vendredi 1 août 2008

Un extrait de notre saga extrêmement métaphysique, écrit par Mimi.

Il s'agit d'un récit de NDE vécue par Délian-Ka, l'une des Néanderthaliennes sympas de notre saga. En voici la première partie. La pauvre fille, sortie de sa base intertemporelle, vient de se faire attaquer par une ourse des cavernes et elle est dans un très sale état.

22 décembre 3000 ?(date de la base intertemporelle)

Enterrée ?


Lorsque je repris conscience, mon esprit se trouvait toujours à l’endroit où ma vie s’était achevée mais mon corps n’était plus visible. Mes amis m’avaient-ils enterrée ? En tout cas, ils étaient tous là, beaucoup plus nombreux, maintenant. Presque tout l’effectif du Niveau I se trouvait là, en train de prier et de pleurer. Même l’intraitable Tinky pleurait. Même Innocent.
Je me surpris à me réjouir de leur désarroi. Ils avaient voulu se débarrasser de moi ? Ils avaient voulu me bannir ? Eh bien ça y était ! J’étais bannie d’office, cette fois-ci ! Ils se trouvaient seuls sans moi ? Je leur manquais ? Bien fait !
Les seuls à me faire vraiment de la peine étaient les petits Jaïn-Bokhren. Appuyés l’un contre l’autre, à la fois si semblables et si différents, les deux improbables jumeaux pleuraient à chaudes larmes la disparition de leur mère, le seul être humain qui voulait bien s’occuper d’eux !
Qu’allaient-ils devenir, maintenant ? Avais-je le droit de les laisser ? Je devinais que je n’avais pas vraiment le choix !
J’espérais en tout cas qu’Innocent n’allait pas tenter de les séparer ou de les monter l’un contre l’autre, profitant de leurs différences morphologiques. A dire vrai, il semblait totalement se désintéresser d’eux. Il avait embarqué loin de moi les enfants qui étaient siens mais se fichait comme d’une guigne des autres ! Tout juste s’il s’était intéressé à ceux qu’il m’avait fait, d’ailleurs ! En vérité, il ne s’y était intéressé que pour me les prendre, les emmener loin de moi, les détourner de moi et leur faire Moïa savait quoi, encore !
Voilà, ça y était ! Je me souvenais de ce que je reprochais à Innocent. Il m’avait pris mes enfants et il détestait les Néanderthaliens ! Il fallait que je prévienne mes amis !
J’essayai bien de leur parler, de leur souffler quelques mots à l’oreille, de toucher leur cœur mais, tout à leurs prières et à leurs larmes, ils ne me perçurent pas !
Ecœurée, j’eus la sensation cruelle de ne plus exister pour eux et ne pus m’empêcher de maudire tous ces êtres qui se prétendaient shamaïnen mais qui s’avéraient incapables de percevoir l’esprit errant de celle qu’ils pleuraient ! Et dire qu’à cet instant précis, ils étaient sûrement persuadés que toutes leurs pensées étaient tournées vers moi !
Je les regardai longuement, observant leurs auras qui étaient toutes larges et superbes, sauf bien sûr celle d’Innocent qui s’avérait d’un noir profond, niellée d’étranges filets violets et rouges semblables aux veines qui zèbrent le marbre. Celles de mes amis, par contre, étaient toutes parées de couleurs magnifiques rendues parfois trop vives ou trop sombres par le chagrin, l’abattement et la révolte. Je compris plus que jamais qu’il s’agissait majoritairement de personnes de valeur, des gens pleins de qualités voués au Bien corps et âme. Quel dommage qu’ils soient en train de se faire manipuler par cette brute d’Innocent et que je ne puisse rien contre cela ?
Je m’approchai de Wang-Ka qui avait une des plus belles auras qui soient : une véritable auréole d’un jaune d’or flamboyant où se mêlaient des couleurs multiples et bordée de vermillon à cause du chagrin. Une aura de feu ! Anaïak en possédait une tout aussi remarquable dans des tons légèrement plus bleus et argentés. Le signe de la sérénité. Je n’avais jamais rien eu à reprocher à Anaïak. Au contraire, il s’était arrangé pour gagner mon amitié en dépit du peuple d’où il sortait. Aussi peu compréhensifs qu’aient pu se montrer les Taïn Marrakhen, ces derniers temps, je devais bien reconnaître qu’ils étaient les deux êtres les plus éclairés de l’assemblée. Les seuls en qui je pouvais encore avoir confiance. Et tant pis pour le pugilat qui m’avait livrée, inerte, aux griffes et aux dents de l’ourse ! Dans un sens, ce fauve m’avait libérée d’une vie qui n’en valait guère la peine. Pour un peu, j’aurais presque remercié mes anciens amis de la tournure qu’avaient pris les événements !
Je me penchai donc vers eux, comme si j’avais encore été mortelle et leur glissai quelques suggestions à l’oreille. Je leur confiai ceux de mes enfants qui n’avaient pas encore acquis leur indépendance. Je les suppliai de retrouver Valentin et Amandine afin de les tirer du guêpier où leur père avait dû les envoyer. Enfin, je les mis en garde contre ce dernier, cet Innocent si mal nommé qui s’apprêtait à faire tant de mal !
Ayant enfin le sentiment que j’avais fait mon maximum pour ceux que j’aimais, je m’éloignai de l’assemblée. Cela ne me coûtait plus, à présent. Je me sentais légère, exempte de tout souci, purgée de toute rancœur, libérée de toute attache.
C’était certain : Délian-Ka n’était plus. Le pur esprit que j’étais devenu s’éloignait sans regret du corps pourrissant que les vivants avaient sans doute rendu à la Terre Mère. Plus rien de ce qui les concernait ne me rattachait à eux, maintenant. Pas même le devenir des Gardiens des Siècles ni celui de mes enfants.

Des retrouvailles inattendues.


A présent, j’avançai vers mon Destin, irrésistiblement attirée par une puissante source lumineuse qui se dressait, telle un obélisque de verre incandescent entre la terre et le ciel. Et plus je m’approchais de ce curieux phénomène plus je ressentais une profonde sensation de paix. Un sentiment que je n’avais jamais éprouvé de mon vivant.
A mesure que je me dirigeais vers la colonne de lumière, je me rendais compte qu’elle prenait forme humaine. Quelqu’un était donc là pour m’accueillir sur l’autre rive et me guider dans l’autre monde. Cela me rassura et il me sembla que je pressais le pas.
Lorsque je fus arrivée devant mon drôle d’ange gardien, je le reconnus enfin avec surprise et bonheur. Ou plutôt, je LA reconnus.
Ida Onas se tenait debout devant moi et me souriait paisiblement. Une lumière nacrée semblait sourdre de tout son être.
« - Grand-Mère Ida ! m’écriai-je stupéfié et ravie, Ça alors ! C’est toi que Moïa a désignée pour m’accueillir ! »
Elle continua de me sourire sans répondre mais tendit les bras vers moi.
« - Toutes ces allées et venues dans le passé et le futur ! soupirai-je, Je comprends enfin !
- Non, tu ne comprends rien du tout mais ce n’est pas ta faute. répondit-elle avec douceur, C’est le propre de tous les mortels. Suis-moi, maintenant. Il est temps. »
Je ne me fis pas prier et nous nous engageâmes dans le fameux Tunnel maintes fois décrit qui venait de s’ouvrir devant nous.

De l’autre côté du miroir.

Ida la Bienheureuse.


Nous avancions dans le long conduit sombre en ayant plutôt l’impression de glisser, de nager et de voler en même temps... Je n’avais de cesse de m’extasier sur ce que je voyais et ressentais mais je sentis bien vite que cela agaçait Ida et choisis de me taire ou du moins de ne pas penser puisque nous discutions vraisemblablement par télépathie. Normal quand on n’a plus de bouche, de langue ni de larynx !
Je compris alors que c’était de ce genre de réaction que venait le problème entre ma grand-mère et moi. J’avais envie de commenter tout ce que j’éprouvais mais pour ce faire, je me référais sans cesse à mon enveloppe charnelle alors qu’Ida, morte depuis longtemps était à présent bien loin de tout cela !
Sa réaction me rappelait un peu celle des savants du XXX° siècle qui nous avaient recueillis, Wang-Ka, moi et quelques autres Moharn. Ils ne comprenait pas pourquoi nous faisions sans cesse allusion à notre passé de chasseurs-cueilleurs alors que nous avions atterri en pleine civilisation, chose qui, selon eux, aurait dû nous contenter grandement et nous faire oublier tout le reste.
Avec Ida au pays des purs esprits, c’était exactement la même chose. Il y avait sans doute longtemps qu’elle ne se souciait plus de son corps et du peu de sensations qu’il était parvenu à acheminer vers sa conscience de mortelle.
Ame pure et désincarnée, elle en était arrivée à la conclusion que s’incarner pour quelques décennies dans un corps de chair et de sang était une perte e temps pure et simple ! Une expérience plutôt frustrante génératrice d’ambitions avortées et de désirs majoritairement inassouvis.
Dans un corps mortel, on éprouvait dix fois plus de souffrances qu’au royaume des morts, m’expliqua-t-elle. Et on était capable de faire dix fois moins de choses ! Pour elle, la pire des abominations était de venir au monde puisque tout nouveau-né n’était rien d’autre qu’un condamné à mort à plus ou moins brève échéance. Elle était bien mieux là où elle était !  Devenue un être longiligne et lumineux elle connaissait enfin la sérénité.
Je devinais que c’était ce que j’étais également devenue. Je me surpris à avoir envie de demander un miroir afin de voir à quoi je ressemblais, maintenant, mais me gardai bien de le faire.

La mort des âmes.


Nous atteignîmes enfin la Grande Lumière au centre de laquelle tournait la Spirale bien connue. Je m’attendais à ce qu’Elle fasse un quelconque commentaire mais ce ne fut pas le cas ou alors, je ne m’en souviens pas.
Un vortex s’ouvrit devant nous. Pour la première fois je dépassai la Lumière à moins que je ne me sois mise à En faire partie intégrante !
J’eus l’impression de me fondre dans cette lumière, de m’y disperser et de m’y perdre. D’être à la fois un simple photon et cette clarté tout entière
Puis j’eus l’impression plus nette de me fractionner en millions et milliards de petites particules. Ce n’était ni effrayant ni douloureux. Cela avait même un côté reposant.
Voilà. A présent je n’étais plus qu’une bribe de conscience. Un embryon de pensée. Un embryon suffisamment développé, toutefois, pour se poser des questions et se rendre compte qu’il n’avait pas toutes les réponses.
Est-ce vraiment ce qui se passe lorsque l’on naît et meurt ? Les âmes n’existent-elles pas ? Ne sont elles qu’une vue de l’esprit crée par les mortels ? Sont elles en fait constituées de millions et de milliards de petites particules de pensée ? Des atomes de conscience ?

Petit quart d’heure de philosophie absconse.


Si je devais aujourd’hui utiliser une métaphore pour expliquer cette théorie je dirais que lorsqu’on plonge un verre dans un grand bassin d’eau, on obtient en le ressortant un verre d’eau tout simple. Facile.
Mais si l’on vide le verre en question dans ce même bassin et qu’on le remplit de la même façon, on a un nouveau verre d’eau. Soit
Cela ne signifie en aucun cas que les deux contenus puissent être radicalement identiques ou différents. Qui pourrait prouver que certaines gouttes d’eau constituant le contenu du premier verre se trouvent - ou non - dans le deuxième ?
Cela donne-t-il à chaque verre une identité propre ? Cela fait-il d’un verre la réincarnation de l’autre ? Certes pas ! Et pourtant...
J’avais l’impression qu’avec les âmes et les embryons de conscience qui les constituaient, c’était pareil. A la mort d’un corps, ses particules de pensées se répandaient dans le sein de Moïa et lorsqu’un autre corps naissait plusieurs de ces cellules se réunissaient comme un nuage de krill pour former une « âme » et s’incarner dans ce corps-là.
Ce serait donc ça, la « réincarnation » et ce serait pour ça que l’on a des souvenirs si vagues et si rares de nos prétendues « vies antérieures » ! Parce qu’elles sont à la fois les nôtres et celles d’autres gens...
Et là, j’arrête le quart d’heure de philo parce qu’il n’y a plus que Jean-Claude Van Damme qui me comprend !
Peut-être en vérité avais-je simplement compris sans vouloir l’admettre que mon corps bien vivant m’attendait encore quelque part et que c’était précisément LUI qui était fractionné en millions de milliards de petits morceaux...

La suite des pensées hautement métaphysiques de Délian-Ka, demain !!!

 

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