Pitch pour la Saison 5 #2 : Xanassic Park (continuation)
Là, ça commence à dépoter grave, les potes !!! La lutte est engagée, tant sur Lyokô que sur Terre ! Et ça fait du vilain !
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Kaïra, la pauvre, était prise dans la glace qu'avait envoyée sur elle un des Blocks, et elle était totalement inopérante !
Niya bondit à la rescousse de sa douce mie, explosant au passage plusieurs Frolions, un des Kankrelats et un Block ! Fou de colère, il se posta près de sa compagne, prêt à réduire ce qui s'en approcherait de trop près en charpie ! Il en grondait même comme un fauve, prêt à bondir !
"- Mais calme-toi, voyons ! Ça n'est que l'affaire de quelques minutes, tout au plus ! rit Kaïra, posant sa seule main de libre sur l'épaule puissante de son compagnon.
- Mouais, ben il suffirait d'un rien pour que tu te fasses dévirtualiser, et je n'aimerais pas que ça t'arrive ! ronchonna Niya.
- Mais enfin, une dévirtualisation, ce n'est pas la mort, voyons ! rit-elle, tendrement amusée.
- Oui, mais je n'aime pas qu'il t'arrive quoi que ce soit de désagréable ! Et ce n'est pas agréable, une dévirtualisation ! dit Niya, boudeur.
- Allez, va plutôt aider Ulrich, au lieu de faire le planton ! Il est en train de se faire chauffer les fesses, là ! ! !".
Chassé par sa douce, Niya alla donc porter secours au jeune Lyokoguerrier.
De fait, Ulrich bondissait de toutes les façons possibles et imaginables pour tenter d'échapper aux tirs des Blocks et Tarentules qui le canardaient allègrement ! Et au milieu de ce feu d'artifice, le samouraï futuriste se déchaînait, embrochant Tarentule ou Block passant à sa portée, malgré le risque de se faire dévirtualiser !
Niya s'envola alors et canarda les plus dangereux des monstres de sa situation élevée ! Là aussi, les Frolions furent englués par le Néanderthalien, et la masse gluante et molle tomba ensuite sur deux Blocks !
Ne restaient en lice que trois Blocks, dix Tarentules et deux Kankrelats... Des hauteurs, Niya surgit, tel un démon vengeur, à la rescousse d'Ulrich, qui, en dépit de ses triplicatas, triangulaires et autre supersprints arrivait tout juste à s'en tirer, à cause du nombre de ses adversaires qui, en plus, avaient visiblement été dopés par Xana ! Ces saletés de Tarentules en effet tiraient sans discontinuer, et émettaient de vrais murs de rafales laser entre lesquelles passer pour toucher la cible sur leur tête et les éliminer était une vraie folie ! Ulrich parvenait parfois à bondir par-dessus les monstres, mais ils se retournaient promptement et reprenaient leur mitraillage, sans discontinuer ni même perdre l'équilibre, les affreux ! Niya englua donc les Tarentules les plus éloignées d'Ulrich, cinq enragées qui se retrouvèrent donc figées pour le compte dans l'ambre, malheureusement, les rayons de l'une d'elles avait atteint la pauvre Kaïra qui fut dévirtualisée ! ! ! Niya émit un feulement de tigre a dents de sabre atteint de carie, et plongea en piqué, décochant ses flèches empoisonnées sur les adversaires les plus proches d'Ulrich... En quelques secondes, elles furent toutes exterminées, trois pour Ulrich, deux pour Niya, et le jeune préhistorique se posa enfin sur le sol, essoufflé mais en même temps hors de lui :
" - Mais enfin ! Elles sont bien coriaces ! Elles ont réussi à dégommer la pauvre Kaïra, ces abominations !
- T'inquiète pas, elle doit être dans un scanner de ta base intertemporelle, saine et sauve !
- Non ! Elle n'y est pas ! Intervint la voix de Franz.
- Par contre, elle est ici ! dit jérémie, étonné ! Je vais la chercher, voir dans quel état elle est, en espérant que l'air du vingt-et-unième siècle et sa pollution ne lui seront pas fatals !
- Mais enfin ! Une Néanderthalienne, très mignonne et charmante au demeurant, n'a absolument pas sa place à mon époque, la pauvre ! C'est comme si Yumi atterrissait dans ta tribu, Niya ! fit Ulrich, horrifié. Sans compter que si on la repérait, Dieu sait ce qu'il lui arriverait, à ta mignonne Kaïra !
-Eh ! Tu as une Japonaise à t'occuper, non ? fit Niya, suspicieux.
- Euh, désolé, j'ai quand même le droit de dore qu'elle est mignonne, non ? fit Ulrich, pas tranquille.
- Soit ! C'est vrai qu'elle est jolie, intelligente, aimable, parfaite, quoi ! Sûrement comme ta Yumi, qui est très belle, pour toi ! consentit le préhistorique.
- Tu as raison ! Mais enfin, entre tes deux amis qui sont Dieu sait où et quand, et Kaïra qui est à mon époque, il semble fort que Xana ait changé d'ennemi et qu'il en ait conclu que vous étiez finalement plus dangereux que nous ! dit Ulrich, se grattant ses cheveux hérissés.
- J'ai bien l'impression que tu as mis le doigt dessus ! Et en plus, cette tour est toujours activée ! dit Niya, avisant le halo rouge qui auréolait toujours le bâtiment immaculé et étincelant dans la claire nuit du Territoire de la Banquise.
Les deux nouveaux amis restèrent là, à attendre que les autres les rejoignent, inquiets pour les translatés disparus et Kaïra matérialisée dans le futur... Les trois Blocks et les deux Kankrelats, eux, avaient fui !
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Dans le Territoire de la Forêt, Wang-Ka et Odd, par contre, s'étaient longuement promenés avant d'arriver à proximité de la tour activée... Là aussi, le comité d'accueil était particulièrement sympathique... Quinze Mégatanks, deux cents Frolions, cent Kankrelats, quatre-vingts Tarentules, cinquante Krabes et trente Blocks encerclaient la tour activée comme une armée bien disciplinée ! Mais le pire était à venir ! Une escadrille de Mantas parut au-dessus de la tour, composée d'une bonne douzaine de bestioles, volant gracieusement dans la lumière du crépuscule éternel de cette forêt infinie.
Wang-Ka ne les laissa pas réfléchir plus avant, et, sans qu'Odd comprît ce qui arrivait, une véritable tornade de feu s'abattit sur les monstres aériens, cramant, sans coup férir, Mantas et Frolions en une apothéose explosive ! Un feu d'artifice digne du 14 juillet ! Odd, stupéfait, se retourna vers l'endroit où se trouvait Wang-Ka quelques seconde plus tôt, et fut bien stupéfait lorsqu'il réalisa que le tourbillon de flammes qui avait détruit les monstres volants et s'en prenait à présent aux Mégatanks, n'était autre que la féline préhistorique de flammes ! ! !
Tout d'un coup, les monstres restants disparurent, et la tour se désactiva, comme Aelita les rejoignait !
Wang-Ka arrêta sa tempête de flammes qui avait, au passage, mis à mal plusieurs arbres virtuels du Territoire Forêt aussi, les transformants en affreux squelettes carbonisés et fumants, et elle regarda autour d'elle sidérée :
"- Eh mais ! Où sont-ils passés ? Ils ne veulent plus jouer avec nous ? C'est pas gentil, ça ! ! ! Nous leur faisons peur, ou quoi ? s'enquit-elle, n'osant le croire.
- Euh... dit Aelita, hésitante... Je crois que vous n'avez visiblement pas besoin de mon aide !
- Eh bien non ! Ton copain, le tigron violet n'a même pas eu le temps de comprendre ce qui arrivait, au juste ! Et moi non plus ! Je m'en suis juste prise aux machins hideux qui volaient, leur cramant un peu les ailes au passage que, frrrrt ! ! ! Tout le monde était rappelé par Xana et la tour s'est désactivée toute seule comme une grande ! ! ! expliqua Wang-Ka, désappointée.
- Mais enfin, ce n'est pas un jeu ! dit Aelita, assez horrifiée par le côté casse-cou des ancêtres !
- Je le sais bien, que ce n'est pas un jeu, mais casser du monstre, quelle éclate ! ! ! expliqua la rouquine cavernicole, exhibant de redoutables crocs éclatants dans un éblouissant sourire ! Au fait, ravie de te revoir, Aelita !
- Moi aussi, et en bon état, qui plus est ! dit la jolie jeune fille rose.
- Bon, c'est pas tout, mais qu'est-ce qu'on fait, là ? s'enquit Odd, qui n'avait pas encore réalisé.
- Ben, si on rejoignait ceux qui ont réellement besoin d'un coup de main ? Ça vous dit ? s'enquit Aelita.
- Je te suivrai au bout du monde, princesse ! lança Odd, malicieux, avec son sourire craquant.
- Moi, je ne lâcherai pas ce tigron violet, il est trop rigolo ! rit Wang-Ka, posant sa redoutable main griffue, velue et musculeuse sur la frêle épaule du maigrichon de service qui grimaça un peu sous la redoutable mais néanmoins affectueuse étreinte.
- C'est vrai que ça manquait un peu de fantaisie dans notre bande, mais avec cette espèce de lionne enragée rouge, ça va rehausser le niveau ! rit Odd, désignant de son menton la préhistorique qui riait bien.
- Jérémie, Papa ! Où allons-nous ? demanda Aelita.
- Sur le Territoire Banquise ! Tous les monstres restants se sont matérialisés là-bas, et Ulrich et Niya ont vraiment besoin de vous, cette fois-ci ! dit Franz. Inutile de chercher la Tour du Passage, qui est loin, de toute façon, je vous y envoie directement ! ! !".
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Ils se retrouvèrent donc aux côtés de Niya et d'Ulrich, qui avaient fort à faire, car Xana avait téléporté tous ses monstres survivants à proximité de la tour activée, et, pour faire bonne mesure, en avait en prime ajouté d'autres ! ! !
Résultat : cent Mégatanks, cent Blocks, trois cents Kankrelats, une centaine de Krabes, une centaine de Tarentules, une très jolie centaine de Mantas aile à aile (oui, en l'air on est rarement au coude à coude ! ! !) avec deux cents Frolions encore plus hideux et gros que les modèles habituels, et, en prime, horreur, malheur, une centaine de Rampants, aussi, pour une fois sortis de leur Cinquième Territoire ! ! ! Et en contrebas, dans la Mer Numérique, Mégakalmars, Kalmars, Rekins et Kongres émergeaient de temps en temps des flots virtuels pour canarder la troupe des Lyokoguerriers aussi ! ! !
Là, Ulrich, Niya, Odd et Wang-Ka entourèrent Aelita d'un cercle protecteur, et, se tenant les mains, unirent leurs esprits... Magnifiée par leurs cerveaux, la force créatrice d'Aelita créa une bulle virtuelle qui était un écran de force remarquable... Leurs pouvoirs pouvaient s'exercer en-dehors de la bulle, mettant à mal ces idiots de monstres toujours plus enragés, mais ils ne pouvaient atteindre les Lyokoguerriers, tous unis en une concentration et un chœur étonnant ! Cependant, les monstres finirent par unir toutes leurs forces et par faire sauter l'écran défensif ! Alors, les cinq Lyokoguerriers donnèrent toute la mesure de leurs capacités incroyables ! Odd mitraillait tout ce qui passait avec ses flèches laser, creusant les rangs adverses comme la Mort elle-même, Niya s'en prit aux créatures volantes avec une joie sans mélange, volant au-dessus d'elles, et les engluant dans son miel d'ambre qui englobait du coup ce qui se trouvait au sol aussi, Ulrich y allait joyeusement des sabres de son côté, quant à Wang-Ka, déchaînée, elle cramait tout ce qu'elle pouvait, se concentrant sur la Mer Numérique qu'elle fit bouillir, cuisant pour le compte, en une drôle de bouillabaisse, les monstres qui y nageaient !
En quelques instants, tous perdirent la moitié de leurs points de vie, car nombre de monstres les touchaient en d'éblouissantes rafales, mais ils reculaient vers la tour, protégeant toujours Aelita ! Finalement, Franz matérialisa Yumi et Délian-Ka hors du Cinquième Territoire pour prêter main-forte à leurs amis qui étaient en mauvaise posture, et les deux télékinésistes firent là aussi un beau ravage ! Les Mégatanks burent une tasse bouillante, poussés par une force irrésistible hors du plateau de glace dans la mer qui bouillait encore, emportant les derniers points de vie de Wang-Ka, que cet effort mental soutenu épuisait tout de même rapidement, les Blocks suivirent le même chemin, les Kankrelats finirent, eux, explosés contre les icebergs, quant aux Tarentules et aux Rampants, ils étaient les plus coriaces ! Mantas et Frolions avaient en totalité chèrement payé le droit de voler dans les airs, à cause de Niya qui les avait conglomérés en une espèce d'énorme bloc d'ambre qui avait écrasé une bonne partie des Rampants et Tarentules en dessous ! Niya se reposa enfin, la moitié de ses points de vie dévorés par l'effort qu'il avait fourni, ce qui ne l'empêcha pas d'envoyer ses dards empoisonnés à toutes les cochonneries qui s'approchaient de trop près, tout comme Odd qui découvrait avec stupeur qu'il bénéficiait de mille flèches laser par gant !
Ils avaient presque atteint la tour, ayant perdu quasiment leurs points de vie, sauf Aelita qui en avait encore cinquante, quand le Kolosse parut dans un séisme fracassant ! ! !
Le même cri horrifié s'échappa des sept compagnons :
"- Non ! ! ! "
Niya perdit ses derniers points de vie à monter à l'assaut de la colossale immondice, qui, d'un revers de son bras-épée dévirtualisa la microscopique mouche à viande qui lui tournait autour ! Ils n'étaient plus que six... Aelita tenta alors le tout pour le tout... Elle creusa un tunnel dans la banquise et, hors d'atteinte des monstres qui dévirtualisaient ses compagnons, pénétra enfin dans la tour, par un chemin pas vraiment ordinaire ! ! !
Elle monta le long de la tour, dans un silence quasi religieux, et parvint, planant, à la plate-forme de l'interface.
" AELITA
CODE
LYOKO ".
Les données se recompilèrent, et le Retour dans le Passé se lança !
19
À l'usine, c'était la panique ! Pendant le combat, au fur et à mesure des dévirtualisations, tous les Lyokoguerriers, tant les préhistoriques que les modernes, s'étaient rematérialisés dans la salle des scanners ! Et le Retour dans le Passé n'affecta que le secteur géographique où s'était situé le Supercalculateur chinois, mais pas la France qui continuait à souffrir de son invasion de dinosaures en folie !
Malgré la désactivation de la tour, qui avait stoppé l'invasion, les monstres étaient toujours là !
Et ils encerclaient l'Usine !
Il fallait à tout prix détruire le Supercalculateur chinois qui était parti dans le temps, dans le secondaire, emportant dans son vortex temporel Maïn et Anaïak !
Kaïra retrouva avec émotion ses contemporains, Niya, Délian-Ka et Wang-Ka. Les élèves de Kadic se congratulaient et s'embrassaient, bouleversés, sachant que ça n'était pas fini. Puis ils se tournèrent vers les préhistoriques déconfits, les pauvres préhistoriques qui n'avaient rien osé dire et s'entreregardaient, toute la misère du monde répandue sur leurs traits camus.
"- Bon sang ! Xana vous en veut un max, pour vous coincer ici et maintenant ! Comment va-t-on vous renvoyer à votre époque et dans votre base intertemporelle ? s'enquit Ulrich, attristé de voir l'état de ses nouveaux très anciens amis.
- Oh, ça n'est pas le pire... Le pire, c'est où et quand sont passés Maïn et Anaïak, et, pire que tout, vont-ils réussir à détruire ce supercalculateur qui voyage dans le temps rien que par la force de sa puissance quantique et nucléaire ? Et s'ils y arrivent, comment reviendront-ils, eux aussi ? fit Wang-Ka, au bord des larmes.
- Mon père aura sûrement la solution ! Ne t'en fais pas ! dit gentiment Aelita, posant une fine main rassurante sur l'épaule puissante et délicatement veloutée de roux de la Néanderthalienne.
- Oui, mais en attendant, je nous vois mal en train de jouer les nouveaux élèves dans votre lycée ! dit Wang-Ka, avec un pitoyable sourire.
- Et puis, en plus, on ferait peur à tout le monde ! dit tristement Niya.
- Bah, pour le moment, vous resterez ici ! On va vous ramener de quoi vous installer un peu plus confortablement, et aussi de quoi boire et manger ! dit gentiment Yumi.
- Oui, et comment allez-vous faire ? Ils vont finir par se rendre compte que quelque chose cloche, dans votre entourage ! objecta, sagement, Délian-Ka.
- Et puis, moi, je vous trouve pas si effrayants que ça ! Je vais trouver une solution pour que vos allures passent simplement pour de l'excentricité ! dit Odd.
- Oui, mais qui vous dit que nous supporterons l'air et la nourriture de votre époque, à long terme ? dit, pensivement, Kaïra.
- Ah, zut, ça on n'y avait pas pensé ! soupira Ulrich.
- Et puis, il y a ces dinosaures ! Comment éviter le pire ? s'enquit Niya.
- Eh ! Voilà l'idée ! Puisqu'il y a des dinosaures, il peut bien y avoir des hommes préhistoriques aussi, qui, eux, lutteront à nos côtés ! déclara, enthousiaste, avec un sourire éblouissant, Odd.
- Odd, on n'est pas dans un de tes films à la " Mad Movies "! dit Yumi. Nos amis risquent réellement leurs peaux, ici et maintenant, les pauvres !
- Et puis, comment expliquer, à Monsieur Delmas, qu'on a trouvé des alliés inattendus qui pourraient aider à notre protection ? objecta Ulrich.
- En racontant qu'on les a trouvés dans la vieille usine, alors qu'on aidait Jérémie à chercher des bouts de ferraille et des pièces détachées pour ses robots ! dit Yumi.
- Oui, mais Dieu sait ce que ce Monsieur Delmas va penser de nous et s'il nous fera confiance ! objecta Niya.
- On va lui dire que vous nous avez sauvés de l'attaque de plusieurs vélociraptors et que vous êtes devenus nos potes, embarqués dans une galère visiblement pire que la nôtre ! dit Ulrich.
- Oui, mais comment allons-nous sortir d'ici sans attirer l'attention ? demanda Wang-Ka, pensive.
- Comme il y a un joli comité d'accueil dehors, on va passer par les égouts... Il y a un accès aux égouts dans la salle cathédrale ! dit Jérémie, qui les écoutait depuis un moment.
- Quoi ? Et tu ne pouvais pas nous le dire plus tôt ? fit Odd, un peu vexé.
- Ben, c'est à dire que c'est dans la partie des égouts qui se trouve derrière la grille à proximité de l'échelle du regard du pont ! Et qu'on n'avait rien pour ouvrir la grille... Enfin, on n'avait rien jusqu'à aujourd'hui ! Mais Niya et ses copines pourront ouvrir la grille sans plus de souci que ça ... Ils vont écarter les barreaux comme qui rigole ! dit le jeune génie.
- Ouais, t'as qu'à croire ! fit Ulrich, sceptique.
- Les Néanderthaliens étaient des gens extrêmement forts physiquement... Certains préhistoriens pensent qu'ils étaient huit fois plus forts que les hommes actuels ! D'autres estiment cette force à deux fois, seulement, mais de toute façon, les barreaux n'y résisteront pas ! expliqua Jérémie, comme ils montaient vers la salle de l'ordinateur de contrôle, pour rejoindre le blondinet à lunettes.
- Eh bien, d'hommes des cavernes, nous voilà transformés en hommes des égouts ! Original, comme évolution ! ricana Délian-Ka !
- Bah, à savoir comment Monsieur Delmas va accueillir des recrues comme nous ! supputa Kaïra.
- À mon avis, Jim devrait bien vous aimer ! rit Yumi.
- Jim ? interrogea Wang-Ka.
- Le prof de gym ! Une espèce d'hercule sans rien dans la tête, un peu bourru et borné, a priori, mais un brave type, même s'il est vantard et raconte n'importe quoi ! expliqua Jérémie.
- Hé ! Nous sommes peut-être costauds, mais nous avons AUSSI de la cervelle, non mais ! protesta Wang-Ka, digne.
- Ouais, même si elle est rangée dans un crâne plat au petit front fuyant, elle fonctionne très bien, merci ! fit Délian-Ka, tout aussi pincée.
- Vraiment, prétendre que nous supporterions la compagnie d'un idiot, c'est vexant ! ajouta Kaïra, foudroyant les petits modernes d'un regard littéralement fluorescent, un vrai regard assassin de prédateur nocturne !
- Hé ! Du calme ! Houlà ! Susceptibles et sourcilleux, et pas qu'au physique ! dit Odd.
- Ben, la plupart des modernes nous prennent pour des idiots, alors, évidemment, on finit par devenir très sensibles sur ce point-là ! expliqua Niya, tout aussi fâché.
- Nous sommes désolés ! Jamais nous n'avons voulu dire que vous étiez aussi idiots que Jim, seulement, il admire les gens costauds, et avec vous, il va avoir de quoi ! expliqua Aelita.
- Heu... Excusez-nous ! Mais nous en avons tellement pris par la figure ! Et si vous connaissiez toutes les théories iniques qui ont eu cours sur nous, et les préjugés dont certains de vos savants nous accablent, vous ne seriez pas contents non plus ! Nous, nous les avons pris en pleine figure quand les gens du futur nous ont récupérés ! Ils nous pensaient tellement bêtes et primaires qu'ils nous avaient, au départ, carrément mis en cages ! Et ils nous traitaient comme du matériel de laboratoire ! Alors évidemment, on est un peu à cran, quand on met nos capacités en doute ! expliqua Wang-Ka, confuse.
- On le serait à moins ! En tout cas, nous, nous ferons tout pour que votre séjour ici soit le plus agréable possible, malgré les dinosaures et le spécimen d'elisabethus stupidens gojirensis qui hante le collège ! rit Jérémie.
- Le quoi ? fit Odd, hilare.
- l'elisabethus stupidens gojirensis, la Sissi géante de l'un de tes films ! riait le petit surdoué.
- Hahaha ! Excellent, mais la fréquentation de ce personnage échappé d'un manga à la mèche violette ne te vaut rien ! Voilà que tu sors des blagues à deux balles aussi nulles que les siennes ! déclara, hilare, Ulrich.
- Gojirensis ! Elle est si grosse que ça, que tu la compares à Gojira, ou plutôt, Godzilla ? riait Niya.
- En fait, elle est plutôt bien fichue, mais peste et stupide. Et un jour, je l'ai transformée en remake de la " Femme de 50 pieds ", ce qui évidemment est assez vexant, mais bon... expliqua Odd. Je l'ai filmée à la mesure de son orgueil !
- Et vous connaissez les films d'horreur, aussi ? fit Yumi, étonnée. Et même le nom original de Godzilla qui est effectivement Gojira ? Visiblement, vous avez appris vraiment des choses étonnantes, dans cette base intertemporelle ! acheva-t-elle, amusée.
- Oui, mais dans ton lycée, on va devoir jouer la comédie... Des Néanderthaliens parlant français et avec des encyclopédies de toutes sortes dans la tête, ça ne le fera pas vraiment ! dit Niya, amusé aussi.
- Bon, on y va ? J'ai faim, moi ! Et ce soir, c'est couscous boulettes ! dit Odd.
- On y va !".
Les huit comparses remontèrent jusqu'à la salle cathédrale et ouvrirent l'accès aux égouts qui s'y trouvait. Ils s'y glissèrent donc, descendirent de nombreux barreaux de fer, et ne tardèrent pas à se heurter à la fameuse grille. Niya l'observa un petit moment, puis s'empara de deux barreaux et les écarta en soufflant un peu, mais suffisamment pour que tout le monde puisse passer sans difficultés !
"- Wow ! T'es vachement costaud ! fit Ulrich, admiratif.
- Eh oui ! C'est là tout l'intérêt d'une anatomie néanderthalienne ! Une puissance bien plus grande que celle des athlètes modernes les plus dopés et entraînés ! dit Jérémie.
- Oui, mais pour le charme et la beauté, tu pourras repasser ! soupira Délian-Ka.
- C'est vrai que quand on voit Yumi et Aelita, on se sent très moche ! dit tristement Kaïra.
- C'est vrai que pour ce qui est de la beauté, ça n'est pas tout à fait ça... Enfin, à notre époque, tout le monde était comme nous, donc, nous nous trouvions beaux, entre nous, mais vous autres, vous avez tellement d'allure avec vos os fins et vos corps élancés, vos visages enfantins et doux, angéliques, même ! Nous, nous sommes si mastocs ! dit Niya.
- Vous êtes plus râblés que nous, c'est vrai, et vous avez des têtes un peu particulières, mais vous n'êtes pas laids. Seulement différents ! Vous avez des yeux superbes et des cheveux magnifiques ! Moi, je vous trouve très bien ! sourit Aelita.
- Allez, venez, nous sommes presque arrivés ! Nous allons sortir par la chaufferie, c'est l'accès le moins exposé !".
20
Guidés par Jérémie, ils entrèrent donc dans les sous-sols de Kadic.
Et comme l'accès était dans le bâtiment administratif, ils allèrent de ce pas chez Monsieur Delmas, pour leur raconter leur histoire bidon et leur incroyable rencontre.
La secrétaire du proviseur, voyant son bureau soudainement envahi par ces barbares chevelus poussa un grand cri ! Les pauvres Néanderthaliens auraient voulu se faire tout petits, surtout quand Monsieur Delmas sortit de son bureau pour demander à sa secrétaire si ça lui prenait souvent, de pousser de tels cris d'orfraie !
À peine fut-il sorti de son bureau qu'il se figea, éberlué :
"- Jérémie ! Qu'est-ce que c'est que ce carnaval ? Vous avez décidé, avec Odd, de tourner un film d'horreur dans le lycée-collège ? Vous croyez que nous ne vivons pas des temps suffisamment inquiétants, avec tous ces dinosaures qui se promènent par ici, pour penser à faire les clowns ?
- Monsieur Delmas, ils ne sont pas déguisés ! Ce sont nos amis, et de vrais préhistoriques de Néanderthal ! Ils se sont retrouvés ici et maintenant, au même titre que les dinosaures, mais ils sont nos amis ! Ils nous ont sauvé la vie, à mes amis et moi, alors que nous étions partis chercher des morceaux de machine et de ferraille pour mes robots ! Sur le coup, ils nous ont effrayés, à nous aussi, les pauvres, mais ils nous ont débarrassés de plusieurs vélociraptors féroces, il faut voir comme ! Ce serait bien qu'ils soient ici avec nous ! Ils protègeraient votre établissement et les élèves, parce que ce sont de sacrés chasseurs et athlètes ! Et puis... L'armée et la police sont tellement débordés, en ce moment, qu'un peu d'aide, même aussi étrange que celle-là est la bienvenue, non ?
- Mais enfin, Jérémie, est-ce que ces préhistoriques comprendraient ce que nous attendons d'eux ? Car j'imagine qu'ils ne parlent pas notre langue ! S'ils parlent, d'ailleurs !
- Ils parlent leur langue, mais ils parlent. Et, croyez-moi, ils sont très intelligents ! Et très courageux, aussi ! Monsieur Delmas, ils sont perdus, ici, et nous sommes les seuls en qui ils aient confiance ! Je vous en prie, aidez-les ! Je sais que vous ne serez pas déçu, je m'en porte garant ! dit Jérémie.
- Jérémie a raison, M'sieur ! dit Ulrich. Le gars, Niya, il se bat comme un lion ! Et les filles aussi ! Et ils sont très sympas ! Moi, je leur fais confiance, je leur dois la vie ! dit le brun jeune homme, souriant.
- Monsieur, sans Wang-Ka, je serais mort au moins dix fois ! dit Odd, prenant gentiment la main de la Néanderthalienne rousse.
- Et moi, je remercie Délian-Ka, elle m'a sauvée aussi ! sourit Yumi, à l'adresse de la très pâle Néanderthalienne frisée aux cheveux de lune.
- Moi, j'ai totale confiance en eux ! Ils sont extraordinaires ! Et ce sont devenus mes amis ! dit Aelita. Kaïra m'a défendue, et croyez-moi, c'était impressionnant de la voir faire !
- Bon... Mais je vais appeler Madame Hertz, car elle a des amis qui travaillent au Muséum d'Histoire Naturelle et au Musée de l'Homme... Ils seront sûrement très surpris et ravis aussi ! dit le proviseur.
- Non ! Ils seraient capables de les disséquer à vif ! Laissez les savants en dehors de ça ! Monsieur Delmas, ils sont à peine plus âgés que nous ! C'est tout juste des adultes ! Et ils sont perdus dans un monde totalement étranger et étrange, pour eux ! Nous, on les aidera, mais si vous les livrez aux savants, Dieu sait ce qu'ils vont en faire ! Il y a des dinosaures, dehors, qu'ils s'occupent des dinosaures s'ils veulent, mais qu'ils fichent la paix à nos amis ! Je vous en supplie, Monsieur Delmas ! implora Jérémie.
- Soit ! Mais où allons-nous les loger ? Pas dans l'internat, tout de même ! objecta le proviseur.
- Bah, si vous réunissez tout le monde et racontez tout ce qu'on vous a expliqué, ça passera très bien ! De toute façon, nous on les protègera comme ils nous protègeront ! dit Yumi. Ici, ils seront de toute façon moins en danger que dans le monde extérieur !
- D'accord !".
Depuis l'attaque des dinosaures, la plupart des externes n'allaient plus au lycée-collège qui vivait en état de siège. Yumi, exceptionnellement, comme son petit frère, étaient hébergés temporairement, à la demande de leurs parents qui avaient dû, pour raison familiale, repartir au Japon pour régler une sombre histoire d'héritage.
L'aimable Japonaise partageait la chambre d'Aelita, et leur cohabitation se déroulait sans problèmes, tant ces deux-là s'aimaient et s'entendaient comme des sœurs !
Hiroki partageait la chambre de son copain Johnny.
Monsieur Delmas répartit les préhistoriques dans les places et les chambres restantes. Niya se retrouva hébergé chez Jérémie, Kaïra eut la dernière chambre seule, juste à côté de celle de Sissi La Peste, et Délian-Ka dormirait dans la même chambre que Wang-Ka, en face de la chambre d'Aelita et de Yumi.
Monsieur Delmas était un peu inquiet quant à l'hygiène de ses nouveaux pensionnaires et aux dégâts éventuels qu'ils pouvaient provoquer, ne sachant au juste comment ils s'adapteraient à un tel environnement, si différent du leur. Mais l'être humain, même préhistorique, s'adapte à tout, ainsi qu'il devait le découvrir avec surprise.
21
Dans l'heure qui suivit, le proviseur de Kadic convoqua professeurs et élèves, pour leur présenter ses drôles de nouveaux pions... Enfin, on ne savait pas trop ce qu'on allait faire d'eux, mais il s'avérait qu'ils avaient sauvé la vie de plusieurs élèves, et donc, comme eux aussi n'étaient pas les amis des dinosaures, mieux valait-il, eu égard le fait qu'ils étaient costauds, qu'ils servissent de protection, car, visiblement, ils savaient se battre, se défendre, et apporteraient la sécurité qui manquait à Kadic, police et armée étant complètement débordées...
Les élèves et les professeurs fixaient les nouvelles recrues rétros avec des yeux exorbités, et bientôt, des ricanements cruels s'entendirent dans le brouhaha qui augmentait ! Sissi s'avança, méprisante, et dit, toisant Niya et ses amies sous le nez ;
"- Papa ! Ici, c'est un lycée ! Pas une ménagerie ! Avec ce chien puant qui appartient à Odd Della Robbia, ça suffit, je trouve ! Ils sont affreux, ces hommes des cavernes, et si ça se trouve, ils ne rêvent que d'une chose, nous transformer en leur casse-croûte ! Il y avait des cannibales, à l'époque, je te signale ! Et puis, ils sont sûrement bêtes et méchants !
-Ouais, ben pas autant que toi ! lui lança Ulrich, depuis la foule.
- Quoi ? Mais enfin, Ulrichounet, ces gorilles n'ont rien d'humain !
- Oui, mais même les gorilles sont plus intelligents que toi, et les Néanderthaliens ne sont pas de gorilles, mais des êtres humains, contrairement à toi qui n'est qu'une greluche ! continua Ulrich !
- Stern ! Ça suffit ! Si vous continuez à insulter ma fille, vous aurez une colle !
- Sauf votre respect, Monsieur le Proviseur, elle n'avait pas à insulter et à humilier nos amis ! Sissi ! Si jamais tu dis des horreurs à nos copains à qui nous devons la vie sauve, je t'assure que, fille du proviseur ou pas, tu le regretteras ! déclara Ulrich, superbe.
- Hé, Sissi ! Tu n'as jamais eu l'idée d'aller voir dans le parc ces derniers temps ? Dommage, tu aurais pu servir de déjeuner à quelques bestioles charmantes ! ! ! Et ça nous aurait fait des vacances ! lança Odd, pas content non plus.
- Della Robbia ! Deux heures de colle ! lança Monsieur Delmas. Et toi, Sissi, deux heures aussi, ça t'apprendra à réfléchir avant d'ouvrir la bouche !
- Mais, Papa chéri...
- Il n'y a pas de " mais Papa chéri " qui tienne ! Tu es un chameau, ma fille, et nombre de professeurs et d'élèves ont eu à pâtir de tes malversations ! Crois-tu que je sois sourd et aveugle ? Et en plus, tu es hypocrite ! Si ta pauvre mère voyait ça, elle en pleurerait de désespoir ! Tu es désespérante, Sissi, et je me demande vraiment s'il ne vaudrait mieux pas que je te mette en pension dans un établissement bien strict et loin d'ici pour t'apprendre à avoir un peu plus de plomb dans la cervelle ! En attendant, tu n'iras plus embêter Ulrich et ses amis et tu n'embêteras pas ces pauvres Néanderthaliens non plus ! Quant au chien de Della Robbia, normalement, il devrait être interdit ici, mais sans lui, Odd est perdu et malheureux... Ses parents m'ont demandé une dispense spéciale, et je la leur ai accordée, à la condition sine qua non qu'Odd rattrape ses notes rapidement, ce qu'il a promis de faire, et qu'il a commencé à faire, d'ailleurs, ce qui n'est pas ton cas, Élisabeth ! fulminait le brave homme.
- Sissi ! Je veux qu'on m'appelle Sissi, pas Élisabeth ! maugréa la teigne.
- Bon sang, Élisabeth est ton nom de baptême, et ce surnom ridicule est celui de l'ancienne impératrice d'Autriche qui n'était pas du tout la femme romantique qu'on a cru pendant longtemps, mais une hystérique anorexique, arriviste et tyrannique ! Alors, maintenant, tu arrêtes avec tes idées ridicules, et tu te tais ! Je n'ai pas fini de présenter nos nouveaux amis !".
Sissi, blême de rage, regagna donc la foule sous les ricanements cruels de tous et même des Néanderthaliens, tandis que Monsieur Delmas se lançait enfin dans un peu ordinaire discours :
"- Mesdames et Messieurs les professeurs et membres du personnel, chers élèves de Kadic, vous savez que depuis quelques temps des créatures de toutes sortes, sorties d'ères passées, sont en train d'envahir notre monde ! Ces quatre jeunes gens ici présents ont été eux aussi les victimes de ces voyages temporels intempestifs, et au nom de la simple humanité, nous n'avons pas le droit de les laisser seuls dans ce monde étranger pour eux, affronter des danger terribles ! Je compte sur vous pour les aider à s'adapter au mieux ici, parmi nous ! Je sais qu'ils seront sûrement des aides précieuses pour nous défendre si jamais ces maudits dinosaures revenaient nous envahir ! Jim, je vous charge de vous occuper d'eux comme s'ils étaient vos enfants !
- Mais, Monsieur le Proviseur, comment je vais faire ? Quand j'étais garde forestier au Québec, on avait rencontré des Indiens qui nous avaient raconté l'histoire du Sasquatch et qui tentaient de le rencontrer pour l'aider, mais je ne préfère pas en parler ! déclara l'inénarrable prof de gym, toujours engoncé dans sa tenue de sport minable et ses chaussures ridicules.
- Jim, ces jeunes gens ne sont pas des Sasquatchs, mais des êtres humains ! Préhistoriques, certes, mais HUMAINS ! Donc, intelligents, sensibles et respectables ! Je veux seulement que vous les aidiez s'ils avaient des difficultés, c'est tout ! dit Monsieur Delmas, quelque peu accablé par la bêtise abyssale de Jim.
- Bien, Monsieur le Proviseur ! dit Jim, carrément au garde-à-vous !
- Bien, allez montrer à ces jeunes gens où ils seront logés !".
Et Jim s'éloigna donc, après avoir fait signe à ses étranges protégés de le suivre, se posant pas mal de questions en route - oui, ça lui arrivait !- mais quelque peu inquiet quant à leurs réactions éventuelles. Même s'il avait été un cancre, il avait quand même retenu qu'on pensait que les hommes préhistoriques n'étaient pas vraiment des Prix Nobel, et qu'ils étaient aussi stupides sinon plus que lui ! ! ! Enfin, puisque Jean-Pierre lui avait confié ces zigotos, il devait s'en occuper, et ça risquait de n'être pas de la tarte...
Les jeunes filles, et même plutôt les jeunes femmes se retrouvèrent donc réparties dans différentes chambres de l'étage des filles, et Niya, lui, alla chez Jérémie.
Les pauvres Néanderthaliens n'avaient pas d'affaires, aussi Monsieur Delmas demanda-t-il à plusieurs de ses élèves assez costauds, s'ils pouvaient prêter, voire donner, quelques vêtements à ses protégés. Rosa Petitjean, la cuisinière, revint bientôt avec un carton plein de vieilles robes, jupes et pulls ou chemisiers d'une taille digne d'un mammouth ! La brave femme expliqua :
"-Monsieur Delmas, ça ne me va plus, j'ai grossi depuis que je portais ça. J'ai eu une formation de couturière, et je pourrai faire les retouches, s'il le faut ! Ces pauvres petites des cavernes, elles n'ont rien à se mettre ! Alors, j'ai amené tout ça ! Et le petit gars, lui, je n'ai rien pour lui, hélas ! En plus, j'ai peur que ce qu'on sert à la cantine, ça les rende malade... Ils sont habitués à manger que du bio, eux, et nous, ici, on n'a que des trucs avec plein de conservateurs et de colorants ! Voilà, je vais finir de nettoyer la cantine ! À plus tard, Monsieur !
- À plus tard, Rosa, et merci pour eux !
- Pas de quoi, je voulais les donner à une association de charité, mais finalement, c'est mieux comme ça !".
Et la colossale cuisinière se retira, souriante. Monsieur Delmas contempla, pensif, le carton plein de nippes un peu passées et assez informes, d'un goût assez peu sûr, qu'elle avait apporté ! Pauvres Néanderthalienne, attifées avec ça, elles seraient totalement épouvantables !
Yolande, l'infirmière, donna aux Néanderthaliens des savons hypoallergéniques, des dentifrices, brosses à dents et shampooings qu'on lui fournissait chaque année lors de campagnes promotionnelles pour l'hygiène corporelle et dentaire... Monsieur Delmas, lui, fournit gants et serviettes de toilette.
Jim, de son côté, procura à Niya quelques vieux joggings qui ne lui allaient plus ou qu'il ne portait guère, des t-shirts et sweat-shirts, ainsi que quelques caleçons dans lesquels il ne rentrait plus.
Il installa le lit supplémentaire pour Niya dans la chambre de Jérémie, et montra à ses protégés comment se servir des toilettes, des douches et autres lavabos. Heureusement que les pauvres préhistoriques connaissaient ce genre de choses depuis qu'ils étaient les hôtes des bases intertemporelles, car avec les explications de Jim, ils ne s'en seraient pas vraiment sortis !
Et une nouvelle vie commença pour eux...
22
Cela faisait à présent plus d'une semaine que Kadic comptait de nouveaux très anciens membres, et que les dinosaures avaient fui depuis que les rusés préhistoriques faisaient un barouf de tous les diables pour les effrayer et les éloigner du secteur ! Ils avaient pris les couvercles métalliques de vieilles poubelles trouvées dans la cabane à outils, les poubelles métalliques elles-mêmes et s'en servaient comme de tam-tams qu'ils activaient dès que quelqu'un sortait du collège, afin qu'il ne soit pas attaqué par les monstres qui sévissaient partout ailleurs ! Contrairement au craintes de Rosa, la nourriture de la cantine ne rendait pas trop malades les Néanderthaliens, et elle fit des prodiges avec ses vieux vêtements et ceux qu'avait prêtés Jim, en les retouchant de manière à ce qu'ils soient moins longs, et plus seyants, tout de même ! Aelita et Yumi, de leur côté, s'étaient débrouillées pour que leurs nouvelles amies aient des sous-vêtements à leur taille, et les Néanderthaliennes allaient maintenant vêtues peu ou prou comme les Vamps ou les Deschiens !
Quant à Niya, avec les vêtures de Jim, il ressemblait presque à son jeune frère ! En plus chevelu, légèrement barbu et tout aussi poilu, toutefois ! C'était très drôle !
Seulement, les pauvres préhistoriques allaient pieds nus, car ils n'auraient pas supporté les chaussures auxquelles ils n'étaient pas habitués !
Mais les quatre jeunes gens, après avoir bien fait rire tout le monde avec leurs allures particulières finirent par gagner le respect de tous, parce qu'ils eurent l'idée de truffer le parc de Kadic de pièges mortels, de faire comprendre à tous qu'il ne fallait jamais se déplacer seul à l'extérieur des bâtiments, et, si ça arrivait, de le faire en faisant le plus de chambard possible !
En quelques heures, les pièges du parc, de solides collets, avaient étranglé plusieurs Vélociraptors, et la grande fosse habilement camouflée et tapissée d'épieux redoutables était prête pour un éventuel T-Rex !
Cependant, Jérémie et Salammbô, aidés outre-temps par Franz, tentaient de trouver le moyen de rapatrier sans risque les préhistoriques à leur époque d'origine... Jérémie avait rapatrié le Skidbladnir II sur Lyokô, puisque les préhistoriques n'y étaient plus et que deux d'entre eux étaient manquants. De plus, où et quand récupérer Anaïak et Maïn ? Le supercalculateur chinois, squatté par Xana avait disparu dans les brumes du passé !
Équipées des armes les plus redoutables, tels que fusils mitrailleurs, canons et autres lance-flammes, police et armée étaient arrivées à nettoyer quasiment toute la ville, mais quelques sauriens, plus rusés, leur échappaient toujours et encore, se cachant dans les recoins sombres, se glissant dans les terrains vagues, quant aux ptérosauriens, eux, ils fondaient du ciel comme la foudre, et peu sortaient indemnes de leurs grands becs pointus et dentus !
Au bout de quelques temps, tout Paris et presque toute la banlieue furent débarrassés des monstres antédiluviens... Seul le secteur de Kadic et de la vieille usine étaient encore infestés, et les créatures réfugiées là semblaient d'une autre trempe que celles, pourtant terribles, qui avaient sévi ailleurs.
Heureusement, face aux armes modernes et aux trop nombreux humains, les dinosaures n'avaient pas fait le poids ! Une bonne rafale de mitraillette, quelques bonnes roquettes et grenades avaient eu raison de la plupart des vélociraptors et des ptérodactyles, mais Xana n'avait pas contaminé son dernier giga-octet ! ! !
Alors que l'inquiétude s'était apaisée quasiment partout, sauf dans le secteur de Kadic, qui semblait inexpugnable, plusieurs T-Rex et brontosaures se matérialisèrent dans les grandes avenues de la capitale, faisant trembler sur leurs bases les beaux immeubles, hôtels particuliers ou les tours du quartier de la Défense, qui, là, défendaient encore moins de choses que d'habitude...
Toutes ces énormes bêtes convergeaient, en un étrange unisson, vers Boulogne et Sceaux, vers le secteur où vivaient tant bien que mal les Lyokoguerriers rescapés ! Mais le pire, ce furent les forces aéroportées reptiliennes ! Car là, Xana transbahuta des Rhamphorhynchus et des ptérodactyles parmi les plus grands et redoutables de la gent ailée jurassique !
Quand les rues devinrent trop étroites, les monstres, les brontosaures en premier, tels de vivants bulldozers, firent le passage... Jusque là, il n'y avait eu que quelques blessés à déplorer, mais là, il y eut des morts ! Xana avait réactivé une tour dans un autre Réplika, et il fallait repartir, la peur au ventre, encore plus que jamais, pour l'inconnu...
Oui, je sais, je suis fracassée, je suis geek, mais j'assume et j'en suis fière !!!
Là, ça commence à dépoter grave, les potes !!! La lutte est engagée, tant sur Lyokô que sur Terre ! Et ça fait du vilain !
16
Kaïra, la pauvre, était prise dans la glace qu'avait envoyée sur elle un des Blocks, et elle était totalement inopérante !
Niya bondit à la rescousse de sa douce mie, explosant au passage plusieurs Frolions, un des Kankrelats et un Block ! Fou de colère, il se posta près de sa compagne, prêt à réduire ce qui s'en approcherait de trop près en charpie ! Il en grondait même comme un fauve, prêt à bondir !
"- Mais calme-toi, voyons ! Ça n'est que l'affaire de quelques minutes, tout au plus ! rit Kaïra, posant sa seule main de libre sur l'épaule puissante de son compagnon.
- Mouais, ben il suffirait d'un rien pour que tu te fasses dévirtualiser, et je n'aimerais pas que ça t'arrive ! ronchonna Niya.
- Mais enfin, une dévirtualisation, ce n'est pas la mort, voyons ! rit-elle, tendrement amusée.
- Oui, mais je n'aime pas qu'il t'arrive quoi que ce soit de désagréable ! Et ce n'est pas agréable, une dévirtualisation ! dit Niya, boudeur.
- Allez, va plutôt aider Ulrich, au lieu de faire le planton ! Il est en train de se faire chauffer les fesses, là ! ! !".
Chassé par sa douce, Niya alla donc porter secours au jeune Lyokoguerrier.
De fait, Ulrich bondissait de toutes les façons possibles et imaginables pour tenter d'échapper aux tirs des Blocks et Tarentules qui le canardaient allègrement ! Et au milieu de ce feu d'artifice, le samouraï futuriste se déchaînait, embrochant Tarentule ou Block passant à sa portée, malgré le risque de se faire dévirtualiser !
Niya s'envola alors et canarda les plus dangereux des monstres de sa situation élevée ! Là aussi, les Frolions furent englués par le Néanderthalien, et la masse gluante et molle tomba ensuite sur deux Blocks !
Ne restaient en lice que trois Blocks, dix Tarentules et deux Kankrelats... Des hauteurs, Niya surgit, tel un démon vengeur, à la rescousse d'Ulrich, qui, en dépit de ses triplicatas, triangulaires et autre supersprints arrivait tout juste à s'en tirer, à cause du nombre de ses adversaires qui, en plus, avaient visiblement été dopés par Xana ! Ces saletés de Tarentules en effet tiraient sans discontinuer, et émettaient de vrais murs de rafales laser entre lesquelles passer pour toucher la cible sur leur tête et les éliminer était une vraie folie ! Ulrich parvenait parfois à bondir par-dessus les monstres, mais ils se retournaient promptement et reprenaient leur mitraillage, sans discontinuer ni même perdre l'équilibre, les affreux ! Niya englua donc les Tarentules les plus éloignées d'Ulrich, cinq enragées qui se retrouvèrent donc figées pour le compte dans l'ambre, malheureusement, les rayons de l'une d'elles avait atteint la pauvre Kaïra qui fut dévirtualisée ! ! ! Niya émit un feulement de tigre a dents de sabre atteint de carie, et plongea en piqué, décochant ses flèches empoisonnées sur les adversaires les plus proches d'Ulrich... En quelques secondes, elles furent toutes exterminées, trois pour Ulrich, deux pour Niya, et le jeune préhistorique se posa enfin sur le sol, essoufflé mais en même temps hors de lui :
" - Mais enfin ! Elles sont bien coriaces ! Elles ont réussi à dégommer la pauvre Kaïra, ces abominations !
- T'inquiète pas, elle doit être dans un scanner de ta base intertemporelle, saine et sauve !
- Non ! Elle n'y est pas ! Intervint la voix de Franz.
- Par contre, elle est ici ! dit jérémie, étonné ! Je vais la chercher, voir dans quel état elle est, en espérant que l'air du vingt-et-unième siècle et sa pollution ne lui seront pas fatals !
- Mais enfin ! Une Néanderthalienne, très mignonne et charmante au demeurant, n'a absolument pas sa place à mon époque, la pauvre ! C'est comme si Yumi atterrissait dans ta tribu, Niya ! fit Ulrich, horrifié. Sans compter que si on la repérait, Dieu sait ce qu'il lui arriverait, à ta mignonne Kaïra !
-Eh ! Tu as une Japonaise à t'occuper, non ? fit Niya, suspicieux.
- Euh, désolé, j'ai quand même le droit de dore qu'elle est mignonne, non ? fit Ulrich, pas tranquille.
- Soit ! C'est vrai qu'elle est jolie, intelligente, aimable, parfaite, quoi ! Sûrement comme ta Yumi, qui est très belle, pour toi ! consentit le préhistorique.
- Tu as raison ! Mais enfin, entre tes deux amis qui sont Dieu sait où et quand, et Kaïra qui est à mon époque, il semble fort que Xana ait changé d'ennemi et qu'il en ait conclu que vous étiez finalement plus dangereux que nous ! dit Ulrich, se grattant ses cheveux hérissés.
- J'ai bien l'impression que tu as mis le doigt dessus ! Et en plus, cette tour est toujours activée ! dit Niya, avisant le halo rouge qui auréolait toujours le bâtiment immaculé et étincelant dans la claire nuit du Territoire de la Banquise.
Les deux nouveaux amis restèrent là, à attendre que les autres les rejoignent, inquiets pour les translatés disparus et Kaïra matérialisée dans le futur... Les trois Blocks et les deux Kankrelats, eux, avaient fui !
17
Dans le Territoire de la Forêt, Wang-Ka et Odd, par contre, s'étaient longuement promenés avant d'arriver à proximité de la tour activée... Là aussi, le comité d'accueil était particulièrement sympathique... Quinze Mégatanks, deux cents Frolions, cent Kankrelats, quatre-vingts Tarentules, cinquante Krabes et trente Blocks encerclaient la tour activée comme une armée bien disciplinée ! Mais le pire était à venir ! Une escadrille de Mantas parut au-dessus de la tour, composée d'une bonne douzaine de bestioles, volant gracieusement dans la lumière du crépuscule éternel de cette forêt infinie.
Wang-Ka ne les laissa pas réfléchir plus avant, et, sans qu'Odd comprît ce qui arrivait, une véritable tornade de feu s'abattit sur les monstres aériens, cramant, sans coup férir, Mantas et Frolions en une apothéose explosive ! Un feu d'artifice digne du 14 juillet ! Odd, stupéfait, se retourna vers l'endroit où se trouvait Wang-Ka quelques seconde plus tôt, et fut bien stupéfait lorsqu'il réalisa que le tourbillon de flammes qui avait détruit les monstres volants et s'en prenait à présent aux Mégatanks, n'était autre que la féline préhistorique de flammes ! ! !
Tout d'un coup, les monstres restants disparurent, et la tour se désactiva, comme Aelita les rejoignait !
Wang-Ka arrêta sa tempête de flammes qui avait, au passage, mis à mal plusieurs arbres virtuels du Territoire Forêt aussi, les transformants en affreux squelettes carbonisés et fumants, et elle regarda autour d'elle sidérée :
"- Eh mais ! Où sont-ils passés ? Ils ne veulent plus jouer avec nous ? C'est pas gentil, ça ! ! ! Nous leur faisons peur, ou quoi ? s'enquit-elle, n'osant le croire.
- Euh... dit Aelita, hésitante... Je crois que vous n'avez visiblement pas besoin de mon aide !
- Eh bien non ! Ton copain, le tigron violet n'a même pas eu le temps de comprendre ce qui arrivait, au juste ! Et moi non plus ! Je m'en suis juste prise aux machins hideux qui volaient, leur cramant un peu les ailes au passage que, frrrrt ! ! ! Tout le monde était rappelé par Xana et la tour s'est désactivée toute seule comme une grande ! ! ! expliqua Wang-Ka, désappointée.
- Mais enfin, ce n'est pas un jeu ! dit Aelita, assez horrifiée par le côté casse-cou des ancêtres !
- Je le sais bien, que ce n'est pas un jeu, mais casser du monstre, quelle éclate ! ! ! expliqua la rouquine cavernicole, exhibant de redoutables crocs éclatants dans un éblouissant sourire ! Au fait, ravie de te revoir, Aelita !
- Moi aussi, et en bon état, qui plus est ! dit la jolie jeune fille rose.
- Bon, c'est pas tout, mais qu'est-ce qu'on fait, là ? s'enquit Odd, qui n'avait pas encore réalisé.
- Ben, si on rejoignait ceux qui ont réellement besoin d'un coup de main ? Ça vous dit ? s'enquit Aelita.
- Je te suivrai au bout du monde, princesse ! lança Odd, malicieux, avec son sourire craquant.
- Moi, je ne lâcherai pas ce tigron violet, il est trop rigolo ! rit Wang-Ka, posant sa redoutable main griffue, velue et musculeuse sur la frêle épaule du maigrichon de service qui grimaça un peu sous la redoutable mais néanmoins affectueuse étreinte.
- C'est vrai que ça manquait un peu de fantaisie dans notre bande, mais avec cette espèce de lionne enragée rouge, ça va rehausser le niveau ! rit Odd, désignant de son menton la préhistorique qui riait bien.
- Jérémie, Papa ! Où allons-nous ? demanda Aelita.
- Sur le Territoire Banquise ! Tous les monstres restants se sont matérialisés là-bas, et Ulrich et Niya ont vraiment besoin de vous, cette fois-ci ! dit Franz. Inutile de chercher la Tour du Passage, qui est loin, de toute façon, je vous y envoie directement ! ! !".
18
Ils se retrouvèrent donc aux côtés de Niya et d'Ulrich, qui avaient fort à faire, car Xana avait téléporté tous ses monstres survivants à proximité de la tour activée, et, pour faire bonne mesure, en avait en prime ajouté d'autres ! ! !
Résultat : cent Mégatanks, cent Blocks, trois cents Kankrelats, une centaine de Krabes, une centaine de Tarentules, une très jolie centaine de Mantas aile à aile (oui, en l'air on est rarement au coude à coude ! ! !) avec deux cents Frolions encore plus hideux et gros que les modèles habituels, et, en prime, horreur, malheur, une centaine de Rampants, aussi, pour une fois sortis de leur Cinquième Territoire ! ! ! Et en contrebas, dans la Mer Numérique, Mégakalmars, Kalmars, Rekins et Kongres émergeaient de temps en temps des flots virtuels pour canarder la troupe des Lyokoguerriers aussi ! ! !
Là, Ulrich, Niya, Odd et Wang-Ka entourèrent Aelita d'un cercle protecteur, et, se tenant les mains, unirent leurs esprits... Magnifiée par leurs cerveaux, la force créatrice d'Aelita créa une bulle virtuelle qui était un écran de force remarquable... Leurs pouvoirs pouvaient s'exercer en-dehors de la bulle, mettant à mal ces idiots de monstres toujours plus enragés, mais ils ne pouvaient atteindre les Lyokoguerriers, tous unis en une concentration et un chœur étonnant ! Cependant, les monstres finirent par unir toutes leurs forces et par faire sauter l'écran défensif ! Alors, les cinq Lyokoguerriers donnèrent toute la mesure de leurs capacités incroyables ! Odd mitraillait tout ce qui passait avec ses flèches laser, creusant les rangs adverses comme la Mort elle-même, Niya s'en prit aux créatures volantes avec une joie sans mélange, volant au-dessus d'elles, et les engluant dans son miel d'ambre qui englobait du coup ce qui se trouvait au sol aussi, Ulrich y allait joyeusement des sabres de son côté, quant à Wang-Ka, déchaînée, elle cramait tout ce qu'elle pouvait, se concentrant sur la Mer Numérique qu'elle fit bouillir, cuisant pour le compte, en une drôle de bouillabaisse, les monstres qui y nageaient !
En quelques instants, tous perdirent la moitié de leurs points de vie, car nombre de monstres les touchaient en d'éblouissantes rafales, mais ils reculaient vers la tour, protégeant toujours Aelita ! Finalement, Franz matérialisa Yumi et Délian-Ka hors du Cinquième Territoire pour prêter main-forte à leurs amis qui étaient en mauvaise posture, et les deux télékinésistes firent là aussi un beau ravage ! Les Mégatanks burent une tasse bouillante, poussés par une force irrésistible hors du plateau de glace dans la mer qui bouillait encore, emportant les derniers points de vie de Wang-Ka, que cet effort mental soutenu épuisait tout de même rapidement, les Blocks suivirent le même chemin, les Kankrelats finirent, eux, explosés contre les icebergs, quant aux Tarentules et aux Rampants, ils étaient les plus coriaces ! Mantas et Frolions avaient en totalité chèrement payé le droit de voler dans les airs, à cause de Niya qui les avait conglomérés en une espèce d'énorme bloc d'ambre qui avait écrasé une bonne partie des Rampants et Tarentules en dessous ! Niya se reposa enfin, la moitié de ses points de vie dévorés par l'effort qu'il avait fourni, ce qui ne l'empêcha pas d'envoyer ses dards empoisonnés à toutes les cochonneries qui s'approchaient de trop près, tout comme Odd qui découvrait avec stupeur qu'il bénéficiait de mille flèches laser par gant !
Ils avaient presque atteint la tour, ayant perdu quasiment leurs points de vie, sauf Aelita qui en avait encore cinquante, quand le Kolosse parut dans un séisme fracassant ! ! !
Le même cri horrifié s'échappa des sept compagnons :
"- Non ! ! ! "
Niya perdit ses derniers points de vie à monter à l'assaut de la colossale immondice, qui, d'un revers de son bras-épée dévirtualisa la microscopique mouche à viande qui lui tournait autour ! Ils n'étaient plus que six... Aelita tenta alors le tout pour le tout... Elle creusa un tunnel dans la banquise et, hors d'atteinte des monstres qui dévirtualisaient ses compagnons, pénétra enfin dans la tour, par un chemin pas vraiment ordinaire ! ! !
Elle monta le long de la tour, dans un silence quasi religieux, et parvint, planant, à la plate-forme de l'interface.
" AELITA
CODE
LYOKO ".
Les données se recompilèrent, et le Retour dans le Passé se lança !
19
À l'usine, c'était la panique ! Pendant le combat, au fur et à mesure des dévirtualisations, tous les Lyokoguerriers, tant les préhistoriques que les modernes, s'étaient rematérialisés dans la salle des scanners ! Et le Retour dans le Passé n'affecta que le secteur géographique où s'était situé le Supercalculateur chinois, mais pas la France qui continuait à souffrir de son invasion de dinosaures en folie !
Malgré la désactivation de la tour, qui avait stoppé l'invasion, les monstres étaient toujours là !
Et ils encerclaient l'Usine !
Il fallait à tout prix détruire le Supercalculateur chinois qui était parti dans le temps, dans le secondaire, emportant dans son vortex temporel Maïn et Anaïak !
Kaïra retrouva avec émotion ses contemporains, Niya, Délian-Ka et Wang-Ka. Les élèves de Kadic se congratulaient et s'embrassaient, bouleversés, sachant que ça n'était pas fini. Puis ils se tournèrent vers les préhistoriques déconfits, les pauvres préhistoriques qui n'avaient rien osé dire et s'entreregardaient, toute la misère du monde répandue sur leurs traits camus.
"- Bon sang ! Xana vous en veut un max, pour vous coincer ici et maintenant ! Comment va-t-on vous renvoyer à votre époque et dans votre base intertemporelle ? s'enquit Ulrich, attristé de voir l'état de ses nouveaux très anciens amis.
- Oh, ça n'est pas le pire... Le pire, c'est où et quand sont passés Maïn et Anaïak, et, pire que tout, vont-ils réussir à détruire ce supercalculateur qui voyage dans le temps rien que par la force de sa puissance quantique et nucléaire ? Et s'ils y arrivent, comment reviendront-ils, eux aussi ? fit Wang-Ka, au bord des larmes.
- Mon père aura sûrement la solution ! Ne t'en fais pas ! dit gentiment Aelita, posant une fine main rassurante sur l'épaule puissante et délicatement veloutée de roux de la Néanderthalienne.
- Oui, mais en attendant, je nous vois mal en train de jouer les nouveaux élèves dans votre lycée ! dit Wang-Ka, avec un pitoyable sourire.
- Et puis, en plus, on ferait peur à tout le monde ! dit tristement Niya.
- Bah, pour le moment, vous resterez ici ! On va vous ramener de quoi vous installer un peu plus confortablement, et aussi de quoi boire et manger ! dit gentiment Yumi.
- Oui, et comment allez-vous faire ? Ils vont finir par se rendre compte que quelque chose cloche, dans votre entourage ! objecta, sagement, Délian-Ka.
- Et puis, moi, je vous trouve pas si effrayants que ça ! Je vais trouver une solution pour que vos allures passent simplement pour de l'excentricité ! dit Odd.
- Oui, mais qui vous dit que nous supporterons l'air et la nourriture de votre époque, à long terme ? dit, pensivement, Kaïra.
- Ah, zut, ça on n'y avait pas pensé ! soupira Ulrich.
- Et puis, il y a ces dinosaures ! Comment éviter le pire ? s'enquit Niya.
- Eh ! Voilà l'idée ! Puisqu'il y a des dinosaures, il peut bien y avoir des hommes préhistoriques aussi, qui, eux, lutteront à nos côtés ! déclara, enthousiaste, avec un sourire éblouissant, Odd.
- Odd, on n'est pas dans un de tes films à la " Mad Movies "! dit Yumi. Nos amis risquent réellement leurs peaux, ici et maintenant, les pauvres !
- Et puis, comment expliquer, à Monsieur Delmas, qu'on a trouvé des alliés inattendus qui pourraient aider à notre protection ? objecta Ulrich.
- En racontant qu'on les a trouvés dans la vieille usine, alors qu'on aidait Jérémie à chercher des bouts de ferraille et des pièces détachées pour ses robots ! dit Yumi.
- Oui, mais Dieu sait ce que ce Monsieur Delmas va penser de nous et s'il nous fera confiance ! objecta Niya.
- On va lui dire que vous nous avez sauvés de l'attaque de plusieurs vélociraptors et que vous êtes devenus nos potes, embarqués dans une galère visiblement pire que la nôtre ! dit Ulrich.
- Oui, mais comment allons-nous sortir d'ici sans attirer l'attention ? demanda Wang-Ka, pensive.
- Comme il y a un joli comité d'accueil dehors, on va passer par les égouts... Il y a un accès aux égouts dans la salle cathédrale ! dit Jérémie, qui les écoutait depuis un moment.
- Quoi ? Et tu ne pouvais pas nous le dire plus tôt ? fit Odd, un peu vexé.
- Ben, c'est à dire que c'est dans la partie des égouts qui se trouve derrière la grille à proximité de l'échelle du regard du pont ! Et qu'on n'avait rien pour ouvrir la grille... Enfin, on n'avait rien jusqu'à aujourd'hui ! Mais Niya et ses copines pourront ouvrir la grille sans plus de souci que ça ... Ils vont écarter les barreaux comme qui rigole ! dit le jeune génie.
- Ouais, t'as qu'à croire ! fit Ulrich, sceptique.
- Les Néanderthaliens étaient des gens extrêmement forts physiquement... Certains préhistoriens pensent qu'ils étaient huit fois plus forts que les hommes actuels ! D'autres estiment cette force à deux fois, seulement, mais de toute façon, les barreaux n'y résisteront pas ! expliqua Jérémie, comme ils montaient vers la salle de l'ordinateur de contrôle, pour rejoindre le blondinet à lunettes.
- Eh bien, d'hommes des cavernes, nous voilà transformés en hommes des égouts ! Original, comme évolution ! ricana Délian-Ka !
- Bah, à savoir comment Monsieur Delmas va accueillir des recrues comme nous ! supputa Kaïra.
- À mon avis, Jim devrait bien vous aimer ! rit Yumi.
- Jim ? interrogea Wang-Ka.
- Le prof de gym ! Une espèce d'hercule sans rien dans la tête, un peu bourru et borné, a priori, mais un brave type, même s'il est vantard et raconte n'importe quoi ! expliqua Jérémie.
- Hé ! Nous sommes peut-être costauds, mais nous avons AUSSI de la cervelle, non mais ! protesta Wang-Ka, digne.
- Ouais, même si elle est rangée dans un crâne plat au petit front fuyant, elle fonctionne très bien, merci ! fit Délian-Ka, tout aussi pincée.
- Vraiment, prétendre que nous supporterions la compagnie d'un idiot, c'est vexant ! ajouta Kaïra, foudroyant les petits modernes d'un regard littéralement fluorescent, un vrai regard assassin de prédateur nocturne !
- Hé ! Du calme ! Houlà ! Susceptibles et sourcilleux, et pas qu'au physique ! dit Odd.
- Ben, la plupart des modernes nous prennent pour des idiots, alors, évidemment, on finit par devenir très sensibles sur ce point-là ! expliqua Niya, tout aussi fâché.
- Nous sommes désolés ! Jamais nous n'avons voulu dire que vous étiez aussi idiots que Jim, seulement, il admire les gens costauds, et avec vous, il va avoir de quoi ! expliqua Aelita.
- Heu... Excusez-nous ! Mais nous en avons tellement pris par la figure ! Et si vous connaissiez toutes les théories iniques qui ont eu cours sur nous, et les préjugés dont certains de vos savants nous accablent, vous ne seriez pas contents non plus ! Nous, nous les avons pris en pleine figure quand les gens du futur nous ont récupérés ! Ils nous pensaient tellement bêtes et primaires qu'ils nous avaient, au départ, carrément mis en cages ! Et ils nous traitaient comme du matériel de laboratoire ! Alors évidemment, on est un peu à cran, quand on met nos capacités en doute ! expliqua Wang-Ka, confuse.
- On le serait à moins ! En tout cas, nous, nous ferons tout pour que votre séjour ici soit le plus agréable possible, malgré les dinosaures et le spécimen d'elisabethus stupidens gojirensis qui hante le collège ! rit Jérémie.
- Le quoi ? fit Odd, hilare.
- l'elisabethus stupidens gojirensis, la Sissi géante de l'un de tes films ! riait le petit surdoué.
- Hahaha ! Excellent, mais la fréquentation de ce personnage échappé d'un manga à la mèche violette ne te vaut rien ! Voilà que tu sors des blagues à deux balles aussi nulles que les siennes ! déclara, hilare, Ulrich.
- Gojirensis ! Elle est si grosse que ça, que tu la compares à Gojira, ou plutôt, Godzilla ? riait Niya.
- En fait, elle est plutôt bien fichue, mais peste et stupide. Et un jour, je l'ai transformée en remake de la " Femme de 50 pieds ", ce qui évidemment est assez vexant, mais bon... expliqua Odd. Je l'ai filmée à la mesure de son orgueil !
- Et vous connaissez les films d'horreur, aussi ? fit Yumi, étonnée. Et même le nom original de Godzilla qui est effectivement Gojira ? Visiblement, vous avez appris vraiment des choses étonnantes, dans cette base intertemporelle ! acheva-t-elle, amusée.
- Oui, mais dans ton lycée, on va devoir jouer la comédie... Des Néanderthaliens parlant français et avec des encyclopédies de toutes sortes dans la tête, ça ne le fera pas vraiment ! dit Niya, amusé aussi.
- Bon, on y va ? J'ai faim, moi ! Et ce soir, c'est couscous boulettes ! dit Odd.
- On y va !".
Les huit comparses remontèrent jusqu'à la salle cathédrale et ouvrirent l'accès aux égouts qui s'y trouvait. Ils s'y glissèrent donc, descendirent de nombreux barreaux de fer, et ne tardèrent pas à se heurter à la fameuse grille. Niya l'observa un petit moment, puis s'empara de deux barreaux et les écarta en soufflant un peu, mais suffisamment pour que tout le monde puisse passer sans difficultés !
"- Wow ! T'es vachement costaud ! fit Ulrich, admiratif.
- Eh oui ! C'est là tout l'intérêt d'une anatomie néanderthalienne ! Une puissance bien plus grande que celle des athlètes modernes les plus dopés et entraînés ! dit Jérémie.
- Oui, mais pour le charme et la beauté, tu pourras repasser ! soupira Délian-Ka.
- C'est vrai que quand on voit Yumi et Aelita, on se sent très moche ! dit tristement Kaïra.
- C'est vrai que pour ce qui est de la beauté, ça n'est pas tout à fait ça... Enfin, à notre époque, tout le monde était comme nous, donc, nous nous trouvions beaux, entre nous, mais vous autres, vous avez tellement d'allure avec vos os fins et vos corps élancés, vos visages enfantins et doux, angéliques, même ! Nous, nous sommes si mastocs ! dit Niya.
- Vous êtes plus râblés que nous, c'est vrai, et vous avez des têtes un peu particulières, mais vous n'êtes pas laids. Seulement différents ! Vous avez des yeux superbes et des cheveux magnifiques ! Moi, je vous trouve très bien ! sourit Aelita.
- Allez, venez, nous sommes presque arrivés ! Nous allons sortir par la chaufferie, c'est l'accès le moins exposé !".
20
Guidés par Jérémie, ils entrèrent donc dans les sous-sols de Kadic.
Et comme l'accès était dans le bâtiment administratif, ils allèrent de ce pas chez Monsieur Delmas, pour leur raconter leur histoire bidon et leur incroyable rencontre.
La secrétaire du proviseur, voyant son bureau soudainement envahi par ces barbares chevelus poussa un grand cri ! Les pauvres Néanderthaliens auraient voulu se faire tout petits, surtout quand Monsieur Delmas sortit de son bureau pour demander à sa secrétaire si ça lui prenait souvent, de pousser de tels cris d'orfraie !
À peine fut-il sorti de son bureau qu'il se figea, éberlué :
"- Jérémie ! Qu'est-ce que c'est que ce carnaval ? Vous avez décidé, avec Odd, de tourner un film d'horreur dans le lycée-collège ? Vous croyez que nous ne vivons pas des temps suffisamment inquiétants, avec tous ces dinosaures qui se promènent par ici, pour penser à faire les clowns ?
- Monsieur Delmas, ils ne sont pas déguisés ! Ce sont nos amis, et de vrais préhistoriques de Néanderthal ! Ils se sont retrouvés ici et maintenant, au même titre que les dinosaures, mais ils sont nos amis ! Ils nous ont sauvé la vie, à mes amis et moi, alors que nous étions partis chercher des morceaux de machine et de ferraille pour mes robots ! Sur le coup, ils nous ont effrayés, à nous aussi, les pauvres, mais ils nous ont débarrassés de plusieurs vélociraptors féroces, il faut voir comme ! Ce serait bien qu'ils soient ici avec nous ! Ils protègeraient votre établissement et les élèves, parce que ce sont de sacrés chasseurs et athlètes ! Et puis... L'armée et la police sont tellement débordés, en ce moment, qu'un peu d'aide, même aussi étrange que celle-là est la bienvenue, non ?
- Mais enfin, Jérémie, est-ce que ces préhistoriques comprendraient ce que nous attendons d'eux ? Car j'imagine qu'ils ne parlent pas notre langue ! S'ils parlent, d'ailleurs !
- Ils parlent leur langue, mais ils parlent. Et, croyez-moi, ils sont très intelligents ! Et très courageux, aussi ! Monsieur Delmas, ils sont perdus, ici, et nous sommes les seuls en qui ils aient confiance ! Je vous en prie, aidez-les ! Je sais que vous ne serez pas déçu, je m'en porte garant ! dit Jérémie.
- Jérémie a raison, M'sieur ! dit Ulrich. Le gars, Niya, il se bat comme un lion ! Et les filles aussi ! Et ils sont très sympas ! Moi, je leur fais confiance, je leur dois la vie ! dit le brun jeune homme, souriant.
- Monsieur, sans Wang-Ka, je serais mort au moins dix fois ! dit Odd, prenant gentiment la main de la Néanderthalienne rousse.
- Et moi, je remercie Délian-Ka, elle m'a sauvée aussi ! sourit Yumi, à l'adresse de la très pâle Néanderthalienne frisée aux cheveux de lune.
- Moi, j'ai totale confiance en eux ! Ils sont extraordinaires ! Et ce sont devenus mes amis ! dit Aelita. Kaïra m'a défendue, et croyez-moi, c'était impressionnant de la voir faire !
- Bon... Mais je vais appeler Madame Hertz, car elle a des amis qui travaillent au Muséum d'Histoire Naturelle et au Musée de l'Homme... Ils seront sûrement très surpris et ravis aussi ! dit le proviseur.
- Non ! Ils seraient capables de les disséquer à vif ! Laissez les savants en dehors de ça ! Monsieur Delmas, ils sont à peine plus âgés que nous ! C'est tout juste des adultes ! Et ils sont perdus dans un monde totalement étranger et étrange, pour eux ! Nous, on les aidera, mais si vous les livrez aux savants, Dieu sait ce qu'ils vont en faire ! Il y a des dinosaures, dehors, qu'ils s'occupent des dinosaures s'ils veulent, mais qu'ils fichent la paix à nos amis ! Je vous en supplie, Monsieur Delmas ! implora Jérémie.
- Soit ! Mais où allons-nous les loger ? Pas dans l'internat, tout de même ! objecta le proviseur.
- Bah, si vous réunissez tout le monde et racontez tout ce qu'on vous a expliqué, ça passera très bien ! De toute façon, nous on les protègera comme ils nous protègeront ! dit Yumi. Ici, ils seront de toute façon moins en danger que dans le monde extérieur !
- D'accord !".
Depuis l'attaque des dinosaures, la plupart des externes n'allaient plus au lycée-collège qui vivait en état de siège. Yumi, exceptionnellement, comme son petit frère, étaient hébergés temporairement, à la demande de leurs parents qui avaient dû, pour raison familiale, repartir au Japon pour régler une sombre histoire d'héritage.
L'aimable Japonaise partageait la chambre d'Aelita, et leur cohabitation se déroulait sans problèmes, tant ces deux-là s'aimaient et s'entendaient comme des sœurs !
Hiroki partageait la chambre de son copain Johnny.
Monsieur Delmas répartit les préhistoriques dans les places et les chambres restantes. Niya se retrouva hébergé chez Jérémie, Kaïra eut la dernière chambre seule, juste à côté de celle de Sissi La Peste, et Délian-Ka dormirait dans la même chambre que Wang-Ka, en face de la chambre d'Aelita et de Yumi.
Monsieur Delmas était un peu inquiet quant à l'hygiène de ses nouveaux pensionnaires et aux dégâts éventuels qu'ils pouvaient provoquer, ne sachant au juste comment ils s'adapteraient à un tel environnement, si différent du leur. Mais l'être humain, même préhistorique, s'adapte à tout, ainsi qu'il devait le découvrir avec surprise.
21
Dans l'heure qui suivit, le proviseur de Kadic convoqua professeurs et élèves, pour leur présenter ses drôles de nouveaux pions... Enfin, on ne savait pas trop ce qu'on allait faire d'eux, mais il s'avérait qu'ils avaient sauvé la vie de plusieurs élèves, et donc, comme eux aussi n'étaient pas les amis des dinosaures, mieux valait-il, eu égard le fait qu'ils étaient costauds, qu'ils servissent de protection, car, visiblement, ils savaient se battre, se défendre, et apporteraient la sécurité qui manquait à Kadic, police et armée étant complètement débordées...
Les élèves et les professeurs fixaient les nouvelles recrues rétros avec des yeux exorbités, et bientôt, des ricanements cruels s'entendirent dans le brouhaha qui augmentait ! Sissi s'avança, méprisante, et dit, toisant Niya et ses amies sous le nez ;
"- Papa ! Ici, c'est un lycée ! Pas une ménagerie ! Avec ce chien puant qui appartient à Odd Della Robbia, ça suffit, je trouve ! Ils sont affreux, ces hommes des cavernes, et si ça se trouve, ils ne rêvent que d'une chose, nous transformer en leur casse-croûte ! Il y avait des cannibales, à l'époque, je te signale ! Et puis, ils sont sûrement bêtes et méchants !
-Ouais, ben pas autant que toi ! lui lança Ulrich, depuis la foule.
- Quoi ? Mais enfin, Ulrichounet, ces gorilles n'ont rien d'humain !
- Oui, mais même les gorilles sont plus intelligents que toi, et les Néanderthaliens ne sont pas de gorilles, mais des êtres humains, contrairement à toi qui n'est qu'une greluche ! continua Ulrich !
- Stern ! Ça suffit ! Si vous continuez à insulter ma fille, vous aurez une colle !
- Sauf votre respect, Monsieur le Proviseur, elle n'avait pas à insulter et à humilier nos amis ! Sissi ! Si jamais tu dis des horreurs à nos copains à qui nous devons la vie sauve, je t'assure que, fille du proviseur ou pas, tu le regretteras ! déclara Ulrich, superbe.
- Hé, Sissi ! Tu n'as jamais eu l'idée d'aller voir dans le parc ces derniers temps ? Dommage, tu aurais pu servir de déjeuner à quelques bestioles charmantes ! ! ! Et ça nous aurait fait des vacances ! lança Odd, pas content non plus.
- Della Robbia ! Deux heures de colle ! lança Monsieur Delmas. Et toi, Sissi, deux heures aussi, ça t'apprendra à réfléchir avant d'ouvrir la bouche !
- Mais, Papa chéri...
- Il n'y a pas de " mais Papa chéri " qui tienne ! Tu es un chameau, ma fille, et nombre de professeurs et d'élèves ont eu à pâtir de tes malversations ! Crois-tu que je sois sourd et aveugle ? Et en plus, tu es hypocrite ! Si ta pauvre mère voyait ça, elle en pleurerait de désespoir ! Tu es désespérante, Sissi, et je me demande vraiment s'il ne vaudrait mieux pas que je te mette en pension dans un établissement bien strict et loin d'ici pour t'apprendre à avoir un peu plus de plomb dans la cervelle ! En attendant, tu n'iras plus embêter Ulrich et ses amis et tu n'embêteras pas ces pauvres Néanderthaliens non plus ! Quant au chien de Della Robbia, normalement, il devrait être interdit ici, mais sans lui, Odd est perdu et malheureux... Ses parents m'ont demandé une dispense spéciale, et je la leur ai accordée, à la condition sine qua non qu'Odd rattrape ses notes rapidement, ce qu'il a promis de faire, et qu'il a commencé à faire, d'ailleurs, ce qui n'est pas ton cas, Élisabeth ! fulminait le brave homme.
- Sissi ! Je veux qu'on m'appelle Sissi, pas Élisabeth ! maugréa la teigne.
- Bon sang, Élisabeth est ton nom de baptême, et ce surnom ridicule est celui de l'ancienne impératrice d'Autriche qui n'était pas du tout la femme romantique qu'on a cru pendant longtemps, mais une hystérique anorexique, arriviste et tyrannique ! Alors, maintenant, tu arrêtes avec tes idées ridicules, et tu te tais ! Je n'ai pas fini de présenter nos nouveaux amis !".
Sissi, blême de rage, regagna donc la foule sous les ricanements cruels de tous et même des Néanderthaliens, tandis que Monsieur Delmas se lançait enfin dans un peu ordinaire discours :
"- Mesdames et Messieurs les professeurs et membres du personnel, chers élèves de Kadic, vous savez que depuis quelques temps des créatures de toutes sortes, sorties d'ères passées, sont en train d'envahir notre monde ! Ces quatre jeunes gens ici présents ont été eux aussi les victimes de ces voyages temporels intempestifs, et au nom de la simple humanité, nous n'avons pas le droit de les laisser seuls dans ce monde étranger pour eux, affronter des danger terribles ! Je compte sur vous pour les aider à s'adapter au mieux ici, parmi nous ! Je sais qu'ils seront sûrement des aides précieuses pour nous défendre si jamais ces maudits dinosaures revenaient nous envahir ! Jim, je vous charge de vous occuper d'eux comme s'ils étaient vos enfants !
- Mais, Monsieur le Proviseur, comment je vais faire ? Quand j'étais garde forestier au Québec, on avait rencontré des Indiens qui nous avaient raconté l'histoire du Sasquatch et qui tentaient de le rencontrer pour l'aider, mais je ne préfère pas en parler ! déclara l'inénarrable prof de gym, toujours engoncé dans sa tenue de sport minable et ses chaussures ridicules.
- Jim, ces jeunes gens ne sont pas des Sasquatchs, mais des êtres humains ! Préhistoriques, certes, mais HUMAINS ! Donc, intelligents, sensibles et respectables ! Je veux seulement que vous les aidiez s'ils avaient des difficultés, c'est tout ! dit Monsieur Delmas, quelque peu accablé par la bêtise abyssale de Jim.
- Bien, Monsieur le Proviseur ! dit Jim, carrément au garde-à-vous !
- Bien, allez montrer à ces jeunes gens où ils seront logés !".
Et Jim s'éloigna donc, après avoir fait signe à ses étranges protégés de le suivre, se posant pas mal de questions en route - oui, ça lui arrivait !- mais quelque peu inquiet quant à leurs réactions éventuelles. Même s'il avait été un cancre, il avait quand même retenu qu'on pensait que les hommes préhistoriques n'étaient pas vraiment des Prix Nobel, et qu'ils étaient aussi stupides sinon plus que lui ! ! ! Enfin, puisque Jean-Pierre lui avait confié ces zigotos, il devait s'en occuper, et ça risquait de n'être pas de la tarte...
Les jeunes filles, et même plutôt les jeunes femmes se retrouvèrent donc réparties dans différentes chambres de l'étage des filles, et Niya, lui, alla chez Jérémie.
Les pauvres Néanderthaliens n'avaient pas d'affaires, aussi Monsieur Delmas demanda-t-il à plusieurs de ses élèves assez costauds, s'ils pouvaient prêter, voire donner, quelques vêtements à ses protégés. Rosa Petitjean, la cuisinière, revint bientôt avec un carton plein de vieilles robes, jupes et pulls ou chemisiers d'une taille digne d'un mammouth ! La brave femme expliqua :
"-Monsieur Delmas, ça ne me va plus, j'ai grossi depuis que je portais ça. J'ai eu une formation de couturière, et je pourrai faire les retouches, s'il le faut ! Ces pauvres petites des cavernes, elles n'ont rien à se mettre ! Alors, j'ai amené tout ça ! Et le petit gars, lui, je n'ai rien pour lui, hélas ! En plus, j'ai peur que ce qu'on sert à la cantine, ça les rende malade... Ils sont habitués à manger que du bio, eux, et nous, ici, on n'a que des trucs avec plein de conservateurs et de colorants ! Voilà, je vais finir de nettoyer la cantine ! À plus tard, Monsieur !
- À plus tard, Rosa, et merci pour eux !
- Pas de quoi, je voulais les donner à une association de charité, mais finalement, c'est mieux comme ça !".
Et la colossale cuisinière se retira, souriante. Monsieur Delmas contempla, pensif, le carton plein de nippes un peu passées et assez informes, d'un goût assez peu sûr, qu'elle avait apporté ! Pauvres Néanderthalienne, attifées avec ça, elles seraient totalement épouvantables !
Yolande, l'infirmière, donna aux Néanderthaliens des savons hypoallergéniques, des dentifrices, brosses à dents et shampooings qu'on lui fournissait chaque année lors de campagnes promotionnelles pour l'hygiène corporelle et dentaire... Monsieur Delmas, lui, fournit gants et serviettes de toilette.
Jim, de son côté, procura à Niya quelques vieux joggings qui ne lui allaient plus ou qu'il ne portait guère, des t-shirts et sweat-shirts, ainsi que quelques caleçons dans lesquels il ne rentrait plus.
Il installa le lit supplémentaire pour Niya dans la chambre de Jérémie, et montra à ses protégés comment se servir des toilettes, des douches et autres lavabos. Heureusement que les pauvres préhistoriques connaissaient ce genre de choses depuis qu'ils étaient les hôtes des bases intertemporelles, car avec les explications de Jim, ils ne s'en seraient pas vraiment sortis !
Et une nouvelle vie commença pour eux...
22
Cela faisait à présent plus d'une semaine que Kadic comptait de nouveaux très anciens membres, et que les dinosaures avaient fui depuis que les rusés préhistoriques faisaient un barouf de tous les diables pour les effrayer et les éloigner du secteur ! Ils avaient pris les couvercles métalliques de vieilles poubelles trouvées dans la cabane à outils, les poubelles métalliques elles-mêmes et s'en servaient comme de tam-tams qu'ils activaient dès que quelqu'un sortait du collège, afin qu'il ne soit pas attaqué par les monstres qui sévissaient partout ailleurs ! Contrairement au craintes de Rosa, la nourriture de la cantine ne rendait pas trop malades les Néanderthaliens, et elle fit des prodiges avec ses vieux vêtements et ceux qu'avait prêtés Jim, en les retouchant de manière à ce qu'ils soient moins longs, et plus seyants, tout de même ! Aelita et Yumi, de leur côté, s'étaient débrouillées pour que leurs nouvelles amies aient des sous-vêtements à leur taille, et les Néanderthaliennes allaient maintenant vêtues peu ou prou comme les Vamps ou les Deschiens !
Quant à Niya, avec les vêtures de Jim, il ressemblait presque à son jeune frère ! En plus chevelu, légèrement barbu et tout aussi poilu, toutefois ! C'était très drôle !
Seulement, les pauvres préhistoriques allaient pieds nus, car ils n'auraient pas supporté les chaussures auxquelles ils n'étaient pas habitués !
Mais les quatre jeunes gens, après avoir bien fait rire tout le monde avec leurs allures particulières finirent par gagner le respect de tous, parce qu'ils eurent l'idée de truffer le parc de Kadic de pièges mortels, de faire comprendre à tous qu'il ne fallait jamais se déplacer seul à l'extérieur des bâtiments, et, si ça arrivait, de le faire en faisant le plus de chambard possible !
En quelques heures, les pièges du parc, de solides collets, avaient étranglé plusieurs Vélociraptors, et la grande fosse habilement camouflée et tapissée d'épieux redoutables était prête pour un éventuel T-Rex !
Cependant, Jérémie et Salammbô, aidés outre-temps par Franz, tentaient de trouver le moyen de rapatrier sans risque les préhistoriques à leur époque d'origine... Jérémie avait rapatrié le Skidbladnir II sur Lyokô, puisque les préhistoriques n'y étaient plus et que deux d'entre eux étaient manquants. De plus, où et quand récupérer Anaïak et Maïn ? Le supercalculateur chinois, squatté par Xana avait disparu dans les brumes du passé !
Équipées des armes les plus redoutables, tels que fusils mitrailleurs, canons et autres lance-flammes, police et armée étaient arrivées à nettoyer quasiment toute la ville, mais quelques sauriens, plus rusés, leur échappaient toujours et encore, se cachant dans les recoins sombres, se glissant dans les terrains vagues, quant aux ptérosauriens, eux, ils fondaient du ciel comme la foudre, et peu sortaient indemnes de leurs grands becs pointus et dentus !
Au bout de quelques temps, tout Paris et presque toute la banlieue furent débarrassés des monstres antédiluviens... Seul le secteur de Kadic et de la vieille usine étaient encore infestés, et les créatures réfugiées là semblaient d'une autre trempe que celles, pourtant terribles, qui avaient sévi ailleurs.
Heureusement, face aux armes modernes et aux trop nombreux humains, les dinosaures n'avaient pas fait le poids ! Une bonne rafale de mitraillette, quelques bonnes roquettes et grenades avaient eu raison de la plupart des vélociraptors et des ptérodactyles, mais Xana n'avait pas contaminé son dernier giga-octet ! ! !
Alors que l'inquiétude s'était apaisée quasiment partout, sauf dans le secteur de Kadic, qui semblait inexpugnable, plusieurs T-Rex et brontosaures se matérialisèrent dans les grandes avenues de la capitale, faisant trembler sur leurs bases les beaux immeubles, hôtels particuliers ou les tours du quartier de la Défense, qui, là, défendaient encore moins de choses que d'habitude...
Toutes ces énormes bêtes convergeaient, en un étrange unisson, vers Boulogne et Sceaux, vers le secteur où vivaient tant bien que mal les Lyokoguerriers rescapés ! Mais le pire, ce furent les forces aéroportées reptiliennes ! Car là, Xana transbahuta des Rhamphorhynchus et des ptérodactyles parmi les plus grands et redoutables de la gent ailée jurassique !
Quand les rues devinrent trop étroites, les monstres, les brontosaures en premier, tels de vivants bulldozers, firent le passage... Jusque là, il n'y avait eu que quelques blessés à déplorer, mais là, il y eut des morts ! Xana avait réactivé une tour dans un autre Réplika, et il fallait repartir, la peur au ventre, encore plus que jamais, pour l'inconnu...
Oui, je sais, je suis fracassée, je suis geek, mais j'assume et j'en suis fière !!!
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