, c’était bien de l’os et non pas un masque de latex, ainsi qu’il s’en assura toutefois en tirant un peu la barbe soigneusement taillée du bonhomme. N’en croyant pas ses yeux, il réalisa le même type d’examen sur les quatre autres hommes, constatant qu’ils étaient réellement ce qu’ils semblaient être, et fut bien marri quand, examinant le dernier, qui portait autour du cou, en plus d’un collier de dents, des griffes d’ours des cavernes, et un diadème de griffes du même animal autour de son petit front, d’ailleurs, une dure main s’abattit sur lui pour l’écarter de l’homme avec fermeté. Il se retourna, et eut un sursaut !
L’une des captives masquées s’était réveillée, et c’était elle qui venait de l’écarter rudement du jeune homme qu’il examinait avec stupeur… Mais ce qui l’acheva, ce furent les yeux de la captive, bien visibles derrière son masque, qui étincelaient comme ceux des prédateurs la nuit, d’un éclat rouge franchement épouvantable ! Il poussa un cri et battit en retraite, comme la jeune femme s’agenouillait près du jeune homme, prenait sa besace, la fouillait à la recherche de Dieu savait quoi, et, trouvant ce qu’elle cherchait, se mit en devoir de le faire avaler au jeune gars toujours out.
Les bras et les mains de la fille prouvaient à eux seuls qu’elle était tout aussi néanderthalienne que les gars, mais Dieu savait quelle couleur elle devait bien avoir au départ, parce qu’elle était, outre son masque, couverte de peinture d’ocre rouge, exactement comme les femmes Himbas de Namibie ! Les deux autres, par contre, étaient peintes en blanc.
Ils avaient visiblement des mœurs assez tordues, dans cette tribu-là ! Parce que les filles étaient entravées et elles étaient cachées sous ces masques. Pourquoi donc ? Pour ne pas qu’elles échappent à leur ravisseur et que d’autres hommes les voient ? Il avait vu que les crasseux, eux, étaient de belles teignes, mâles et femelles confondus, et ces dernières étaient tout aussi repoussantes que leurs bonshommes, si tant est qu’on puisse qualifier ces féroces primates malodorants des « bonshommes » !
Aidés par la jeune femme, les hommes revinrent enfin à eux, et le jeune homme à la couronne de griffes d’ours remercia gentiment la jeune femme peinte en rouge, souriant, et lui serrant les mains avec effusion ! Il lui dit quelque chose d’un ton aimable et doux, et la fille lui répondit par signes, à la grande stupeur du savant. Allons bon ! Elles n’avaient pas le droit à la parole non plus ? Quel peuple était-ce donc là ? Les autres affreux d’en haut semblaient tout de même plus libéraux avec leurs viragos, car tout ce monde répugnant jacassait à qui mieux-mieux un idiome guttural et grondant à faire peur aux ours eux-mêmes !
La langue des hommes dans la fosse avec lui était tout autre. Gutturale aussi, elle était pleine de diphtongues, et plus élaborée aussi que celle des citoyens du dessus ! D’ailleurs, ceux-là, par-delà la barrière d’épieux, les regardaient en riant méchamment, les désignant du doigt, et, parfois, leur lançant des trucs difficilement identifiables dessus ! Et ils riaient encore plus après ce type de discutable exploit.
À moment donné, toutefois, ils descendirent une espèce de plate-forme sur laquelle étaient disposées des provisions dont certaines semblaient ma foi tout à fait appétissante et dégageaient un fumet tout à fait engageant ! C’est là que Monsieur Limbu réalisa qu’il n’avait rien mangé depuis un bon moment et qu’il avait vraiment très faim ! Sans plus réfléchir que ça, il se précipita vers les provisions, et se servit sans hésiter une grande tranche de viande bien cuite qui semblait n’attendre que lui ! Il s’empara de la chose très vite, craignant que les Néanderthaliens de la fosse ne l’écartassent brutalement du plateau pour s’accaparer tous les vivres, et fut bien surpris quand il s’avisa que les cinq hommes le regardaient avec une stupeur horrifiée et même de la pitié !
Et pourquoi ne mangeaient-ils pas, eux ? Il leur faisait peur, ou quoi ?
« - Ben alors ? Vous ne mangez pas, vous autres ? Vous avez peur d’être empoisonnés, ou vous croyez, parce que je l’ai touchée, que cette nourriture est impure ? Ne me dites pas que je vous faire peur, tout de même, ça m’étonnerait beaucoup ! Parce que quand j’ai voulu voir à quoi ressemblaient vos femmes tout à l’heure, tu étais prêt à me castagner, toi, et heureusement que les autres sont venus vous calmer, parce qu’à l’heure actuelle, je serais très probablement mort au moins dix fois !», lança-t-il, narquois, à l’homme qu’il pensait le chef du petit groupe, le gars au simple collier de dents mais aux cheveux hérissés dans tous les sens. D’ailleurs, les autres aussi, avaient des colliers de dents, mais celui-là, il ne savait pourquoi, lui semblait plus apte à commander que les autres, même l’individu au diadème de dents d’ours. D’ailleurs, ce type-là comme celui qui semblait le chef étaient plus tatoués que les autres. Donc, ça devait être le chef, et celui aux griffes d’ours, le chaman ?
Et la captive peinte en rouge, elle avait quel rôle dans ce peuple ? Le rouge, normalement, signalait un statut à part, ou quelque chose de sacré, pour nombre de peuples traditionnels. Bah, peu importait, il avait faim, et il n’allait pas attendre que les autres daignassent approcher ! Struggle for life !
Il continua donc à se gaver, il faisait froid, il fallait qu’il puisse tenir le choc, et pour tenir le choc, étant donné qu’il portait des vêtements insuffisamment chauds, il fallait des calories, et pour les acquérir, manger, ce qu’on pensait que faisaient les Néanderthaliens, d’ailleurs, dont on avait toujours supposé qu’ils avaient un appétit redoutable ! Or, ceux-là n’avaient pas l’air tenté du tout par les mets qu’on leur proposait ! Peut-être était-ce dû, aussi, à l’hygiène plus qu’approximative de leurs si rudes hôtes ! Et qu’allaient-ils leur faire, à la fin ? Ils n’allaient pas rester dans cette fosse à perpétuité, tout de même !
C’est à ce moment-là qu’ils s’approchèrent à leur tour du plateau, et celui qui semblait être le chef, lui désigna la nourriture en faisant de violentes dénégations. Quoi ? Il ne voulait pas qu’il mange ? Le gars avec de grands gestes désignait les crasseux qui, du haut de la fosse les regardaient en ricanant, puis il prit le bras du préhistorien, le tâta d’un air gourmand, et désigna les crasseux d’un geste large, en faisant mine de manger quelque chose !
Quoi ? Ce n’était pas suffisamment bon pour eux, ce qu’on leur avait servi là ? Ils voulaient le manger ensuite, après qu’il ait mangé ces provisions ? Il était prisonnier avec des cannibales ? Et ceux-ci voulaient le dévorer ? Horrifié, le malheureux savant se dégagea de la puissante main du chef, et lâcha ce qu’il mangeait, partant à l’autre extrémité de la fosse ! Là haut, les autres riaient bien de ce qu’ils voyaient. Ça devait être sûrement très drôle, selon eux !
Captivité.
Quelques heures plus tard, les Néanderthaliens de la fosse étaient assis en cercle autour d’un petit foyer, alors que lui se gelait fermement… N’y tenant plus de froid, il s’approcha et s’installa sans vergogne. L’un des hommes s’avisa qu’il était gelé, et il posa sur ses épaules, sans rudesse, une épaisse pelisse bien velue qu’il sortit d’un sac qu’ils avaient avec eux. Sans hésiter, le savant endossa la belle fourrure épaisse, une fourrure d’ours brun, et apprécia de suite la saine chaleur qui commençait à revenir en lui. Il remarqua aussi que les femmes mangeaient autour d’un autre foyer, à part, et qu’elles se cachaient précautionneusement pour ce faire. Il se demandait quelles têtes elles devaient avoir. Finalement, tout Néanderthaliens qu’ils étaient, ils étaient bien moins laids que ce qu’on avait imaginé pendant des années, et même les deux furies de la veille étaient loin d’être laides ! Et c’était ça, le plus agaçant ! En plus, la rousse l’avait percé à jour, et avait compris qu’elles ne lui étaient pas indifférentes, son amie et elle ! Et elle avait raison ! Elles étaient finalement attirantes, ces femmes ! Et ça, c’était franchement honteux ! Trouver du charme à des êtres aussi différents de lui ! Des Néanderthaliennes, en plus, des créatures qu’il avait toujours considérées comme limitées et stupides… Or, ce qu’il voyait autour de lui était très loin d’être des comportements stupides !
Ces gens avaient des rites. Des usages, une culture, une technologie rudimentaire, certes, mais néanmoins réelle et efficace ! Ils semblaient avoir des croyances complexes et sophistiquées, et leur langue semblait bien élaborée aussi. Exactement ce que ses collègues avaient découvert tant par leurs fouilles que par les recherches génétiques concordait pour présenter non plus une brute épaisse déchaînée, si on exceptait les crasseux en-dehors de la fosse, mais bien un être humain accompli et digne en effet de respect et de considération, même si les usages de cette tribu-là, avec les femmes, semblaient franchement machistes et totalement tordus ! Ah, que ne parlait-il leur langue ! Il aurait voulu les convaincre qu’on ne traitait pas les femmes, même de Néanderthal, comme ça !
Mais bon. Le simple fait de se retrouver là, à côté de cas aussi fascinants que ces êtres-là était déjà énorme, et il daignait s’en contenter, bien ennuyé de devoir remettre toutes ses idées en question, simplement par la seule attitude de ces êtres.
Car malgré le fait qu’elles soient captives, les femmes n’étaient pas traitées durement. Étonnamment les hommes leur parlaient gentiment, doucement, et avaient des gestes doux, gentils, avec elles.
Et les femmes, même si elles baissaient modestement les yeux, semblaient apprécier d’être ainsi traitées. C’était aussi vieux que ça, le syndrome de Stockholm ? Des milliers d’années avant la fondation de cette ville, ça existait donc déjà ? Et d’ailleurs, d’où sortaient-elles, ces femmes, pour accepter un traitement pareil sans sourciller plus que ça ? C’étaient des femmes de la tribu de crasseux au-dessus, et c’est pour leur faire rendre gorge qu’on les avait emprisonnés, ces hommes et elles ? Pour un amour interdit ? Elles s’estimaient plus heureuses prisonnières que libres ? Dans quelle tribu avaient-elles donc grandi, pour supporter un tel traitement ? N’avaient-elles aucune dignité ? Aucune fierté ?
Les questions se bousculaient dans le crâne du pauvre savant, et il finit par s’endormir, sans se rendre compte qu’il s’appuyait mollement contre l’épaule de celui qui semblait le chaman !
À moment donné, il rouvrit les yeux, et fut bien surpris de se trouver posé sur une sorte de matelas en peau et recouvert d’une belle peau de renne bien chaude et confortable. Il était d’ailleurs dans l’espèce de cabane qui était érigée dans la fosse et qui visiblement leur servait d’abri. Il tourna la tête, et avisa dans l’ombre, les autres qui dormaient profondément, enfin presque, installés, comme lui, sur ces sortes de litières pas si inconfortables que ça.
Il se rendormit, pas plus inquiet que ça, la tête remplie de questions.
Plusieurs jours passèrent ainsi. Lui mangeait comme un ogre, et les autres touchaient à peine la nourriture, ne consommant que le strict minimum pour ne pas mourir tout à fait ! D’ailleurs, les sauvages répugnants d’en haut semblaient désappointés qui remontaient le plateau toujours largement plein de nourriture !
À tel point qu’un crasseux descendit, et commença par les regarder, tous, avec attention, et il eut un sourire radieux en s’avisant que le pauvre Monsieur Limbu était franchement replet ! Il s’en frotta les mains de satisfaction, et remonta à l’aide d’une corde à nœuds qui fut bien vite retirée sitôt qu’il fut en haut !
Limbu était terrifié… Les dents de cet être répugnant de crasse étaient très blanches, mais taillées en pointe ! Alors, ça, normalement, c’était inimaginable ! On n’avait jamais retrouvé de fossile avec des dents ciselées de cette manière ! Certes, sur plusieurs centaines de milliers d’années, on n’avait qu’une petite vingtaine de squelettes à peu près complets, et si tous présentaient des dents plus ou moins nombreuses ou usées, aucune n’était taillée comme ça ! Et les seules choses de propre, chez ces êtres, étaient leurs sclérotiques et leurs dents ! Ils étaient effrayants, et ils puaient vraiment pire que des hyènes en chaleur ! Et là, il avait clairement vu les « bijoux » que ces brutes portaient… Le collier de celui qui était descendu dans la fosse, pour une fois hors de ses fourrures miteuses et mal tannées, était une mâchoire humaine, un maxillaire nanti de toutes ses dents, enfilé sur un simple lien de cuir passé autour du cou d’aurochs du néfaste individu.
C’était franchement contestable, comme joaillerie, mais qui sait ? C’était peut-être un souvenir d’un être cher ? Ses idées, malgré l’attitude des Néanderthaliens de la fosse vis-à-vis de la nourriture et ce qu’avait tenté de lui faire comprendre l’un d’eux ne voulaient pas se faire un chemin dans sa tête… Les cannibales n’étaient pas dans la fosse, c’étaient ceux d’en haut !
Les immondes craspecs !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quel suspense ! La suite ! La suite ! En tout cas, je suis contente que mon petit délire t'ait inspirée à ce point-là !