mardi 18 janvier 2011

Le quatrième Homme...

Repris carrément du site Cite-sciences.fr, un article qui relate la conclusion des recherches génétiques menées sur la phalange de petite fille trouvée à Denisova... In extenso ci-dessous.
NI NEANDERTAL, NI SAPIENS, bienvenue aux Dénisoviens !
Le petit doigt vieux de 40 000 ans, trouvé en 2008 dans la grotte de Denisova au sud de la Sibérie, appartenait à une fillette d'une espèce humaine encore inconnue. C'est ce que confirme le séquençage de son génome nucléaire.

Emplacement de la grotte.
La grotte de Denisova est située dans le massif de l'Altaï, au sud de la Sibérie, une région riche en traces de peuplements préhistoriques© DR
Un an de suspens
En mars 2010, l'analyse de l'ADN mitochondrial (l'ADNmt) de ce petit bout de doigt suggérait qu'il pouvait avoir appartenu à une espèce humaine encore inconnue. Une espèce humaine qui aurait côtoyé, au moins en ces lieux et sur une longue période, les deux espèces déjà connues : Neandertal (disparu il y a environ 28 000 ans) et Homo sapiens (notre ancêtre à tous). Retrouvé dans une couche de terre vieille de 40 000 ans, le petit doigt était soupçonné d'appartenir à une lignée âgée de plus d'un million d'années. Du moins c'est ce que laissait entendre la comparaison de son ADN mitochondrial avec celui d'autres spécimens humains déjà étudiés.

La dent d’un autre Dénisovien
Cette molaire a également été trouvée dans la grotte de Denisova. L’étude de son ADN mitochondrial a montré qu’elle appartenait aussi à un Dénisovien. Cette molaire est décrite par les chercheurs comme grosse et archaïque et se différencie par son volume, des molaires des Sapiens et des Neandertal. © David Reich et al
Un nom : les Dénisoviens
Pour en avoir le cœur net, restait à interroger l'ADN nucléaire. C'est chose faite. L'équipe conduite par Svante Pääbo, de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutive de Leipzig, vient en effet d'annoncer ses résultats le 23 décembre dans la revue Nature. Une publication la semaine de Noël pour confirmer la naissance d'une nouvelle lignée humaine. Faute d'un nombre suffisant d'ossements et d'individus, les chercheurs hésitent encore à parler officiellement d'une nouvelle espèce. Mais ils parlent désormais d'un « groupe humain » auquel ils viennent de donner un nom : les Dénisoviens.
Une lointaine sœur de Neandertal
Car l'analyse de l'ADN nucléaire confirme l'originalité du petit doigt de Denisova qui appartient à une fillette de sept ans. Et dresse un arbre généalogique plus précis : la branche des Dénisoviens aurait divergé de celle qui conduit à l'homme moderne il y a 800 000 ans, et de celle qui mène à Neandertal il y a 640 000 ans. Les Dénisoviens seraient donc plus proches de Neandertal que de Sapiens.
Un métissage préhistorique
En comparant l'ADN de Denisova avec celui d'hommes modernes actuels, les chercheurs sont tombés sur un résultat inattendu. Les Papous de Nouvelle-Guinée (Mélanésiens) partageraient 5% de leur génome avec les Dénisoviens. Une affinité génétique que l'on ne retrouve avec aucun autre génome contemporain, qu'il soit africain ou européen. Après la découverte en mai 2010 de fragments issus de l'ADN de Neandertal dans le patrimoine génétique des Européens et des Asiatiques, ce résultat est une nouvelle preuve que les différentes espèces humaines ayant cohabité il y a plusieurs millénaires sur la planète, ont pu se métisser. Pour expliquer cette infime parenté des Mélanésiens avec les Dénisoviens, l'équipe de l'Institut Max-Planck dresse l'hypothèse que les Dénisoviens, loin de se cantonner aux seules montagnes de l'Altaï, auraient croisé la route de Sapiens, il y a 55 000 ans, quelque part vers le Proche-Orient. Et que les descendants issus de cette rencontre auraient traversé l'océan pour s'installer en Mélanésie, il y a 45 000 ans.
Paloma Bertrand
Mis en ligne le 12/01/11
Si vous allez à la source de l'info, sur le lien indiqué en entête de cet article, dans ma petite intro, vous pourrez voir, en prime, un diaporama que je n'ai pas réussi à intégrer ici, fatalitas !!!

lundi 17 janvier 2011

Néanderthal et Sapiens vivaient apparemment aussi longtemps l'un que l'autre !

Un autre article passionnant parlant de nos préhistoriques favoris tiré du site Hominidés.com, référence en ce domaine, repris ensuite chez Internaaze, paleoanthopologie.blogspot.com et sur le Facebook du Musée de l'Homme. 
Néandertal et sapiens : la même espérance de vie ?  
Une étude concrête des fossiles de sapiens et néandertaliens ne montre pas de différence flagrante dans l'espérance de vie des 2 espèces.  Publiée en janvier dans Proceedings of the National Academy of Sciences, une étude américaine suggère une longévité comparable chez les Néandertaliens et chez les hommes de Cro-Magnon : une thèse qui égratigne l’idée largement admise de la prédominance de sapiens en ce domaine. 
Erik Trinkaus
L’étude 
En examinant la documentation fossile disponible sur l’homme de Neandertal et sur l’homme anatomiquement moderne pour évaluer la mortalité adulte dans chacun des deux groupes, Erik Trinkaus, professeur d’anthropologie à l’Université Washington de Saint-Louis (Missouri), a globalement dénombré la même proportion d’adultes de 20 à 40 ans, ainsi que d’individus de plus de 40 ans, dans les deux populations.  La conclusion Une pyramide des âges similaire – pour les adultes – qui suggère, selon l’auteur, une mortalité similaire parmi les sujets matures. Autrement dit, une espérance de vie très comparable. Erik Trinkaus estime que si la découverte de nouveaux fossiles est susceptible de nuancer ses conclusions, elle a cependant peu de chances de les contredire. Il reconnaît néanmoins que la rareté des restes disponibles d’individus âgés – particulièrement chez Néandertal – pourrait biaiser quelque peu ces résultats.  Pas de vieillards ou pas de fossiles ? Ce manque de fossiles de vieillards Néandertaliens – et d’autres espèces humaines « archaïques » –  a du reste été constaté par nombre de paléoanthropologues, qui en avaient déduit une longévité bien moindre chez ces espèces que chez Homo sapiens : pas de fossiles de seniors car pas de seniors…  Une absence liée au mode de vie des hommes préhistoriques, propose plutôt Trinkaus : contraints à de fréquents déplacements pour subsister, ces chasseurs-cueilleurs nomades abandonnaient sans doute en cours de route les anciens, incapables de suivre, qui mourraient sur place et dont les os étaient dispersés par les charognards… Une thèse - que contredisent d’ailleurs certains indices de compassion, notamment  chez les Néandertaliens – qui s’applique tout autant à sapiens, comme le dit du reste Trinkaus lui-même. 
Fécondité et mortalité infantile 
Selon l’anthropologue de Saint-Louis, ce n’est pas l’espérance de vie qui a fait la différence entre notre espèce et Néandertal, scellant le sort de ce dernier dans la compétition évolutive qui a sans doute « opposé » les deux humanités, qui ont cohabité dans certaines régions durant de longs millénaires : "si vraiment il y a eu un avantage démographique pour les premiers hommes modernes (…) , cela doit [plutôt] avoir été le résultat d’un taux de fécondité supérieur et/ou d’une moindre mortalité infantile", conclut Trinkaus. 
F. Belnet
Sources : 
Photo d'Erik Trinkaus étudiant un crâne fossile de néandertalien. Joe Angeles/WUSTL photo 
Lire également
Et comme je l'ai d'ailleurs fait remarquer sur le Facebook du Musée de l'Homme, l'espérance de vie de l'homme ne s'est prolongée que durant le vingtième siècle et dans les pays dits développés. Pendant des siècles elle a été, et n'est encore bien souvent, hélas, que de trente à quarante ans, c'est à dire pas plus que pendant le Paléolithique !!!

dimanche 16 janvier 2011

Neanderthal's family affairs...

Un article relayé toujours par Internaaze et paru chez "Pour la Science" le 12 janvier 2011 démontre que les personnes cannibalisées à El Sidron en Espagne il y a 49 000 ans étaient toutes de la même famille, ce qui rend leur sort encore plus poignant, à mes yeux. L'article en lien ici et in extenso ci-dessous... 

Une cellule familiale chez Néandertal

Les restes de 12 Néandertaliens trouvés dans le même site du Nord de l'Espagne livrent les premiers enseignements sur le comportement familial de cette espèce humaine.
Jean-Jacques Perrier
© El Sidrón Research Team
La galerie des Ossuaires du site d’El Sidrón où ont été exhumés les fragments osseux néandertaliens.
Pour la première fois, l'histoire familiale d'un groupe de Néandertaliens a pu être reconstituée. Carles Lalueza-Fox et ses collègues de l'Institut de biologie évolutive de Barcelone ont étudié les fragments osseux de 12 individus exhumés dans le site karstique d'El Sidrón, dans les Asturies.
D'après l'analyse morphologique des fragments, tous datés d'il y a 49 000 ans, le groupe comprenait trois hommes, trois femmes, trois adolescents, dont au moins deux garçons, et trois enfants de deux à neuf ans, de sexe indéterminé. Les restes présentent en outre des marques de cannibalisme, ce qui signifie probablement que les individus ont été tués simultanément ou successivement puis dépecés par d'autres Néandertaliens (l'homme moderne n'étant pas arrivé dans la région à l'époque).
Les paléoanthropologues ont extrait des fossiles leur ADN mitochondrial, hérité de la mère, et l'ont séquencé, définissant ainsi plusieurs lignées génétiques d'origine maternelle. Ils ont aussi recherché la présence du chromosome Y, hérité du père et propre au sexe mâle. Il ressort que sept individus appartiennent à une même lignée, quatre à une deuxième, et un seul, une femme, à une troisième. Les trois femmes étaient chacune d'une lignée maternelle différente, alors que les trois hommes étaient de la même lignée, ce qui laisse supposer qu'ils étaient peut-être frères, oncles ou neveux. Deux des femmes, non apparentées aux hommes, étaient sans doute leurs partenaires, et l'une d'elles était la mère de deux des enfants. La troisième femme, de la même lignée maternelle que les trois hommes (une sœur ou une nièce ?), aurait mis au monde le troisième enfant.
© El Sidrón Research Team Une mandibule, un os de la hanche et un péroné néandertaliens trouvés à El Sidrón.
Des études d'ADN nucléaire seraient nécessaires pour affirmer ces relations de parenté. Quoi qu'il en soit, il semble que le groupe avait un comportement dit patrilocal, commun aujourd'hui : les femmes quittaient leurs clans pour intégrer ceux de leurs conjoints. Enfin, l'âge des deux jeunes frères suggère qu'ils sont nés à trois ans d'intervalle, un écart comparable à celui observé dans les populations de chasseurs-cueilleurs modernes.
Ces conclusions reposent cependant sur l'hypothèse que les individus sont morts en même temps. Cependant, il reste possible qu'ils soient décédés à différentes époques rapprochées, il y a environ 49 000 ans, et que ce soit la géologie qui ait provoqué leur rassemblement dans les sédiments de la galerie, donnant l'apparence d'un seul groupe contemporain. L'étude géologique montre en effet qu'une galerie supérieure où se seraient trouvés les corps s'est effondrée dans la galerie des Ossuaires où ils se trouvent aujourd'hui, les recouvrant alors de terre et de cailloux. Mais C. Lalueza-Fox et ses collègues ne croient guère à cette hypothèse, notant que « l'accumulation récurrente au cours du temps d'individus victimes de cannibalisme et qui étaient apparentés par la lignée maternelle semble moins plausible ».

Pour en savoir plus

C. Lalueza-Fox et al., Genetic evidence for patrilocal mating behavior among Neandertal groups, PNAS, vol. 108, pp. 250-253, 2011.

L'auteur

Jean-Jacques Perrier est journaliste à Pour la Science.
Ces gens ont-ils été vraiment cannibalisés ou ont-ils subi des funérailles en plusieurs étapes, avec nettoyage des os après cuisson pour les mieux décharner sans qu'ils soient consommés, comme cela s'est parfois vu chez certains peuples dits traditionnels ? Et s'ils ont été cannibalisés, étaient-ils d'une tribu rivale, ceux qui ont fait ça, ou bien de la même bande, mais il faisait faim, alors on a éliminé la famille la plus faiblarde... La dernière hypothèse est quand même franchement horrible, même si ce type de comportement s'est déjà vu chez les hommes modernes... C'est vrai que autres temps, autres mœurs, mais tout de même, c'est franchement rude pour cette malheureuse famille ! S'il s'agit d'une scène cannibalique causée par un autre clan, ou même la même tribu, quel effroi ont-ils dû vivre, les malheureux ! Voir leurs semblables se tourner contre eux et les considérer dorénavant comme le casse-dalle du jour... Et les gamins ? C'est vraiment terrible, ça, de manger des gamins ! Nos ogres de contes de fées ont peut-être une bien lointaine origine et ils ont laissé un souvenir inconscient... Certes, ce n'était qu'un être humain avec des qualités et des défauts, des faiblesses et des forces, comme nous, Néanderthal, mais là, on peut dire qu'il a fait très fort ! Aussi bien que certaines tribus plus récentes... C'est le côté sombre de l'humain et de son histoire... Et ce côté-là, on aimerait bien qu'il n'ait jamais été découvert...   

mardi 11 janvier 2011

Après les volcans, une variation du champ magnétique terrestre aurait entraîné la disparition de Néanderthal !!

Décidément, rien ne sera épargné à notre cher préhistorique ! Internaaze en parle chez lui, et j'ai retrouvé l'article source sur le site du CNRS. D'ailleurs, voici aussi le lien qui mène vers l'article original http://www.insu.cnrs.fr/a3662,disparition-homme-neandertal-anomalie-champ-magnetique.html
et ci-dessous, in extenso, la copie dudit article...
Néandertal et anomalie du champ magnétique. Lien causal ou coïncidence?
[07-01-2011]
Les variations importantes du champ magnétique terrestre au cours du temps ont-elles pu affecter la protection de la biosphère contre les rayons cosmiques? L'article publié par deux chercheurs de l'IPGP (CNRS-INSU, PRES Sorbonne Paris Cité) et du LSCE (CNRS-INSU/IPSL, CEA UVSQ) dans Quaternary Science Reviews ne peut qu'intriguer. Ils montrent que la disparition progressive des Néandertaliens s'est produite lors d'une période de très faible intensité du champ géomagnétique (durant laquelle le champ s'est même renversé). S'agit-il d'une coïncidence ou doit-on y voir un lien causal? Pour les auteurs la baisse de l'intensité du champ agissant sur la chimie de l'atmosphère n'a pas pu être sans effets. 

Régions occupée par Neanderthal à différentes époques. © Actualisée d'après Bocquet-Appel and Demars, 2000.
Les causes de la disparition de l'homme de Néandertal restent très controversées. La compétition avec l'homme moderne qui arrive à cette époque sur les territoires européens occupés par Néandertal est souvent évoquée, mais la cohabitation des deux populations reste encore à établir. Un autre scenario met en avant les effets d'un épisode climatique froid de brève durée, mais les Néandertaliens ont subi d'autres changements climatiques plus sévères durant les 250 000 années de leur existence.
Aujourd'hui, grâce à la calibration des âges carbone 14 (prenant en compte les variations de la production du 14C dans la haute atmosphère), les auteurs démontrent que la disparition des Néandertaliens qui a eu lieu de façon progressive, peut être située entre 41 et 34 000 ans avant le présent. Or, à cette époque il s'est produit un phénomène exceptionnel qui a pu avoir des conséquences importantes sur l'évolution des Néandertaliens

Courbe de la paléointensité du champ magnétique au cours du temps. © Valet et Valladas 2010.
Il est maintenant bien établi que le champ magnétique terrestre était très faible, jusqu'à atteindre une valeur environ 10 fois inférieure à sa valeur actuelle il y a 40 000 ans, date à laquelle il s'est même inversé, l'aiguille de la boussole pointant alors vers le sud. Cet épisode, appelé l'événement du Laschamp a vraisemblablement duré quelques centaines d'années, voire davantage. Il s'est reproduit quelques milliers d'années plus tard avec l'événement Mono Lake daté à 33 000 ans. Mais durant tout cet intervalle le champ est resté relativement faible. La coïncidence de cette longue période de champ faible avec la diminution progressive de la population Néandertalienne est troublante. Qu'a-t-il pu se passer?
Comme le rappellent les auteurs, l'intensité et la structure du champ magnétique terrestre contrôlent la forme de la magnétosphère, c'est-à-dire de l'enveloppe magnétique qui nous protège des rayonnements galactiques et cosmiques. Ces derniers sont aussi fortement atténués par l'atmosphère de telle sorte qu'ils ne représentent en principe pas un réel danger. Mais l'affaiblissement de l'écran magnétique permet aux protons émis pendant les éruptions solaires, de pénétrer plus profondément dans les couches de l'atmosphère où ils engendrent alors des réactions chimiques en cascade qui aboutissent notamment à la formation d'oxyde nitrique, substance qui détruit la couche d'ozone. Ces réactions ne sont pas limitées aux régions polaires mais se produisent jusqu'aux latitudes moyennes.
Les Néandertaliens qui étaient répartis sur le territoire européen ont donc dû faire face à un accroissement de la production d'UV-B pendant une longue période avec des pics importants lors des éruptions solaires. Les impacts sur la santé liés à l'exposition aux UV-B sont multiples et bien connus. On connaît aussi les effets engendrés par le trou d'ozone intermittent actuel par les nombreuses études sur la population de la pointe du Chili, notamment pour la ville de Punta Arena. Les statistiques indiquent un accroissement important des tumeurs et cancers de la peau y compris des mélanomes malins, mais aussi des effets notables sur la vue et le système immunitaire, en particulier chez les enfants.
Selon des études récentes, l'homme de Néandertal avait une peau claire et une pilosité analogue à la nôtre qui l'ont certainement rendu vulnérable aux effets délétères de ces expositions. Ainsi, ces événements géomagnétiques peuvent avoir progressivement provoqué ou, en tout cas, contribué à son extinction. Quant aux hommes modernes, leur survie tient sans doute au fait qu'ils étaient plus nombreux et répartis dans des zones géographiques variées, notamment dans les basses latitudes non affectées par la diminution d'ozone.
Source :
The Laschamp-Mono lake geomagnetic events and the extinction of Neanderthal: A causal link or a coincidence? Valet, J.-P., Valladas, H.,Quaternary Science Reviews (2010), doi:10.1016/j.quascirev.  2010.09.010
Contacts :
Jean-Pierre Valet, IPGP (CNRS-INSU, PRES Paris Sorbonne Cité)
Hélène Valladas, LSCE (CNRS-INSU/IPSL, CEA, UVSQ
Ma foi, pourquoi pas ? Mais si ça a fait disparaître Néanderthal, pourquoi ça n'aurait-il pas eu d'incidence sur les autres hommes, encore plus fragiles physiquement que les bons vieux trapus ? Parce que l'inversion des pôles, ou du moins, la grande baisse du bouclier magnétique a dû se ressentir sur tout le globe, hein... Et ça aurait dû aussi entraîner la disparition des mammouths, des rhinos laineux et autres, or ceux-là ont disparu bien plus tard... Pourquoi deux poids, deux mesures, et une fois de plus, en travers du torus sus-orbitaire de notre vieux copain ? Ah, on est content, qu'il ait disparu, c'est à croire ! Le pauvre ! En tout cas, c'est TRÈS BIEN qu'il survive un tout petit peu à travers les Eurasiatiques, na ! Oui, je sais, mes commentaires sont fort peu académiques, mais je confesse une très grande tendresse pour cet ancêtre-là, défouloir de toute la paléo-anthropologie depuis que cette discipline existe... Comme Victor Hugo, "j'aime l'araignée et l'ortie parce qu'on les hait.". Un vieux côté Don Quichotte, moi ? Vous croyez ?   

dimanche 9 janvier 2011

Martha Wash - I Don't Know Anybody Else (Hurley's House Mix)


Un remix peu connu de cette vieille chanson de Black Box que j'adore... Régalez-vous, et bises. Meilleurs voeux, vous tous, au fait !

dimanche 2 janvier 2011

Qui était l'homme de Denisova ?

Une trouvaille un peu ancienne, peut-être hors contexte archéologique, vient à nouveau bouleverser notre connaissance de l'histoire humaine. Cet article de "La Croix", trouvé sur le site Paléoanthropologie, cité en lien ici et in extenso ci-dessous apporte quelques précisions qui n'étaient pas présentes dans de précédentes dépêches... 
  28/12/2010 10:49

L'homme de Denisova en débat chez les paléontologues



Des généticiens affirment avoir découvert un « nouvel » hominidé, ni néandertalien ni homme moderne, mais présentant une petite parenté génétique avec les actuels Mélanésiens

Des touristes russes devant la grotte de Denisova où des restes d'hominidés ont été identifiés (Photo : Nicolaï Chuvaev/CC/ Wikicommons ).

« Out of Africa », et après ? Que s’est-il exactement passé depuis que les hommes préhistoriques ont quitté l’Afrique pour gagner le Moyen-Orient, puis l’Eurasie et, enfin, ont probablement pris des chemins divergents, les uns se dirigeant vers l’Asie, les autres vers l’Europe ?

Les hypothèses vont bon train parmi des paléontologues après la découverte, en 2008, d’une phalange et d’une dent, par les archéologues russes, dans la grotte de Denisova, au sud de la Sibérie, dans les montagnes de l’Altaï.

Ainsi, en mars dernier, les paléogénéticiens emmenés par Svante Pääbo de l’institut Max-Planck d’anthropologie de l’évolution à Leipzig ont-ils annoncé dans la revue Nature la découverte d’un hominidé inconnu, « l’homme de Denisova » (1).

5% de gènes communs avec les Mélanésiens

Ni néandertalien ni homme moderne, d’après le séquençage de l’ADN mitochondrial (ADN uniquement transmis par la mère) d’une phalange, ce spécimen, d’après la datation d’échantillons du sol de la grotte où des fragments de son squelette ont été trouvés, aurait vécu il y a 30 000 à 48 000 ans.

Localisation de Denisova, au sud de la Sibérie.

Surpris, Svante Pääbo avait alors dit qu’il fallait attendre le séquençage de l’ADN du noyau des cellules osseuses (ADN résultant du mélange des patrimoines du père et de la mère) pour affirmer s’il s’agissait d’une nouvelle espèce ou d’un simple lignage différent.

Voilà qui est chose faite, ou presque. Le séquençage du génome des cellules osseuses montre, selon les chercheurs, qu’il s’agit d’une femme et qu’elle présente une parenté avec l’homme de Neandertal. Ce « nouvel » hominidé n’a pas, à la différence des Néandertaliens, contribué au patrimoine génétique des Eurasiens modernes mais a 5% de gènes communs avec les populations actuelles de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Mélanésie. Cela laisse penser qu’il y a eu des croisements. « Le fait que les Denisovans aient été découverts dans le sud de la Sibérie et aient contribué au patrimoine génétique des populations modernes de Nouvelle-Guinée montre que la présence de ce groupe pourrait avoir été étendue en Asie depuis la fin du pléistocène (NDLR : entre –130 000 et –10 000 ans) », selon David Reich, professeur à l’université Harvard (Massachusetts), coauteur de l’étude.

Pour Svante Pääbo, « la combinaison du génome de l’homme de Neandertal et de celui du Denisovan révèle la complexité des interactions génétiques entre nos ancêtres et les différents groupes d’hominidés anciens ».

Cette découverte laisse toutefois perplexe certains préhistoriens. « L’ADN daté de 30 000 à 48 000 ans ne concorde par tout à fait avec les outils de pierre trouvés sur place », observe Marylène Patou-Mathis, préhistorienne spécialiste de Neandertal (2).

«Nous sommes prudents»

Pour Marcel Otte, préhistorien à l’université de Liège, qui a fouillé la grotte, « la chronologie n’est pas très fiable car le sol de la grotte s’est affaissé et, surtout, on n’a pas encore analysé des milliers de données paléontologiques et archéologiques. L’hominidé de Denisova pourrait être un homme moderne asiatique, mais cette idée est mal considérée par la communauté scientifique occidentale », conclut-il.

En d’autres termes, « sans remettre en cause la pertinence de l’ADN, nous sommes prudents et plaidons pour que la paléontologie humaine reste un domaine pluridisciplinaire et s’appuie davantage sur d’autres éléments, comme d’autres os, humains et animaux, et, surtout, des traces d’activité humaine », insiste Marylène Patou-Mathis.

Denis SERGENT

(1) Pour certains paléogénéticiens, il existe quatre espèces d’hommes : Neandertal, l’homme moderne (Homo sapiens), l’homme de Florès et l’homme de Denisova.
(2) Auteur de Mangeurs de viande, Belin, 2010.
Nos amis généticiens, préhistoriens et anthropologues, archéologues, ces experts du passé, ces Sherlock Holmes des temps révolus ont encore pas mal de travail, semble-t-il, pour savoir qui était le cadavre sur la scène du crime, et trouver comment il pouvait bien vivre, ce qu'il avait vécu et tant d'autres choses encore... Mais ces outils qui ne correspondent pas aux restes bien maigres retrouvés posent la question de l'exactitude des datations et de la façon dont les fouilles ont été menées, de l'interpénétration des couches archéologiques par quelque contamination issue d'une couche antérieure ou postérieure à celle des vestiges humains, entre autres... Qui est allé saboter la scène de crime ? Ils vont devoir refaire toutes les datations à mon avis pour savoir ce qu'il en est !!!   

samedi 1 janvier 2011

Fruits et légumes cuits au menu de Neandertal - LeMonde.fr

type="text/html" width="640">uits et légumes cuits au menu de Neandertal - LeMonde.fr
Article en lien ci-dessus reproduit in extenso ci-dessous. Quelques précisions précieuses ont été apportées par Marylène Patou-Mathis dans cet article qui éclaire on ne peut mieux l'image du mythique ancêtre. Merci, Marylène !!! 
Récit

Fruits et légumes cuits au menu de Neandertal

LEMONDE | 31.12.10 | 17h12  •  Mis à jour le 31.12.10 | 17h12
Illustration pour la couverture de l'édition jeunesse d'Ao, le dernier Néandertal, le roman de Marc Klapczynski, aux éditions Aubéron. © Emmanuel Roudier.

A chaque découverte des gratteurs de fossiles, l'homme de Neandertal, notre lointain cousin disparu voilà 30 000 ans, se rapproche un peu plus de nous. Etude après étude, ses oripeaux de rustre mal dégrossi, grand dévoreur de viande aux manières primitives, tombent en lambeaux. Laissant apparaître un homme différent mais, sur bien des plans, pas moins "civilisé" que Sapiens. Auquel, on le sait depuis peu, il a du reste transmis par croisements une petite partie de son patrimoine génétique.
Le travail d'une équipe de paléoanthropologues de Washington et de Panama, publié dans les comptes rendus de l'Académie des sciences américaine (PNAS) du 27 décembre, apporte une nouvelle pierre à cette réhabilitation. Il montre que Neandertal, tout comme l'homme moderne, se nourrissait aussi de plantes et de fruits. Mieux encore, qu'il les cuisait. Et que ces pratiques impliquaient une grande faculté d'adaptation.
Notre parent archaïque a longtemps été réputé avoir une alimentation presque exclusivement carnée, que lui fournissait la chasse des grands mammifères. Il ne goûtait guère, pensait-on, le petit gibier (plus difficile à capturer), les poissons et les coquillages, ni, surtout, les végétaux. Ce régime peu diversifié est l'une des explications parfois avancées pour expliquer pourquoi, après avoir peuplé l'Europe et une partie de l'Asie pendant près de 300 000 ans, il s'est lentement effacé devant l'homme moderne - c'est-à-dire nous -, capable de tirer davantage de calories de son environnement.
Des indices de l'utilisation de végétaux avaient déjà été repérés sur plusieurs sites néandertaliens. Sans que leur présence dans les sédiments puisse être formellement associée à leur consommation.
Cette fois, les chercheurs ont trouvé des témoins irréfutables : sept dents (trois molaires, deux prémolaires, une canine et une incisive) appartenant à trois squelettes retrouvés dans deux dépôts de restes néandertaliens bien connus. Le premier en Irak, dans la grotte de Shanidar, sur les contreforts des monts Zagros. Le second en Belgique, dans la grotte de Spy, dans la province de Namur. Deux sites dont les ossements sont respectivement datés de 46 000 et 36 000 ans.
Ces dents sont couvertes de tartre (ou calcul) et, décrivent les auteurs, ces dépôts calcifiés sont de très efficaces pièges à particules alimentaires microscopiques, parfaitement conservées. De minuscules fragments de ces plaques dentaires ont été prélevés, passés dans une microcentrifugeuse et examinés au microscope. Résultat : ils recèlent des grains d'amidon et des phytolithes (concrétions de cellules végétales) provenant de différentes plantes, graines et fruits. On y trouve notamment des résidus de dattes, de légumineuses, de graminées (dont des variétés proches de l'orge actuel et du sorgho), ainsi que de rhizomes (partie souterraine de la tige) de nénuphars.
"On savait déjà, par les analyses biochimiques, que les néandertaliens - comme d'ailleurs les premiers Sapiens - se nourrissaient principalement de viande, mais pas uniquement. Aucun individu n'a une alimentation à 100 % carnée", commente Marylène Patou-Mathis, archéozoologue au Muséum national d'histoire naturelle de Paris et spécialiste de l'alimentation préhistorique. Mais c'est la première fois qu'est apportée une preuve directe que les végétaux figuraient aussi au régime de ces omnivores.
Ce n'est pas tout. L'inspection dentaire montre que beaucoup de ces résidus ont subi des transformations dues à une cuisson. Les végétaux, pensent les auteurs, devaient être bouillis dans l'eau plutôt que grillés sur les braises.
Pour Marylène Patou-Mathis, il ne s'agit pas d'une surprise : "Neandertal maîtrisait le feu et les ossements animaux retrouvés dans de nombreux foyers attestent qu'il savait cuire la viande", rappelle-t-elle. La démonstration est faite qu'il procédait de même pour l'accompagnement de légumes.
Ces conclusions sont d'autant plus marquantes qu'elles proviennent de deux sites géographiquement très éloignés, aux contextes environnementaux et climatiques différents. Et de deux groupes de néandertaliens bien distincts, l'un proche-oriental, l'autre occidental. Elles appellent bien sûr une certaine prudence, trois individus et sept dents ne constituant pas un échantillon représentatif de toute une population.
Pour les auteurs, il est clair néanmoins que Neandertal faisait preuve de "sophistication" dans son régime et "consacrait du temps et de l'énergie à préparer des aliments à base de végétaux, pour les rendre plus comestibles et améliorer leurs qualités nutritionnelles". La cueillette de ces différentes plantes nécessitait, en particulier, des déplacements saisonniers de campement, comme l'exigeaient aussi les migrations des animaux sauvages. Si bien que "l'exploitation de ces espèces végétales ne serait pas une stratégie nouvelle développée par les premiers hommes modernes, devenus par la suite cultivateurs".
Reste alors, puisque leur alimentation n'est pas en cause, le mystère de la disparition des néandertaliens. Pour Marylène Patou-Mathis, ils auraient été victimes d'une démographie insuffisante pour le vaste territoire qu'ils occupaient. Pacifistes et écologistes avant l'heure, respectueux peut-être d'une "cosmogonie" qui les rendait peu combatifs, ils se seraient repliés devant l'avancée de Sapiens, jusqu'à s'éteindre. Protéines végétales ou pas.
Pierre Le Hir Article paru dans l'édition du 02.01.11
Comme me l'a si bien dit Marylène Patou Mathis avec un humour redoutable, via un commentaire sur Facebook où je parlais déjà de cette information, les Américains apprennent aux Français des tas de trucs sur la préhistoire !
Or, en matière de Néanderthaliens l'éminente scientifique pourrait largement leur en remontrer, et heureusement qu'elle a précisé certains points de détail sur cette "nouvelle" qui n'en est pas vraiment une, aux gens du Monde et partant à tous les lecteurs qui veulent bien s'intéresser à la Préhistoire et à cet ancêtre-là en particulier qui, au fur et à mesure s'avère de plus en plus notre proche, notre frère d'outre-temps, quelqu'un d'intelligent, et qui manque au paysage, même si les découvertes récentes le ressuscitent virtuellement pour lui donner enfin un visage pleinement humain ! Un humain si proche et si différent en même temps, mais sûrement quelqu'un qui devait être très intéressant à connaître et à rencontrer à l'époque de son vivant ! Merci encore, le Monde et Marylène Patou-Mathis !