mardi 14 octobre 2008

Première partie de l'article du National Géographic, traduit de l'anglais.

je remercie encore Mimi pour ses précieuses lumières et ses conseils avisés, qui m'a aidée à mener à bien cette tâche tordue !

Traduction de l’article du National Geographic, édition anglaise, d’octobre 2008.

Les autres Humains, Néanderthal révélé. (titre de couverture).

Derniers des Néanderthaliens (gros titre).

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© McNally for NGS.


À côté du portrait en gros plan de Wilma, ce commentaire :
Pour la première fois, la reconstruction d’une femme de Néanderthal émerge du passé, recréée autant par les informations de l’anatomie des fossiles que celles de l’A.D.N. ancien. Finalement, certains auraient eu des cheveux roux et une peau claire.

L’Eurasie était leur territoire isolé depuis 200 000 ans. Puis, les nouveaux venus arrivèrent.

La retraite d’un chasseur (gros titre).
Sur la photo en pied de Wilma dans un décor rocheux et aride, ce commentaire :
Avec leurs gros cerveaux et leur force énorme, les Néanderthaliens semblaient équipés pour affronter tous les obstacles. Mais comme le climat changeait et qu’un nouveau type humain apparaissait dans l’environnement, leur nombre déclinant les fit se réfugier dans les montagnes.
Les hauteurs du nord de l’Espagne suggèrent l’environnement contraignant qu’affrontèrent nombre de Néanderthaliens à la fin de leur règne. Le modèle agrippe une lance, pour montrer que les femmes pouvaient avoir chassé avec les hommes.

Corps de l’article proprement dit, écrit par M. Stephen S. Hall. Photographies par M. David Liittschwager.


En mars 1994, quelques spéléos, explorant un système de cavernes étendu dans le nord de l’Espagne braquèrent leurs lampes dans une petite galerie latérale et remarquèrent deux mandibules humaines émergeant du sol sablonneux. La grotte, appelée El Sidrón, se trouve au milieu d’une forêt isolée de noisetiers et de chênes en altitude, dans la province des Asturies, juste au sud de la Baie de Biscaye.

Se doutant que les mâchoires étaient bien plus anciennes que la Guerre Civile, quand les Républicains utilisaient El Sidrón pour se cacher des soldats de Franco, les explorateurs ont prévenu immédiatement la Guardia Civil locale. Mais quand les investigateurs de la police inspectèrent la galerie, ils trouvèrent les indices d’une plus grande, et ainsi qu’il fut déterminé, d’une bien plus ancienne, tragédie.
Dès lors, les renforts légaux officiels ont exhumé quelques 140 os, et un juge local a ordonné que les vestiges soient envoyés à l’institut médico-légal national de Madrid. Au fil du temps, les scientifiques ont terminé leurs analyses. (cela prit presque six ans). L’Espagne avait son plus ancien Cold Case, sa plus ancienne affaire non classée. Les os d’El Sidrón n’étaient pas ceux de soldats Républicains mais les restes fossilisés d’un groupe de Néanderthaliens qui avaient vécu et peut-être étaient morts violemment approximativement 43 000 années plus tôt. La localisation les place dans l’une des plus importantes intersections géographiques de la préhistoire, et la date les place carrément au centre du plus persistant mystère de toute l’évolution humaine.
Les Néanderthaliens, nos plus proches parents préhistoriques, ont dominé l’Eurasie pendant quasiment 200 000 ans. Pendant cette période, ils ont fourré leurs fameux gros nez proéminents dans chaque coin d’Europe et au-delà – dans le sud le long de la Méditerranée, depuis le Détroit de Gibraltar jusqu’en Grèce et Irak, du nord de la Russie jusqu’à l’extrême ouest, en Grande Bretagne et même jusqu’en Mongolie dans l’est. Les scientifiques estiment que même au sommet de leur occupation de l’Europe de l’ouest, le nombre total des Néanderthaliens n’a probablement jamais excédé 15 000 personnes. Mais ils étaient faits pour endurer, même lorsque le climat glaciaire changeait la plus grande partie de leur territoire en quelque chose ressemblant au nord de la Scandinavie actuelle – une glaciale toundra dénudée, son horizon dégagé brisé ça et là par quelques arbres chétifs et juste assez de lichen pour rendre les rennes heureux.

À l’époque de la tragédie d’El Sidrón, malgré tout, les Néanderthaliens étaient encore dans la course, semblant solidement coincés en Ibérie, dans quelques poches en Europe Centrale et le long de la Méditerranée du sud par un climat détérioré et de plus en plus supplantés par la pression occasionnée par les humains modernes qui émergeaient d’Afrique dans le Moyen Orient et au-delà. Encore 15 000 ans à peu près, les Néanderthaliens avaient disparu pour toujours, laissant derrière eux quelques os et un tas de questions. Étaient-ils une lignée de survivants persévérants et intelligents, tout comme nous, ou une voie sans issue vaincue intellectuellement ? Qu’est-il arrivé durant cette période, entre 45 000 et 30 000 ans plus tôt, quand les Néanderthaliens partageaient plusieurs secteurs du territoire européen avec ces humains modernes migrants d’Afrique ? Pourquoi une sorte d’être humain a-t-elle survécu et l’autre disparu ?


Lors d’un matin humide et brumeux en septembre 2007, je me trouvais devant l’entrée d’El Sidrón avec Antonio Rosas, du Muséum National d’Histoire Naturelle de Madrid qui dirige les recherches paléoanthropologiques. Un de ses collègues me donna une torche et je suis souplement descendu dans le trou noir. Alors que mes yeux s’adaptaient à l’intérieur, j’ai commencé à distinguer les fantastiques contours d’une grotte karstique. Une rivière souterraine avait surgi d’une profonde veine de grès laissant derrière elle une caverne de calcaire étendue sur des centaines de mètres carrés, avec des galeries latérales serpentant jusqu’à l’extérieur en finalement 12 entrées. En dix minutes dans la grotte, j’arrivai dans la Galeria del Osario, le « Tunnel de l’Ossuaire ».

Depuis 2 000, quelque 1 500 fragments d’os ont été déterrés de cette galerie latérale, représentant finalement les restes de neuf Néanderthaliens – cinq jeunes adultes, deux adolescents, un enfant d’environ huit ans et un petitou de trois ans. Tous montraient des signes de stress nutritionnel dans leurs dents – ce qui n’est pas inhabituel chez les jeunes Néanderthaliens tardifs dans leurs derniers temps sur Terre.

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© McNally for NGS.

CREATION D’UNE NEANDERTHALIENNE
Ici une série de photos, en bas de page, de Wilma sous plusieurs angles, avec ce commentaire :
Pour reconstituer une femme d’un peu plus d’un mètre cinquante, puissamment musclée, les artistes Adries et Alfons Kennis ont construit un squelette en utilisant des copies de pelvis et de crânes de femmes de Néanderthal mêlées aux morceaux d’un squelette composite d’homme du Muséum américain d’Histoire Naturelle de New York. Le paléoanthropologiste Steve Churchill de l’Université de Duke a calculé comment réduire la taille des os masculins à celle des os féminins. Comme les étés ont pu être chauds, même durant les périodes glaciaires, les Néanderthaliens étaient probablement nus pour évacuer la chaleur de leurs corps massifs. Des fragments de pigments trouvés sur les sites néanderthaliens ont inspiré les artistes pour ajouter une peinture corporelle décorative.

Reprise de l’article.
Mais un désespoir plus profond est trahi par leurs os. Rosas attrapa un fragment de crâne récemment déterré et un autre d’un os long du bras, tous les deux avec des bords fracturés.
«- Ces fractures ont été – clop – faites par des humains, dit Rosas, imitant le bruit d’un outil de pierre. Cela veut dire que ces types en avaient après leurs cervelles et leurs os longs pour la moelle. ».
En plus des fractures, des marques de coupures laissées sur les os indiquent clairement que les individus ont été cannibalisés. Qui a mangé leur chair et pour quelle raison ? Famine ? Rite ? la destinée conséquente de leurs restes leur a assuré malgré tout une merveilleuse et remarquable sorte d’immortalité. Peu après que les neuf individus moururent – probablement quelques jours - la terre au-dessous, s’est soudainement effondrée, évitant quelques temps aux hyènes et autres charognards d’endommager les restes. Un mélange d’os, sédiments et roches s’écroulèrent sur 20 mètres dans une chambre de calcaire secrète en dessous, bien plus rapidement que la boue n’envahit l’intérieur d’une maison pendant une inondation.
Là, compressées par le sable et la glaise, préservées par la température constante de la grotte, et séquestrées dans leurs coffres à bijoux d’os minéralisés, quelques précieuses molécules du code génétique des Néanderthaliens ont survécu, attendant le moment dans un futur éloigné où elles pourraient être extraites, regroupées et examinées pour savoir comment ces gens vivaient et pourquoi ils disparurent.
La première hypothèse comme quoi notre espèce humaine n’était pas la première à habiter l’Europe fut émise il y a un siècle et demi, à quinze kilomètres à l’est de Düsseldorf, en Allemagne. En août 1856, des ouvriers extrayant du calcaire d’une grotte de la vallée de Neander extirpèrent une calotte crânienne aux arcades sourcilières en visière et quelques os de membres épais. Dès le départ, les Néanderthaliens ont été associés avec un stéréotype culturel persistant de créatures faibles d’esprit, instinctives, de brutaux hommes des cavernes. La taille et l’allure des fossiles semblait suggérer un physique court et épais, trapu (un mètre soixante-cinq environ pour les hommes et un poids de quatre-vingt-douze kilos et demi), avec des muscles massifs et une profonde cage thoracique renfermant probablement des poumons de grande capacité. Steven E. Churchill, un paléoanthropologiste de l’Université de Duke, a calculé que pour gérer sa masse corporelle dans un climat froid, un Néanderthalien typique devait avoir eu besoin de plus de 5 000 calories quotidiennement, ou se rapprocher de ce que brûle chaque jour un cycliste du Tour de France. Cependant, derrière ses sourcils proéminents, le crâne surbaissé d’un Néanderthalien hébergeait un cerveau pratiquement plus gros en moyenne que le nôtre aujourd’hui. Et alors que leurs outils et armes étaient plus primitifs que ceux des humains modernes qui les supplantaient en Europe, ils n’étaient pas moins sophistiqués que ceux que réalisaient les hommes modernes contemporains vivant en Afrique et au Moyen Orient.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Elle est passionnante cette épopée Tinky. Je continue de penser qu'avec la disparition de néanderthal l'humanité a perdu une occasion d'un développement plus harmonieux ....c'est le plus cruel , le plus retors (c'est à dire nous les sapiens sapiens) qui l'a hélas emporté mais pour combien de temps encore ? je pense que nos jours sont comptés , alors viendra le temps de la pieuvre l'un des êtres les plus intelligents du monde animal qui saura évoluer et sortir de la mer comme nous l'avons fait !