Les crocs mignons de Néanderthal, dédié à Zed.

Et comme Zed avait des questionnements sur la denture de nos chers prédécesseurs dont je vous tartis gravement ici, voici quelques exemples de crânes et quenottes rétros du meilleur acabit...

 

L'homme de la Chapelle aux Saints, dont le squelette et le crâne ont servi de définition anatomique pour toute l'espèce néanderthalienne, était un vieux monsieur atteint d'arthrose déformante et, à l'âge de 50 ans était plus usé que nos centenaires actuels et avait encore moins de dents qu'eux... Ce monsieur a vécu il y a 60 000 ans.

L'homme de la Ferrassie est mort plus jeune (35-40 ans) et avait encore toutes ses dents bien qu'elles fussent usées. On pense que certains Néanderthaliens les avaient utilisées, comme dans certaines tribus amérindiennes autrefois ou chez les Inuits pour maintenir les peaux en cours de tannage et d'assouplissement... Peut-être leurs dents ont-elles été usées aussi à force de consommer des choses dures. Les Néanderthaliens de la Ferrassie, ils étaient huit, sont datés entre 75 000 et 60 000 ans.

 

Le crâne quelque peu en kit ci-dessus a été attribué à un jeune Néanderthalien gracile, puis, finalement, à une demoiselle de Néanderthal, dénommée familièrement Pierrette, car trouvée à la Roche à Pierrot, à St Césaire. La pauvre a été blessée à la tête et a survécu un certain temps à sa blessure. Elle est morte entre 17 et 20 ans. On ne faisait pas de vieux os à l'époque, enfin, si, quand ils se sont conservés jusqu'à nos jours... Cette fragile demoiselle est morte il y a 38 000 ans, et fait partie des Néanderthaliens tardifs, ceux qui ont vu Cro-Magnon arriver...

Quand elles ne sont pas usées ou abîmées, suite à des brisures par exemple, les dents des Néanderthaliens sont généralement un peu plus grandes et robustes que les nôtres, pas forcément plus pointues, et leurs incisives, comme celles des Asiatiques actuels, étaient en pelle. Leurs molaires étaient plus grandes que les nôtres et avaient de la place pour pousser dans leurs puissants maxillaires. Notamment la troisième molaire (dent de sagesse), qui bénéficiait d'un espace suffisamment vaste pour pousser tranquillement sans créer de souci à son ou sa propriétaire. ils auraient même pu avoir, dans certains cas, une quatrième molaire par demi-mâchoire, tellement il y avait d'espace ! Les heureux mortels ne connaissaient pas les délices des caries, et les problèmes inhérents à ces saletés, par contre, l'arthrose et les gingivites pouvaient entraîner des évulsions dentaires ou des abcès.

Mais à part ça, les gens durant quasiment tout le paléolithique avaient des dents remarquables. Sauf quand elles étaient brisées, là, cela pouvait entraîner de graves infections comme dans le cas du pauvre Homo antecessor, le crâne numéro 5 de la Sima de los Huesos, dont j'ai parlé il y a quelques jour lors de notre visite du musée de l'Homme, Mimi et moi.

D'ailleurs, les dents de la pauvre Pierrette sont ce qui s'est le mieux conservé sur son crâne en puzzle...

Il arrive parfois qu'un fossile ne soit connu que par une unique dent ayant traversé les éons sans altération. Les dents sont ce qui se conserve le plus longtemps d'un corps. Sauf quand elles sont cariées, évidemment, mais les caries ne sont apparues qu'au Néolithique, à partir du moment où nous avons mangé des céréales... 

Voilà, ma chère Zed, j'espère avoir apporté quelques lumières à tes questions et angoisses existentielles... :-D 

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