Grâce à Internaaze, j'ai découvert cet article sensationnel, et son auteure, écrivaine de SF, si, si, Irène Delse, dont le site est aussi cité en exergue dans les liens situés sur le bas-côté de mon blog... Allez-y voir, il est très bien fait et intéressant, et j'adore, car Irène est quelqu'un d'aussi subversif que moi, et tant mieux !!!! Subversifs de tous les pays, unissez-vous ! Tissez la Toile de l'anarchie et de la liberté pour mieux enserrer les tenants de toutes les coercitions dans des pièges où ils seront réduits finalement à l'impuissance ! D'ailleurs, je vais aller me chercher ses bouquins, tiens, aussi. Ca ne me fera pas de mal, moi qui adore la SF !!!
"Et Cro-Magnon dévora Néandertal… Peut-être!
Irène Delse | 19 mai 2009 | 08:29
Nos ancêtres les cannibales?
Les hommes préhistoriques n’étaient pas de petits anges. Il nous reste assez de squelettes portant des traces de violence pour prouver que les “faits-divers” sanglants ne sont pas une invention moderne, loin de là. Et l’on savait déjà que certains de nos ancêtres, proches ou éloignés, avaient pratiqué à l’occasion le cannibalisme.
Enfant néandertalien de Gibraltar (reconstitution). (une petite fille reconstituée par Elisabeth Daynès, sculptrice géniale dont il est fait aussi mention dans ce blog).
Autre avancée des sciences de la préhistoire ces dernières années: l’être humain anatomiquement moderne, Homo sapiens (“homme de Cro-Magnon”) et son plus proche cousin, Homo neandertalensis, l’homme de Néandertal(1) ne font pas partie de la même espèce, mais étaient très semblables sur le plan de l’intelligence, de la technologie qu’ils maîtrisaient et du mode de vie.
De sorte que la découverte publiée récemment par le paléoanthropologue Fernando V. Ramirez Rozzi, du CNRS, et ses collègues ne devrait pas nous étonner complètement…
Le lieu: la grotte dite Les Rois (ou Chez les Rois), située à 2 km au sud du village de Mouthier-sur-Boëme, en Charente, France. Depuis la fin des années 20, diverses fouilles y ont exhumé des vestiges (dents, fragments d’os…) que l’a cru longtemps être ceux d’humains modernes.
L’époque: le début du Paléolithique supérieur, entre 28 000 et 30 000 ans avant le présent, une période charnière dans l’ouest de l’Europe, puisque cela correspond à la disparition des derniers Néandertaliens et au début du monde que nous connaissons, uniquement peuplé d’Homo sapiens.
Les indices: un morceau de mandibule et des dents appartenant à un individu assez jeune, sans doute un adolescent, dont les caractéristiques physiques avaient jusque là été considérées comme celle d’un Homo sapiens moderne; et puis des outils de pierre et de bois de renne que leur morphologie permet de rattacher à l’Aurignacien, un type d’outils associés quasi-exclusivement avec Homo sapiens. (Les vestiges osseux ont été retrouvés associés in situ aux outils, ce qui est crucial. Sinon, il aurait pu s’agir de dépôts laissés dans des circonstances totalement différentes, peut-être à des siècles de distance.)
La mandibule porte des traces de découpe, du genre que l’on obtient lorsqu’on enlève la chair des joues et la langue pour les manger. Signe qu’elle a été traitée, après la mort de l’individu en question, de la même façon que l’on traitait le gibier, par exemple les rennes et des antilopes qui figuraient souvent au menu des Charentais de l’époque.
Triste mais classique cas de cannibalisme au sein de notre espèce, donc? C’est ce que l’on pourrait penser.
Sauf que… Rozzi et ses co-auteurs ont “réévalué” (c’est le terme) les vestiges humains de la grotte Les Rois et conclu que la mandibule en question n’appartenait probablement pas à un être humain moderne, mais à un Néandertalien.
La conclusion de la conclusion est tentante, irrésistible, horriblement satisfaisante, même, d’un point de vue narratif…
Les os d’un jeune Néandertalien, découpés comme de la viande de boucherie avec des outils d’Homo sapiens? On tient là une scène de crime préhistorique chez nos aïeux directs, un meurtre inter-espèces parmi de proches parents (sur le plan phylogénétique), bref une sorte de “Caïn et Abel” paléolithique!
Et pour mettre la touche finale, on ajoutera que celui ou ceux qui ont tué cet individu ont récupéré des dents, enfilées en collier, pour servir d’ornement ou de trophée.
Mais il y a tout de même un point délicat.
(Et c’est là que je dois ouvrir une parenthèse personnelle: au début de la décennie 90, j’ai moi-même suivi, durant une année brève mais passionnante, un DEA de paléoanthropologie à l’Institut du Quaternaire de Bordeaux, c’est-à-dire là où travaille l’un des signataires de l’article, Francesco d’Errico. Le Néandertal, si j’ose dire, c’est la spécialité de la maison.)
Un point délicat, disais-je…
Les restes humains de la grotte Les Rois consistent essentiellement en deux fragments de mandibule (outre des dents isolées). Et si l’on n’a pas le menton (la seule partie typique de l’Homo sapiens moderne), une mandibule est extrêmement difficile à attribuer de façon certaine à une espèce précise d’homme fossile. Rien ne ressemble plus à une mandibule d’Homo sapiens un peu robuste, en fait, qu’une mandibule de jeune Néandertalien. Et vice-versa.
À tel point que lors de sa découverte, la mandibule a été considérée comme moderne (H. sapiens) parce qu’elle était associée à des outils aurignaciens, c’est-à-dire associés eux-mêmes, statistiquement, aux êtres humains modernes.
Et un racloir en pierre n’a pas lui-même de gènes “sapiens” ou “Néandertal”…
L’article du JASs est d’ailleurs plus circonspect que les compte-rendus dans les blogs et magazines scientifiques qui se sont multipliés ces derniers jours: il parle simplement d’une mandibule “présentant des caractères morphologiques néandertaliens” et évoque trois scénarios possibles pour expliquer les vestiges trouvés dans la grotte. Dans les deux premiers, la victime et ses “découpeurs” faisaient partie du même groupe humain. Seul le troisième correspond à un cas de violence entre espèces.
1) Soit la victime est un Homo sapiens qui présentait des traits “primitifs” le faisant ressembler à un Néandertalien, ce qui pourrait être l’indice d’une population génétiquement isolée parmi les autres H. sapiens.
2) Soit les outils aurignaciens présents dans la grotte ont été fabriqués par un groupe humain portant des caractéristiques physiques mélangées, empruntant à H. sapiens et H. neandertalensis. Ce serait un rare indice de métissage entre les deux espèces, peu probable sachant que la non fécondité entre espèces est la règle… Mais cela n’exclut pas les hybrides non fertiles. La population locale aurait pu comprendre des individus métissés, féconds ou non.
3) Soit, enfin, la victime est bien un Néandertalien, mais les outils aurignaciens ont été fabriqués exclusivement par des H. sapiens. Qui l’ont découpé, probablement dévoré, et ont conservé ses dents sous forme de collier.
Et l’imagination de se déchaîner…
Une dernière chose, tout de même: quel que soit le scénario, rien ne dit que les découpeurs aient auparavant tué eux-même leur bonhomme. C’est très possible. Mais ils ont pu aussi tomber sur un cadavre et décider de ne rien laisser perdre…
Meurtriers ou charognards, comment préférez-vous imaginer nos ancêtres préhistoriques, finalement?
Source: “Cutmarked human remains bearing Neandertal features and modern human remains associated with the Aurignacian at Les Rois” (PDF), Fernando V. Ramirez Rozzi, Francesco d’Errico, Marian Vanhaeren, Pieter M. Grootes, Bertrand Kerautret & Véronique Dujardin, Journal of Anthropological Sciences, Vol. 87 (2009), pp. 153-185."Voilà donc ce sublime article qui traite d'une drôle d'Eucharistie... Aimez-vous les uns les autres... Cuits à point ou en sashimis ??? Après tout, l'être humain a peut-être très bon goût...
Ça expliquerait certains tabous religieux, puisque jadis les sacrifices humains et partant l'anthropophagie étaient courants au Moyen-Orient, notamment au Levant, avant que les religions monothéistes n'existent. Il se trouve que l'homme grillé a la même odeur que le porc - si, je suis témoin, j'ai vu un gars se faire cramer vif en tombant sur les rails du métro, ligne 8, à Bastille, et ça sentait le cochon grillé ensuite. J'ai encore, dix ans après, cette odeur dans le nez, et je ne peux toujours pas manger de cochon grillé !!! Le plus fou de tout, c'est que les Papous, autrefois anthropophages nommaient leurs repas humains "Long cochon"...
Bon appétit ! Pardon pour les végétariens !!!
3 commentaires:
Coucou Thinkyerléenne,
Rien de surprenant à ce que des humains en mangent d'autres, il me semble.
Religion monothéiste : sacrifie ton seul et unique fils, Abram... bof, tu sais... rien de nouveau sous le soleil. On croit que manger l'autre permet d'en incorporer ses qualités. La médecine chinoise comprend encore de smédicaments qui relèvent de ces croyances, mais je suis sûre que bien d'autres aussi.
On dit à un enfant que l'on aime qu'on le croquerait et manger a aussi un sens sexuel, ici, en tout cas. Tout ceci se tient au pays des mangeurs de cadavres, plus ou moins frais. Pardon pour les carnivores. Hihihihihi!
Parait, oui, que l'odeur de l'humain qui cuit-cuit ravit les papilles gustatives des autres oiseaux ses confrères. Vieux réflexe....
Les zumins sont de tels barabres (ou tartares?). Papous rien que je leur préfère les chhhhats.
Certain, l'Eukaristie, c'est pour les anthropophages. Beurk. Beurk. Beurk. Et tiens, rebeurk. :(%
Zed ¦D
Boaf ! Complètement bidon la "découverte" de Rozzi. Des traces de découpes sur des nonos ne prouvent aucunement le cannibalisme (elles peuvent être de simples traces de décarnisation, traitement post mortem connu dans diverse civilisations). Et qu'est-ce qui prouve que ce sont le Cro-Magnon qui ont fait ça ? Pourquoi pas Néandertal lui même ?
Bref, un scénario peut-être frissonnant pour une fiction, mais pour une annonce "scientifique", c'est malhonnête !!! Encore un rigolo en mal de pub ...
Eric
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