La Recherche
ARCHEOLOGIE | 28.05.2009 | 19h00
Neandertal : pourquoi a-t-il disparu ?
De nouveaux résultats établissent la responsabilité des hommes modernes dans la disparition de l’homme de Neandertal .
Europe, il y a 42 000 ans. Le continent est exclusivement peuplé d’hommes de Néandertal. Leurs ancêtres sont arrivés d’Afrique il y a au moins 800 000 ans, peut-être plus. Leurs traits anatomiques sont fixés depuis environ 250 000 ans, et leur culture, pour autant que nous puissions en juger, n’a pas beaucoup changé non plus sur cette période.
Europe, il y a 28 000 ans. Le continent est exclusivement peuplé d’hommes dits "modernes", que l’on appelle aussi Cro-Magnon : notre espèce. Leurs ancêtres sont arrivés, par l’est, il y a environ 40 000 ans. Les plus anciens que l’on connaisse ont vécu en Afrique de l’est il y a environ 200 000 ans. De Neandertal, il ne reste que des fossiles. Les derniers viennent de s’éteindre au sud de l’Espagne et dans des grottes de Croatie.
Que s’est-il passé? Cro-Magnon et Neandertal, si proches biologiquement, et pourtant différents, se sont-ils rencontrés? Ont-ils cohabité? Se sont-ils mélangés? Se sont-ils combattus? Ces questions sont âprement discutées parmi les préhistoriens, qui manquent cruellement de comparaisons actuelles pour penser la coexistence de deux espèces humaines.
C’est pourquoi les résultats qui font l’objet du dossier de La Recherche ce mois-ci sont importants. Présentés il y a à peine quelques mois à la communauté scientifique, ils établissent clairement la responsabilité de l’homme moderne dans la disparition de Neandertal.
Cette disparition a coïncidé avec une période de changement climatique : le démarrage d’une époque glaciaire. Neandertal aurait-il été vaincu par le froid tandis que Cro-Magnon, mieux équipé, aurait progressivement envahi ses anciens territoires laissés libres? L’une des régions où Neandertal a subsisté le plus longtemps, est, en Espagne, la zone délimitée au Nord par l’Ebre. Il était tentant de voir dans ce fleuve une barrière climatique : au sud, les conditions seraient restées favorables à Neandertal, qui s’y serait replié ; le climat et la végétation des régions situées au Nord ne lui auraient pas permis d’assurer sa subsistance. Cro-Magnon n’aurait pénétré la péninsule qu’au fur et à mesure que Neandertal en disparaissait.
Mais des simulations climatiques, associées à des simulations de niches écologiques et culturelles, infirment ce scénario. Même au plus fort du froid, Neandertal aurait pu survivre au Nord de l’Ebre. S’il n’a pas réussi à s’y maintenir, c’est que Cro-Magnon s’y était installé et l’en a empêché.
De quelle façon? On en ignore encore les détails, mais le site des Rois, en Charente, permet d’élaborer des hypothèses. Etudié dès la fin des années 1930, c’est l’un des rares sites où l’on avait trouvé une association indiscutable entre des restes humains et des vestiges de la culture aurignacienne, la plus ancienne associée à l’homme moderne sur le sol européen. Les préhistoriens qui ont repris l’analyse des vestiges déjà découverts, ainsi que les fouilles sur des secteurs non explorés du site, ont confirmé qu’effectivement, il s’agit bien d’un site aurignacien. Et qu’une mandibule d’enfant appartenait bien à un Cro-Magnon. Mais des dents isolées et une autre mandibule présentent des traits néandertaliens. Résultent-elles d’une cohabitation entre les deux populations? D’une capture? D’une hybridation? Il est encore trop tôt pour conclure, mais la vraisemblance d’un contact est de plus en plus forte.
Luc Allemand
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Il y a des liens orientant vers un forum auquel vous pourrez réagir. Il y a aussi le numéro papier de La Recherche n°431 de juin 2009 qui reprend plus en détail l'information ci-dessus. Je viens de me l'acheter... Ca a l'air trop intéressant, tiens !!!
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