Une trouvaille un peu ancienne, peut-être hors contexte archéologique, vient à nouveau bouleverser notre connaissance de l'histoire humaine. Cet article de "La Croix", trouvé sur le site Paléoanthropologie, cité en lien ici et in extenso ci-dessous apporte quelques précisions qui n'étaient pas présentes dans de précédentes dépêches...
28/12/2010 10:49
L'homme de Denisova en débat chez les paléontologues
Des généticiens affirment avoir découvert un « nouvel » hominidé, ni néandertalien ni homme moderne, mais présentant une petite parenté génétique avec les actuels Mélanésiens
Des touristes russes devant la grotte de Denisova où des restes d'hominidés ont été identifiés (Photo : Nicolaï Chuvaev/CC/ Wikicommons ).
« Out of Africa », et après ? Que s’est-il exactement passé depuis que les hommes préhistoriques ont quitté l’Afrique pour gagner le Moyen-Orient, puis l’Eurasie et, enfin, ont probablement pris des chemins divergents, les uns se dirigeant vers l’Asie, les autres vers l’Europe ?
Les hypothèses vont bon train parmi des paléontologues après la découverte, en 2008, d’une phalange et d’une dent, par les archéologues russes, dans la grotte de Denisova, au sud de la Sibérie, dans les montagnes de l’Altaï.
Ainsi, en mars dernier, les paléogénéticiens emmenés par Svante Pääbo de l’institut Max-Planck d’anthropologie de l’évolution à Leipzig ont-ils annoncé dans la revue Nature la découverte d’un hominidé inconnu, « l’homme de Denisova » (1).5% de gènes communs avec les Mélanésiens
Ni néandertalien ni homme moderne, d’après le séquençage de l’ADN mitochondrial (ADN uniquement transmis par la mère) d’une phalange, ce spécimen, d’après la datation d’échantillons du sol de la grotte où des fragments de son squelette ont été trouvés, aurait vécu il y a 30 000 à 48 000 ans.
Localisation de Denisova, au sud de la Sibérie.
Surpris, Svante Pääbo avait alors dit qu’il fallait attendre le séquençage de l’ADN du noyau des cellules osseuses (ADN résultant du mélange des patrimoines du père et de la mère) pour affirmer s’il s’agissait d’une nouvelle espèce ou d’un simple lignage différent.
Voilà qui est chose faite, ou presque. Le séquençage du génome des cellules osseuses montre, selon les chercheurs, qu’il s’agit d’une femme et qu’elle présente une parenté avec l’homme de Neandertal. Ce « nouvel » hominidé n’a pas, à la différence des Néandertaliens, contribué au patrimoine génétique des Eurasiens modernes mais a 5% de gènes communs avec les populations actuelles de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Mélanésie. Cela laisse penser qu’il y a eu des croisements. « Le fait que les Denisovans aient été découverts dans le sud de la Sibérie et aient contribué au patrimoine génétique des populations modernes de Nouvelle-Guinée montre que la présence de ce groupe pourrait avoir été étendue en Asie depuis la fin du pléistocène (NDLR : entre –130 000 et –10 000 ans) », selon David Reich, professeur à l’université Harvard (Massachusetts), coauteur de l’étude.
Pour Svante Pääbo, « la combinaison du génome de l’homme de Neandertal et de celui du Denisovan révèle la complexité des interactions génétiques entre nos ancêtres et les différents groupes d’hominidés anciens ».
Cette découverte laisse toutefois perplexe certains préhistoriens. « L’ADN daté de 30 000 à 48 000 ans ne concorde par tout à fait avec les outils de pierre trouvés sur place », observe Marylène Patou-Mathis, préhistorienne spécialiste de Neandertal (2).«Nous sommes prudents»
Pour Marcel Otte, préhistorien à l’université de Liège, qui a fouillé la grotte, « la chronologie n’est pas très fiable car le sol de la grotte s’est affaissé et, surtout, on n’a pas encore analysé des milliers de données paléontologiques et archéologiques. L’hominidé de Denisova pourrait être un homme moderne asiatique, mais cette idée est mal considérée par la communauté scientifique occidentale », conclut-il.
En d’autres termes, « sans remettre en cause la pertinence de l’ADN, nous sommes prudents et plaidons pour que la paléontologie humaine reste un domaine pluridisciplinaire et s’appuie davantage sur d’autres éléments, comme d’autres os, humains et animaux, et, surtout, des traces d’activité humaine », insiste Marylène Patou-Mathis.
Denis SERGENT
(1) Pour certains paléogénéticiens, il existe quatre espèces d’hommes : Neandertal, l’homme moderne (Homo sapiens), l’homme de Florès et l’homme de Denisova.(2) Auteur de Mangeurs de viande, Belin, 2010.
Nos amis généticiens, préhistoriens et anthropologues, archéologues, ces experts du passé, ces Sherlock Holmes des temps révolus ont encore pas mal de travail, semble-t-il, pour savoir qui était le cadavre sur la scène du crime, et trouver comment il pouvait bien vivre, ce qu'il avait vécu et tant d'autres choses encore... Mais ces outils qui ne correspondent pas aux restes bien maigres retrouvés posent la question de l'exactitude des datations et de la façon dont les fouilles ont été menées, de l'interpénétration des couches archéologiques par quelque contamination issue d'une couche antérieure ou postérieure à celle des vestiges humains, entre autres... Qui est allé saboter la scène de crime ? Ils vont devoir refaire toutes les datations à mon avis pour savoir ce qu'il en est !!!
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